… ou : « le film avec plein de grands maigres tous ridés dedans » (mortensen, harris, irons)
J’y suis allé en m’attendant à un petit western pondu par un acteur, à savoir non pas un projet de mise en scène mais un show de saltimbanques sympa, et me suis retrouvé avec beaucoup plus que ça : une narration somme toute classique mais très efficace, un scénario somme toute classique mais très efficace (déjà dit ?) et un portrait de femme tout sauf classique, lui, complètement renversant, une déclaration d’amour envers celles qui ne font certes pas la guerre mais sont systématiquement à leur origine. Un paradoxe assumé ici avec un aplomb rare. Même la catin du Cable Hogue de Peckinpah, pourtant gratinée, ne va pas aussi loin dans ces écarts. On peut trouver la vision de Harris misogyne, il n’empêche qu’elle est très respectueuse et, avouons-le, plutôt pertinente.
« Les cow-boys se casent pour mourir » j’ai lu ailleurs, c’est tout à fait ça, avec tout autour un peu de violence (pas trop), un ton décalé parfois assez proche de jarmush, de très belles scènes (Viggo et les indiens, le duel final…) toutes magnifiquement éclairées… Une telle plénitude dans la simplicité, récemment, on a vu ça chez Cronenberg, surtout. L’expérience « A history of violence » avec ce même viggo a du en être une bonne pour Ed Harris.
Misogyne? Pas vraiment je trouve, au contraire, surtout dans un western? C'est quand même très masculin comme genre, je m'attendais justement à ce que la pauvre Renee finisse par en prendre plein la gueule. Mais c'est justement l'humour du film qui en fait sa plus grande force. C'est faussement macho, mais sans tomber dans la facilité inverse. C'est aussi un buddy movie pas bavard qui ne tombe pas dans la punch line et la fausse engueulade qui nous saoulent depuis des années. Je ne m'attendais justement pas à ces facilités d'Harris qui n'a pas grand chose d'un acteur "m'as-tu vu", même s'il s'est donné des rôles de "démonstration" parfois. Son choix de cette histoire très peu manichéenne et très fine ne m'a pas surpris. Il reste une mise en scène qui ne viendra évidemment pas rivaliser avec du Scorcese ou du Kubrik, mais ça on s'en serait douter. Et cette voix off finale bien inutile qui fait un peu trop "américaine", mais finalement, dans un western, on lui pardonnera. Petit grand film pour un petit grand acteur, ça ne se refuse pas.
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RE: Appaloosa
