Inutile de résister....
.... L'esprit du malin distille ses intentions prophétiques dans le coeur aisément corruptible des seigneurs qui viennent à se perdre dans le labyrinthe de leurs soupçons.
Les portes du chateau de l'araignée s'ouvrent et le chemin y est aussi obscure que limpide.
"Vous avez été envoûté par cette sorcière... Vous taillez le réel selon la prédiction et vous dites que c'est la prophétie, ce n'est que de la folie !"
Trop tard mon fils, notre perfidie ne nous mènera qu'à l'autodestruction...
Même les plus humbles se passent le mot : "les rats quittent le chateau avant qu'il ne prenne feu !"
Le vent souffle, l'orage se déchaîne, le malin rit à gorge déployé, Toshiro Mifune explose ses cordes vocales, son corps tendu trépigne et bondit tel un animal ce qui ne pourra empêcher la forêt de l'Aragne d'approcher et les flêches de la pénitence de frapper.
La passion démoniaque les aura finalement emportée tout comme ce McBeth japonais vous emportera si vous passez outre la lenteur contemplative et la volonté chère à Kurosawa de nous prendre par la main tels des enfants.
Un classique, beau et intelligent, mais qui manque parfois un peu de rythme.
Kurosawa, grâce à ce film, a réussi à démontrer que l'oeuvre de Shakespeare est vraiment universelle et intemporelle, puisque Macbeth se déroule ici au Japon au XVIème siècle! Le film commence, dans un vieux noir et blanc, par la prédiction de l'oracle au personnage joué par Toshiro Mifune: selon lui, il hériterait du trône du conté! Mais les choses ne se passent pas vraiment comme prévu et, avec le soutien de sa femme (ou plutôt son influence), il va être contraint de tuer leur rival. C'est une erreur car l'ombre du mort va sembler planer au-dessus du royaume, provoquant guerre et folie meurtrière.
On retrouve les thèmes chers à Kurosawa - l'ambition, le pouvoir et leurs conséquences parfois dramatiques, le rôle important de la femme dans les décisions importantes - dans ce classique qui n'est pourtant pas selon moi le film le plus intéressant de ce grand cinéaste. J'ose même blasphémer et choquer: il m'est arrivé de décrocher plusieurs fois pendant sa vision... Peut-être était-ce la fatigue, mais peut-être aussi était-ce la trop grande complexité, la trop grande dimension psychologique et symbolique de l'oeuvre, qui je l'avoue m'ont quelque peu échappé. Cela dit, ça n'est pas pour cela que ça en fait un mauvais film, loin de là!
un grand Kurosawa plein de bruit et de fureur
Cette adaptation de Macbeth est une grande réussite. La culture japonaise (fantômes japonais annonçant à Washizu sa destinée, musique et ambiances empruntées au théâtre japonais) se marie bien à l'univers de Shakespeare. Les scènes de bataille sont comme à l'habitude sublimes et baignent dans un brouillard qui reflète la confusion morale de son temps. Toshiro Mifune rend par l'outrance de son jeu le cauchemar mégalomane de Washizu. L'image récurrente chez Kurosawa du cheval prend ici tout son sens: le cheval refuse à son cavalier d'enfourcher sa monture comme s'il pressentait l'embuscade.
Au final, ce film plein de bruit et de fureur rend superbement hommage à Shakespeare. Il est aussi un témoignage de la virtuosité des asiatiques pour adapter des oeuvres occidentales à la réalité locale.
MacWashizu !
Le château de l'araignée, oeuvre riche à tout point de vue, est une adaptation "libre" de MacBeth. Kurosawa y change plusieurs aspects afin de le rendre plus crédible à l'univers japonais, à ses valeurs et traditions.
Conte fantastique, véritable pièce de théâtre, ou bien grand film d'aventure sur "les pleins pouvoirs", le château de l'araignée reste un grand film épique. Sublimement réalisé, teinté de poésie et de tragédie à l'ancienne, un formidable récital de tout ce qui fait la force de Kuro' : Une esthétique extrêmement travaillée, teintée d'onirisme (on pense à la vielle sorcière tisseuse comme l'araignée, au brouillard aveuglant, à la forêt) et de réflexion.
Comme d'habitude, Toshiro Mifune campe le rol du nerveux, du grand chef. Dans la peau de Washizu, personnage guère atypique, gueulard, vicelard et grand tacticien, il mènera troupes au combat avant de se faire lyncher par ces dernières pour "mensonges".
La forêt a prit le dessus, du moins c'est ce qu'on essaie de faire croire aux troupes de Washizu (scène incroyablement bien réalisée), en avançant vers le château telle une légion de centurions.
Valeures, traditions (la scène du sake, un grand moment), grandes histoires fantastiques nippones (la sorcière voyante, la fausse forêt "vivante") se chevauchent dans un élan quasi lyrique où les quelques rares scènes de combat laissent place à une profondeur fondamentale intéressante (la longue discussion avec la femme de Washizu, les récits de la sorcière...).
Le château de l'araignée demeure une oeuvre subtile, un des films les plus importants de Kurosawa et du cinéma japonais classique
Je suis le seigneur du château
Superbe re-appropriation du texte de MacBeth, Kurosawa reste fidèle à son propre univers, tout en intégrant le modèle européen à ce qui pourrait passer pour une légende typiquement japonaise.
L'habile retranscription, la superbe prestation des acteurs, la nouvelle mise en scène pleine d'audace (ici quasiment statique pour renforcer la l'ambiance) et les décors hallucinants font de cette adaptation une grande oeuvre.
Présageant par ses scènes de bataille et illustrations graphiques les différents parties le futur "Ran", Kurosawa confirme donc sa propre évolution au sein de sa filmographie.
Superbe spectacle qui en démontre à bien d'autres réalisateurs de la même époque.
Hommes au destin pitoyable...
Aux détriment des séquences de batailles spectaculaires, Kurosawa préfère ici s'attarder sur la dimension psychologique de ses personnages. Tout en transposant le mythique MacBeth de Shakespeare dans les contrées qui lui sont inhérentes (la tragédie d'origine, selon ses propres aveux, ne se trouvait qu'à quelques encablures de l'histoire japonaise traditionnelle de la même ère, d'un point de vue évidemment très global), il visite la destinée d'un seul homme, de son ascension jusqu'à son inexorable et fulgurante chute. Par moments, l'on se croirait ainsi presque dans un
Scarface (cru 1983) d'avant-garde, où Washizu se voudrait un - vague - reflet de Tony Montana parmi les samouraïs. Mais n'usons guère plus longtemps de telles comparaisons entre des œuvres aussi diamétralement opposées dans leur forme, dans leur époque et dans la culture qu'elles représentent. La réalisation brille, une fois n'étant pas coutume, de mille feux: des impressionnants travellings latéraux dans la forêt de l'Araignée aux plans fixes intérieurs où les alternances de silences feutrés et de crises d'hystérie de Washizu jouent avec nos nerfs, parfois à la limite du supportable, en passant par les quelques trouvailles esthétiques éblouissantes de beauté et d'originalité (à ce titre, la dernière scène des manifestations de l'Esprit Malin dans la forêt ainsi que celle illustrant les vestiges du château nappées de brouillard laissent bouche bée de par leur sophistication visuelle),
Le Château de l'Araignée témoigne avec force du grand souci de perfection technique qui fit, incluant d'autres raisons, l'impressionnante renommée de Kurosawa tout au long de sa carrière. Et Toshirô Mifune. Quel comédien, quel homme ! Dans la peau de MacBeth, ou davantage celle du cousin spirituel de celui-ci, l'acteur fétiche du cinéaste a rarement été aussi bon. Volubile, coléreux, d'abord valeureux puis lâche, traître, névrosé et paranoïaque, il nous livre un jeu époustouflant de bout en bout qui culminera lors d'un final par ailleurs dantesque et des plus définitifs. Un grand film sur la quête de puissance et un très bon Kurosawa qui, malgré certaines lenteurs potentiellement évitables, demeure décidément en haut du panier de la filmographie du sensei.
Le film est un peu trop theatral à mon gout, mais ce n'est pas un hasard, puisque c'est une adaptation de Mac Beth, et il faut avouer aussi que Toshiro Mifune est impressionnant dans son interprétation, justement théatrale.
Kurosawa sait exactement où il va, et il nous amene à un final magistral !
Un bon Kurosawa, le premier à voir pour avoir une idée de son oeuvre (spoiler)
Superbe adaptation de la pièce Mac Beth de Shakespeare. Kurosawa réussit à montrer grâce à se film que les classiques de la littérature européenne dépassent les clivages culturels orient/occident.
C'est mac beth avec les personnages et le modes de vie du japon féodales :
Samouraï, seigneur de guerre, félon etc..
Quiconque connait la pièce, connait l'histoire, le coup de génie de Kurosawa vient de sa mise en scène, le brouillard et les cris étranges des corbeaux montrent bien le climat malsain du chateau et de la foret. Autre coup de force, la fôret qui bouge, on se demande comment et on a la solution à la fin. De plus Toshiro Mifune est excellent dans le rôle de Washizu/Macbeth un homme droit et fidèle qu'une prédiction et le gout du pouvoir rend fou (son regard est plus éloquent que n'importe qu'elle tirade), et Celle qui interpréte Lady Macbeth est tout aussi douée, aussi manipulatrice que dans la pièce, avec une gestuelle elle exprime mieux qu'avec des paroles sa soif de pouvoir.
Enfin, dans la scène finale, Toshiro Mifune ressemble à un personnage de Fukasaku, il encaisse les flèches sans hurler comme un damné.
le chateau de toshiro
chaque mots, gestes, paroles ,cris, hurlement de toshiro mifune est un regal. je n'ais jamais vu un acteur avoir autant d'impact sur un film que mifune. "le chateau de l'arraigné" est un bon film , mais c'est pas un chef d'oeuvre, le chef - d'oeuvre c'est toshiro mifune qui a lui seul(et un peu son épouse aussi) nous gratifie d'une prestation tout simplement EBLOUISSANTE. a voir rien que pour lui et lui seul.
d'ailleurs la note ne vous y fiez pas , je note pas le film mais la prestation de mifune.
16 décembre 2003
par
jeff
Une très belle tragédie.
Un film très puissant et très maitrisé. Le scénario est excellent. Merci à l'excellente chaine Arte pour l'avoir diffusé dans son cycle Kurosawa.
ILLUSTRE
On joue dans un chambara, la fierté la loi tuent comme un bon vieux Kurosawa, la main sur le katana, meme si la peur m'assaille je partirais comme un samourai.
Et oui, Kurosawa traverse les epoques, son oeuvre reste inegalée!!!
COUPE TCHAC TRANCHE TCHHHHH AAAAAHH ....Tels sont les sons qui ont bercé bien des jeunesses.
En tout cas, le chateau de l'araignée reste un bon film de samourais, malgré son age!!!
J'avais pris l'habitude avec KUROSAWA qu'il nous fasse passer la pilule intelligemment, cette fois-ci j'ai trouvé la symbolique un peu trop pesante.
Assez théatral dans sa mise en scène, "Le Château de l'Araignée" doit aussi son ambiance à ses origines Shakespeariennes. Entouré d'un MIFUNE Toshiro survolté au sommet de son art, KUROSAWA Akira parvient à nous plonger totalement dans le conte fantastique se son scénario. L'atmosphère médiévale des samouraïs est un véritable atout pour l'histoire qui transforme alors en légende. Un classique rassemblant donc de nombreux points fort mais qui laisse tout de même un léger goût amer en bouche, quelques longueurs et une morale trop prononcée.
Classique
C'est pas le meilleur Kurosawa, c'est sur mais c'est un excellent classique
le sang part mieux à l'eau froid...
Comparé au Mac Beth d'Orson Welles (1948), la version Kurosawa n'a pas à palir. Les deux auteurs font preuves du même respect pour l'oeuvre originale de Shakespeare et ont une tendance semblable à se laisser aller à quelques incartades fantastiques de toute beauté (orage, brume, brouillard, éclairages).
Magnifique.