Cinéma coréen des années 2000 - policiers
Le plus compliqué avec les films policiers coréens, c'est d'abord d'en trouver 10. Ensuite, d'en trouver 10 bons. Ces dernières années, avec le succès de
Memories of Murder (2003), on en a vu un peu plus, notamment
Seven Days (2007), ou
Voice of a Murderer (2006), mais globalement, rien de bien transcendant. Même si les histoires sont souvent intéressantes (je pense à
A World of Silence (2006),
Beautiful Sunday (2007) ou
La Sixième Victime (2000)), les films peinent à se démarquer dans la réalisation pour montrer quelque chose de vraiment original. Mais vous allez voir, il y a quand même des petites perles non négligeables.
De plus en plus méc
onnu,
Wild Card est assez intéressant dans le sens où il ne se passe finalement pas grand chose, donc est très révélateur de la police en Corée, qui n'a pas grand chose à faire à part attraper des petits criminels. La PJ locale se fend donc de planques, de filatures, tout un tas de procédures ennuyeuses mais tellement réelles. De ce point de vue,
Wild Card est particulièrement audacieux, et on se dit que le film est sauvé par l'apport d'une certaine touche humoristique pour palier à la lenteur du scénario.
YU Ha sait mettre en scène des gangsters. Très cru, très violent, ce
Dirty Carnival force le destin de gangsters cherchant pourtant à montrer l'honorabilité de leur profession, jusqu'à ce que cela tourne mal. Très bonne interprétation de
CHO In-Seong et réalisation excellente font de ce film de
YU Ha l'un des meilleurs en la matière.
Il fallait bien mettre un film fantastique, au moins un, et c'est incontestablement celui que je préfère en Corée. Un suspense vraiment bien rendu grâce à un rythme lent, une bande sonore oppressante, une musique magnifique de
KAWAI Kenji, et un palette d'acteurs impressionnants, notamment
SONG Kang-Ho et
PARK Hee-Sun. Le scenario étant signé de la main de
BONG Joon-Ho et
LEE Hae-Jun, il ne fallait pas s'attendre à moins.
The Show Must Go On
vient en contre poids de tout ce que l'on voit généralement en matière de films de gangster. Il supprime tout l'aspect glamour de ces hommes de la pègre pour les humaniser complètement. Ici, le personnage – formidablement – campé par
SONG Kang-Ho est un malfrat, mais pas du type fier de cela ; il est plutôt misérable, veut quitter la pègre, a des rêves de Coréen normal, dont la famille part vivre au Canada sur son salaire, comme beaucoup de familles coréennes. Finalement, au milieu d'une histoire de gang, on retrouve un homme attachant, car si proche de nous.
Ici, c'est toute la trilogie dont il faut parler, tant le personnage évolue dans ces trois films. Kang Cheol-jung, le policier charismatique et peu regardant des règles, est l'unique de ce genre en Corée ; une sorte de Dirty Harry sans le glamour mais avec la hargne du type qui veut aller au bout quelqu'en soit le prix. Un rôle fabuleux tenu par
SEOL Gyeong-Gu, un second rôle de luxe pour
KANG Shin-Il, et trois méchants totalement différents qui donnent de l'impact à chacun de ces opus.
Thriller teinté de critique politique,
The Chaser est également le premier film de
NA Hong-Jin. Un peu comme dans
Memories of Murder, il décrit une enquête de police complètement paralysée par des problèmes extérieurs, alors que le coupable est arrêté et que les preuves ne sont pas difficiles à trouver. Sur une réalisation nerveuse,
The Chaser coupe vraiment avec ce qu'on a l'habitude voir en matière de thriller coréen. Très prenant d'un bout à l'autre, il n'y a finalement qu'à déplorer sa chute bien trop longue et ennuyeuse. Autrement, il s'agit d'un excellent film, presque inévitable.
De la trilogie de
PARK Chan-Wook, je préférais garder celui-ci (au moins deux des trois auraient eu leur place ici), parce qu'à mon sens le plus réussi en terme d'ambiance et d'esthétique, dans la mesure où il ne cherche pas l'excès dans chacun de ses plans, mais plus à faire partager le sentiment d'oppression de ses personnages. Ajouter à cela une palette d'acteurs géniaux (normal chez
PARK Chan-Wook) et un scénario vraiment béton (normal aussi), et ce
Sympathy for Mr Vengeance reste l'un de ses films les plus réussis.
Un film d'espionnage. Si si. Un film d'espionnage coréen. Je suis surpris que, étant donné la situation géopolitique du pays, il n'y en ait pas plus. Même
Shiri est un phénomène à mon sens. Rares sont les Coréens se lançant dans l'aventure – certes périlleuse – du film d'espions, mais il faut reconnaître que celui-ci est particulièrement réussi. En contrepoids total de
Shiri, il montre une image de l'espionnage tel qu'il apparaît plus logique ; pas d'esbroufe d'action à tout va, mais un jeu insidieux de taupes et de traquenards, de patience et de suspense. Beaucoup le décrient par sa lenteur, mais c'est à mon sens cette lenteur, et le jeu de
HAN Seok-Kyu, qui font la réussite de cette oeuvre.
En parlant de la Corée du Nord,
PARK Chan-Wook s'est également lancé sur le sujet. Sans être un film d'espionnage,
JSA est bien un thriller politisé, où les gardes frontières nord-coréens n'apparaissent pas comme des monstres assoiffés de sang mais des hommes comme les autres, aidant une personne en danger, même s'il est de l'autre bord. Une trame scénaristique originale et – encore – un casting impeccable font de ce film le meilleur de
PARK Chan-Wook et l'un des meilleurs films coréens de la décennie.
Ce film de
BONG Joon-Ho, est souve
nt vu comme son chef d'oeuvre absolu. Un film extrêmement riche, d'un point de vu cinématographique et politique. On y suit la lutte de deux policiers pour trouver un tueur en série qui échappe aux mailles du filet alors que les indices sont omniprésents, mais personne n'est foutu de les interpréter.
Memories of Murder, c'est le combat entre l'ancienne et la nouvelle méthode, le remède de grand-mère et la communauté scientifique, et la chute n'en est que plus acerbe.