En 1957, après quelques films réalisés pour la Shaws Film Company, Doe Chin rejoint la Motion Picture & General Investment Co. Ltd. pour laquelle il réalise (et écrit)
Our Sister Hedy, classique du drame hongkongais des années 50 en mandarin.
Film dans l'air du temps,
Our Sister Hedy en est un. Doe Chin questionne au travers de ses personnages les changements de l'époque. Ancré dans le Hong Kong des années 50, le réalisateur s'interroge sur l'émancipation des femmes dans l'ex colonie anglaise. L'histoire s'intéresse à quatre jeune femmes, quatre filles à papa: Hilda (Mu Hong), Helen (Julie Yeh), Hedy (Jeanette Lin) et Susu (So Fung). Chacune d'elle reflète une vision différente de la féminité (certaines sont fortes et indépendante, d'autres fragiles et en quête d'une figure patriarchale chez leurs amants et autres hommes de leur entournage... dont Wu Fung). Ainsi, Hilda a bien du mal à assumer son âge avancé et le fait qu'elle ne soit pas casée, une autre soeur est pour sa part volage et enchaîne les relations sans lendemain, la troisième annonce (au grand dam de son père) qu'elle veut se marier. Quant à la plus jeune, Hedy, elle est témoin des évènements, porte un regard vierge sur la situation et esquisse une romance auprès de ce cher Peter Chen. Elle sera également l'appuis sur lequel ses soeurs peuvent compter (elle jouera par exemple les entremetteuse avec l'ainée).
Au beau miliieu de tout ça, le père a bien du mal à imposer son rôle patriarchale, en particulier car le foyer manque d'une mère pour l'aider. Toutes ces thématiques et l'imagerie vintage de Hong Kong (la ville n'était pas encore la fourmilière ultra-urbaine qu'elle est devenue) impose
Our Sister Hedy comme un équivalent HK du cinéma de George Cukor. Hong Kong y est un très bourgeois (ils vivent dans une grande maison, jouent au tennis, sortent en permanence) et très aéré (les belles étendues vertes et les plages du sud de Hong Kong Island), impliquant une sensation de légèreté permanente, appuyé par les touches humoristiques et les quelques chansonnettes.
La mise en scène de Doe Chin est impeccable (malgré bcp de noirs pas fondus assez surprenant) et regorge d'inventivité (le jeu sur les téléphones notamment). En définitive, le film est une belle relique des années 50 que tout HKphile se devrait d'avoir vu.
