... sur une étrange idée: faire un doublon du Michael Collins (*) de Jordan, mais version Ken Loach, c'est à dire parsemée de longs débats d'idées entre plusieurs exécutions sommaires.
Le film commence comme un Braveheart pour bifurquer assez rapidement vers du pur Ken Loach, très malin ici le bonhomme puisqu'il arrive à glisser ses habituelles réflexions propres au cinéma d'auteur dans un film mélo/épique plus à même d'attirer les foules. Ajoutons-y un chouillat de palme d'or et hop, l'affaire est jouée. Sur les scènes de bataille, Ken Loach montre des faiblesses dans sa mise en scène, il est incapable de nous en présenter une de réussie. Il se rattrapera avec ce qu'il sait faire le mieux, rendre des échanges verbaux passionnants à l'écran, avec une mention toute particulière pour cette scène de tribunal où l'IRA s'oppose à l'issue d'un procès irlandais. La juge a choisi de punir une grosse huile pour avoir abusé financièrement d'une pauvre femme, une grosse huile qui à côté de ça fournit des armes à l'IRA... Qui a tort, qui a raison? L'approche de Loach - on ne peut plus honnête - confronte les arguments forts des deux parties, mais en se servant du dernier argument entendu il choisit ainsi son camp, montrant du doigt la frontière ténue séparant un camp d'un autre, la fin ne justifie pas les moyens à ses yeux. Le réalisateur en fera ainsi jusqu'à la fin, émouvante certes, mais prévisible quant au language tenu. C'est là où la bas blesse, là où se trouve la limite de ce film, en plus d'être souvent redondant, répétons le, avec le film de Neil Jordan qui avait pour lui d'être nettement plus épique.
Enfin, pour faire plus Cinemasie, on rapprochera la dualité des deux frangins à celle du coréen Taegukgi, sur le fond très proches, dans les deux cas le but est de mélanger et de confronter le concept de nation à un sentiment de fraternité incapable de se positionner sur le même plan. Mais ici la réflexion sur l'engagement volontaire est plus poussée, c'est flagrant lorsque l'on s'attarde sur le reste, quelques poncifs placés là pour composer une histoire: la romance et la guéguerre, anodins.
(*) Michael Collins qui avait un point commun avec Phil: il jouait de la batterie! D'infanterie, certes, mais ça reste un point commun :)