Belle revisite du film d'époque. Tranchant et superbement joué.
The King and the clown est la définition même du film manquant clairement d'ambition et qui s'avère être trop humble et retenu pour passer la porte du chef d'oeuvre. La notion du "gâchis" n'est pas la même que celle que l'on peut trouver pour un ensemble de films ratés ou autre, ici le "gâchis" est le constat du manque d'ambition de la part du cinéaste coréen, qui s'il s'était armé d'une équipe d'avantage ambitieuse -elle aussi- son King and the Clown aurait pu aboutir à un résultat juste grandiose. Car si dans le fond l'oeuvre de Lee Joon-Ik est extrêmement travaillée, voir presque intouchable dans son domaine -au vu des productions asiatiques en costume actuelles, c'est bien légitime-, la forme manque de consistance et d'ampleur. Ainsi la mise en scène ne fait pas preuve d'une grande originalité et le cadre manque de stabilité et de précision. C'est d'autant plus dommage qu'un véritable effort a été fait pour la reconstruction des costumes d'époques, les intérieurs respirent bon le bois d'antan, les couleurs sautent aux yeux, mais l'on sent qu'ils passent finalement au second plan, loin, très loin derrière le travail réalisé sur le jeu des comédiens et sur l'écriture d'un scénario aux multiples embranchements. L'histoire mérite que l'on s'y attarde de part son originalité et sa finesse d'écriture. Deux troubadours amusent le peuple dans un village somme toute banal. Pour leur humour noir et les vérités qu'ils dénoncent sous le trait du rire, ils sont conduits de force -après une escapade ratée- au palais du Roi Yeonsan. Arrivés là bas, ils proposent aux ministres de rejouer leur pièce de théâtre devant le roi et si ce dernier s'en amuse, d'être libérés aussi tôt. Mais c'était sans compter l'attirance du roi pour un des comiques, Gong-Gil et son visage d'ange, supplié de rester au palais pour distraire le roi à vie.
Ainsi, sous ses airs de fausse comédie grinçante, The King and the Clown se permet de remettre en cause toutes les traditions du royaume d'époque alors en place, jusqu'à rendre son roi faible, naïf voir complètement cinglé, confondant la réalité et le virtuel comme dans cette séquence dingue où ce dernier se met à perdre la raison en tuant deux des membres de sa famille après une pièce de théâtre peut être trop réaliste, jouée par la troupe de Jang-Sang. Désacralisation d'un roi qui n'a d'yeux que pour Gong-Gil, qui au passage remet en cause sa virilité et son imposant statut de "chef d'état" en le réduisant à un personnage homosexuel incapable de tenir tête à son peuple -un comble pour un homme dit cruel-. Mais le plus intéressant réside dans l'accomplissement tragique d'un scénario drôle sur le papier, mais en fin de compte bien plus grave qu'il ne laisse transparaître au premier abord, pour preuve ces dix dernières minutes cruelles et déchirantes dont on ne pensait pareille issue. The King and the Clown s'inscrit alors dans cette lignée de films qui ne paient pas de mine, mais qui se révèlent au final bien plus touchants qu'on ne pensait. Cette réussite est due en partie grâce à l'interprétation de grande facture du trio Gam Wu-Seong/Lee Jun-Gi/Jeong Jin-Yeong, tous absolument impeccables dans leur rôle respectif. Si elle ne demeure par exempt de reproches sur la forme (musique moyenne, filmage juste correct), l'oeuvre de Lee Joon-Ik remplit brillement son cahier de charges du film d'époque, décalé mais tranchant, amusant sans être vulgaire, justement récompensé à Deauville parce qu'on ne l'attendait pas forcément. Un outsider de grande classe à découvrir absolument.
Du rire aux larmes...
The King and The Clown, gros blockbuster en costumes comme la Corée en sort depuis quelques années déjà ne tient que partiellement ses promesses (c'est déjà ça !). L'histoire suit une troupe de spectacle itinérante des rues de province jusqu'au palais impérial de Yon San où se déroulera un drame. Durant la première heure, on assiste à la formation de la troupe ainsi qu'à plusieurs de leurs représentations, c'est clairement la partie la plus réussie du film. L'ensemble est drôle et plaisant, l'humour grivois, les costumes de qualité et l'interprétation correcte. Bref on passe un agréable moment, comme si on assistait aux spectacles en live. Puis vient l'arrivée des troubadours au palais et le début des emmerdes pour tout le monde, les protagonistes et nous. On tombe alors dans un mélodrame où tout le casting chiale et se sacrifie, ça pleure, ça geint, ça crie... bref c'est pénible. Cette fin lacrymale où des litres de sanglots sont versés (au moins on sait qu'ils ne pisseront pas au lit) gâche un film qui certes n'était pas révolutionnaire mais se laisser suivre avec un certain plaisir non dissimilé. Dommage.
Baisse de régime
The King and the Clown dépeint un roi de Corée dément qui accueille une troupe de théâtre se moquant de lui. Cette troupe aurait dû être exécutée pour son crime, mais arrive à troquer leur peine contre la possibilité de jouer leur pièce devant le roi et éventuellement de le faire rire. Réussissant ce pari dangereux, il se mettent à jouer des comédie satyrique devant la cour, révélant ainsi les luttes au sein du gouvernement. Lee Joon-Ik a décidé de montrer un roi emblématique par sa cruauté et son intelligence, qui doit sa démence à une enfance perturbée. En approchant le coté humain du roi, il tourne le film complètement de son point de vue, et cela montre pourquoi il est de plus en plus fou ; en effet, il est constamment comparé à son père qui fut un bon roi, et les ministres complotent sans cesse pour l'évincer du pouvoir, l'amenant à adopter des sanctions violentes envers certains hommes politiques.
Coté mise en scène, c'est comme à la parade disons ; c'est propre et lisse, comme tout ce qui se fait en général en corée, mais il n'y a rien d'origine ou d'osé. L'interprétation est elle aussi impeccable, rien à y reprocher. Comme dis auparavant, le film est bien calibré pour faire un carton au box-office coréen : un sujet historique intéressant, une mise en scène nickel et des acteurs charismatiques. Heureusement le film est tout de même passionnant, mais moins convaincant que le précédent film de Lee Joon-Ik, Once Upon a Time on a Battlefield, qui était bien plus osé dans le cynisme la manière d'aborder les personnages.
Très en deçà de mes espérances
Pour un film qui a autant cartonné dans les festivals et en salle en Corée, j'en attendais pas moins qu'un bon film. Hélas le film n'est que très beau en surface et ne contient aucun fond, tous les thèmes un peu "tabous" ne sont qu'utilisés sans être vraiment travaillés. Il m'a semblé que tout comme le roi, le spectateur assistait surtout à une belle farce... et s'en régalait.
TROP LOOOOOOOOOOOOOOONNNNNNNNNNG !!! TROP LOIN....
Le film bien que très finement produit et joli, fait parti de ces films Coreens qui byzaremment arrivent en France, sans qu'il n'y ait réellement d'interet a les faire partager à un public très loin des codes culturels Coréano-coréens.
C'est joli pendant une heure.... mais ensuite cela devient très vite assez gonflant, la comédie est hyper répétitive et peu efficace.
Déconseiilé à un public Non Coréen de moins de 80 ans!
Fou du roi
Critique se basant sur la version "director's cut" plus longue de huit minutes:
Tout commence sous les pires des auspices: la pré-production du "King & the clown" accuse des retards notoires et le budget initialement prévu fond comme neige au soleil. Les partenaires financiers n'osent se lancer dans l'aventure en raison de l'homosexualité sous-jacente, thème totalement tabou dans l'actuelle société coréenne. Les interprètes principaux masculins refusent en bloc les rôles proposés respectifs. Et les producteurs n'arrivent à trouver de lieu satisfaisant pour le montage. Le projet est dit maudit et condamné d'avance…
Et puis les "miracles" s'enchaînent petit à petit; les acteurs sont trouvés, le tournage d'un autre film permet la récupération des décors du château et le budget révisé à la baisse sait être tenu. Le film sort…et devient le plus grand succès de tous les temps (depuis détrôné par "The Host"): près de 12 millions de spectateur, soit un coréen sur quatre! Le succès ne s'explique pas – et ce sont des telles surprises qui donnent foi au goût propre par un public autrement guidé dans tout choix par l'omniprésence des "mentors" publicitaires.
Un film donc très loin de l'idée de devenir un blockbuster à la base…
Son incroyable succès est difficilement interprétable. Comédie tout à fait correcte, elle repose avant tout dans le talent de ses principaux interprètes; bien que dans le rôle de l'androgyne Gong-gil, Lee Jun-gi (imposant sa drôle de trogne comme une nouvelle référence de sex-symbol coréen) soit assez fadasse. Le scénario est relativement faiblard, puisant uniquement dans son idée première avant de s'éterniser dans une seconde partie péniblement longuette. Tournant en rond après une heure du film, les scénaristes décident de recourir à l'une des formules parmi els plus éprouvées des comédies actuelles coréennes: changer carrément de registre en remplaçant le rire par le drame. Pas particulièrement inspiré, le singulier destin des différents personnages peine à émouvoir.
La mise en scène est des plus simples; sans éclats, ni aucune originalité, elle se contente de mettre paresseusement l'action en boîte.
Des nombreuses inexactitudes historiques ne permettent pas non plus de parler de véridique reconstitution…
Reste donc une honnête comédie (bien que des très nombreux jeux de mots semblent se perdre dans l'impossibilité de les traduire fidèlement) avant tout porté par le talent des acteurs principaux et qui se suit sans réel ennui. Une curiosité avant d'être une œuvre de qualité.
La version "director's cut" plus longue de huit minutes rajoute un petit sketch des artistes en début du film et approfondit certaines scènes relationnelles, sans changer grand-chose à la version internationale.
très correct dans l'ensemble
le reproche c'est un rythme peu soutenu, quelques moments "lents" fonctionnent, d'autres ennuient. on peut certes reprocher aussi un côté beaucoup trop poli, mais la maîtrise de l'ensemble et l'interprétation convaincante en font un divertissement honorable (attention on est loin de la pure comédie)
Le roi est mort, et c'est mieux comme ça
The king and the clown fut la grande star de l’édition 2006 du festival de Daejong, et entre nous c’est pas forcément surprenant : on a en effet là le parfait avatar de la fresque vaguement grandiose qu’affectionne les jurys, pile poil entre rigueur auteurisante propre à satisfaire la critique et bouffonnerie sentimentale pour nourrir le public. C'est beau, c'est léché, c'est lisse, tout le monde est content et c’est la grande joie chez les vendeurs de pop-corn.
En attendant, le film est aussi coloré, vide et fadasse qu’une émission de variétoche sur KBS 2. Et quitte à me taper une insupportable clownerie, je préfère cent fois endurer un concert des Turtles...
01 septembre 2006
par
Epikt
Calibré pour le box-office, c'est vrai, mais il s'avère tout de mëme que le sujet est plutot original et pas des plus faciles. Or j'ai trouvé le tout plutôt convainquant. Pour une fois je me suis laissé entraîner par les acteurs et l'histoire et j'en ressors plutôt content. ça aurai pue être bien pire !
Quelques moments font sourire, mais la portée sarcastique de "The King And The Clown" ainsi que son impact potentiel se trouvent constamment amoindris par un rapport édulcoré aux choses. Le film de Lee Jun-Ik se termine même dans la mièvrerie la plus totale.
Pas de doute, il s'agit bien là d'un film calibré pour le haut du box office sud-coréen.