Milk de Gus Van Sant

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01/02/09 20:06 



Grosse torpille. Non seulement Sean Penn offre une interprétation monumentale dans la peau d'Harvey Milk, le premier élu gay et le premier à faire valoir officiellement les droits des homosexuels aux États-Unis, mais non seulement il ne fait qu'un avec le personnage qu'il représente, celui qui rameuta les foules à coups de slogans accrocheurs et riches en symboliques "Civil rights or civil war, gay rights now!" en partant de rien : la création d'une petite boutique d'appareils photos avec son petit ami rencontré au hasard dans le couloir d'un métro, qui ne tardera pas à devenir l'endroit clé de toute la communauté d'homosexuels du sud de la Floride.

Après des actes de violence orchestrés par les forces de l'ordre contre ceux qui ne cachent pas leur "liberté sexuelle", il fallait donc réagir et Harvey Milk était le premier à prendre le mégaphone. Son ascension hallucinante est parfaitement retranscrite par Gus Van Sant qui fluidifie la narration -déjà exemplaire- à coups d'images d'archive et d'autres truquées qui font parfois froid dans le dos. Le combat mené face aux politiciens véreux, comme celui qui n'hésite pas à dire qu'ils faut jeter les gais dehors comme tous les pervers et les pédophiles de l'Etat, fait d'Harvey Milk un symbole à part entière. Pas un révolutionnaire comme on l'entend, juste un homme pacifique désireux de faire valoir les droits des homos comme ceux des blacks ou des asiatiques : il emploie d'ailleurs cet exemple à plusieurs reprises. Mais ses moyens sont sans défense pour lutter face à la jalousie des autres (Josh Brolin), une jalousie qui entrainera le pire.

Grand film d'amour, Milk revient sur les difficultés d'Harvey à évoluer en tant qu'homme, ce dernier ayant eu 4 conquêtes dont 3 qui se sont soldées par des tentatives de suicide. La relation qu'il entretient avec son petit ami interprété dans un premier temps par James Franco est admirable de complicité, l'ombre de ce dernier plane au dessus du film tout du long (et donc d'Harvey Milk), sorte de spectre et source de "motivation" pour Harvey malgré la séparation à cause de cette "dangereuse" montée en puissance du bonhomme. De toute manière il n'y a rien à redire de plus sur l'interprétation de l'ensemble du casting, des personnages extrêmement hauts en couleur ressemblant comme deux goutes d'eau aux originaux.

Gus ne fait donc pas de Milk qu'un simple mélodrame, c'est aussi un grand film euphorique, rythmiquement sidérant, les séquences intimistes (dont la rencontre entre Harvey et Jack) sont aussi bien filmées que les mouvements de foule rassemblant des milliers de personnes. L'art du suspense et de l'inattendu du cinéaste donne lieu à des séquences impressionnantes (la séquence où Harvey marche dans le rue en direction de Castro Camera, le soir, pensant qu'il est suivi, est un de ces moments dits "tendus" ou sous-entendus "tendus" simplement par la technique du son et du flou en second plan), la musique de Danny Elfman n'en fait pas des tonnes et rappelle par moment les sonorités d'un Big Fish (on échappera pas aux coeurs féminins ceci dit). Niveau mise en scène pure, c'est juste nickel du début à la fin, avec un superbe sens du cadre et un grain "documentaire" lors des scènes peu éclairées, les plans en plein dans la foule confirment aussi cette donne : Gus Van Sant sait filmer le "monde" et son énergie. Le dernier quart d'heure restera dans les mémoires, tout comme il restera l'un des plus beaux moments de la filmographie de Gus Van Sant. C'est juste grand.

Ne le loupez pas quand il sortira en France.



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23/02/09 21:22 RE: Milk de Gus Van Sant

Justice.


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