En voyant le pitch, je m'attendais à du bis bien juteux, du délire partant dans tous les sens sans politiquement correct, du cinéma artisanal débridé. Il faut dire que c'est gratiné: Elvis Presley (ou un ex-sosie devenu un peu zinzin?) vit tranquillement dans une maison de retraite dans le Texas. Devenu une loque suite à un accident lors d'un concert, il végète dans sa chambre et a pour seul ami un autre vieux qui dit être JFK (!!!) qu'on aurait lobotomisé pour mettre du sable dans son cerveau et transformé en black... Sur ce, débarque une momie égyptienne qui s'attaque aux pensionnaires de la maison de retraite...
J'avoue avoir été progressivement de plus en plus déçu au cours du film, les moyens sont faibles, le rythme manque souvent cruellement, le scénario n'est pas aussi débridé qu'il pourrait en donner l'air. Mais justement, Bubba Ho Tep n'est pas un gros délire nanaresque à l'humour facile. C'est au contraire un film qui joue en permanence la carte de l'humour mais sans méchanceté ni facilité, avec un sentiment de nostalgie qui finit par être touchant. La partie épouvante n'est pas si mauvaise, le côté métaphorique fonctionne à plein régime (tous les anciennes gloires de l'amérique sont là, Le King, JFK, le cowboy, le héros de guerre), Bruce Campbel est épatant, la musique lacinante à la guitare électrique appuie le fond. Bref, un film très imparfait mais avec beaucoup de coeur et qui prouve qu'on peut jouer plusieurs cartes à la fois sans tomber dans la facilité. Chapeau, le bis délirant aurait été bien plus facile à choisir, mais le film a plus à donner.
Très bon film j'ai trouvé. La veillesse est bien cernée avec un rythme calme mais jamais ennuyeux. La réalisation assure (bref, il n'y a pas de faute de goût à mes yeux) avec une photo soignée et apportant beaucoup à l'atmosphère décrèpie du film. Les acteurs sont excellents (aaaah Bruce), la majorité des dialogues bien sentis (ça jute pas mal mais rien n'est jamais trop lourd).... Et puis, comme l'a dit François, l'ensemble sent bon l'amour et l'envie de faire du cinéma de qualité sans fourberies. Et ça se rarifie.
Ah wé 4ans quand même pour l'avoir ce film, c'est beau.