Le pathétisme de la haine. Rien que ça. On aura beau dire, il y a une conscience collective, et qu’ils le veuillent ou non les artistes ne font que la relayer. Avec le 11/09 finissait l’ère de la vengeance aisément justifiée. Le manichéisme se voyait remis en cause. Le nez dans la @!#$ pour tout le monde, allez hop ! Et depuis le doute est apparu, aux US puis dans le monde entier – est rangé dans son verre - puisque là-bas ils donnent le « la ». Plusieurs films débarquent avec pour toile de fond la compréhension, le pardon… la remise en question. Johnny Depp est un méchant qui ne suscite que la pitié. Ses massacres sont amusants, le défouloir gore est là, éparse et trop répétitif mais bien là… mais sa vengeance paraît bien pathétique.
Mitigé je suis sur l’œuvre : de superbes chansons à texte s’enchaînent avec d’autres très usantes (« Oooh my Johanna » ça va bien 2 secondes) et le côté « Parapluie de Cherbourg » gonfle singulièrement. Ca marche du feu de Dieu quand la poésie des mélanges s’en mêle. Quand deux personnes ensemble chantent une même chanson avec des sous-entendus différents, la magie opère. 1 fois sur quatre on va dire. Visuellement, ça n’est pas si somptueux que ça : le générique d’introduction et sa caméra descendant dans les égouts évoque immédiatement l’introduction monstrueuse de Batman le Défi. Elfman en moins. Et le grand guignol l’emporte systématiquement sur l’ambiance : point de frayeur ni de climat glauque. C’est du Oliver Twist avec du sang toonesque dedans, franchement. Anecdote révélatrice : 3 acteurs de ce film ont joué dans les Harry Potter. Et quid de ce passage dans l’asile d’aliéné ? De cette scène ridicule des blondes en furie, qui aurait pu être beaucoup plus savoureuse ? Bâclé. De ces quelques personnages sacrifiés à la fin ?… Sans parler de ce recyclage des petits pains à la viande humaine. On connaît ça chez nous avec « L’auberge du Dragon », autrement plus fun, et le cultissime danois « Les bouchers verts » d’Anders Thomas Jensen n’est pas en reste sur la question. Burton vieillit, il prend ses distances. Et du Burton sans Elfman, c’est un peu comme du Leone sans Morricone en fin de compte : difficilement concevable. Ca reste pô mal tout ça, mais sans plus.