Overheard n'est pas un film Milkyway, mais on a tellement l'habitude de voir tous ces acteurs dans (tous) les films de Johnnie To que ce sont à présent ceux qui reviennent le plus dans le cinéma hong-kongais. Ici, le scénario, très bien écrit sans être tordu, se place au milieu d'une équipe de la police financière, en planque pour dénicher un gros bonnet. Mais un jour où ils interceptent une communication portant sur une affaire boursière juteuse, ils effacent l'enregistrement pour aider l'un des flics, condamné par un cancer, qui veut laisser de l'argent à sa famille. De fil en aiguille, ils se retrouvent englués dans leur mensonge jusqu'à ce qu'il dérape. Même si l'on peut être un peu dépassé par les termes un peu trop techniques du monde économique, il n'empêche que l'histoire se suit très bien et les événements se succèdent dans une logique implacable et incontournable, jusqu'à un dénouement qui finalement n'est ni surprenant, ni faussement gentillet. On pourrait certes reprocher que le film force un dénouement juste (pas vraiment heureux), mais le scénario n'a pas à s'escrimer dans les pitreries pour le faire avaler, et colle ça dans un flashback en deux phrases bien senties qui nous font penser "ben oui tiens, ya pas de raison que ça marche pas". Le casting est bien à la hauteur du scénario, et la réalisation bien rythmée sans le moindre temps mort fait évidemment repenser à Infernal Affairs, le grand succès du réalisateur (d'ailleurs co-scénarisé par Felix Chong). Berf, bon film bien écrit, et casting de qualité.
Lorsque l’on est amené à évoquer les qualités du dernier film du duo Felix Chong/Alan Mak, décidemment les duos sont à la mode, on se reporte vers son casting qui sur le papier a une certaine gueule. Ou du moins, c’est ce qui est le moins raté dans Overheard, un défilé de gueules caricaturales plaisantes, purs personnages de fiction policière. A croire que pour se différencier du film d’espionnage mainstream, le duo s’est dit qu’il fallait apporter la touche qui ferait toute la différence à l’écran, c'est-à-dire un teint bronzé et des cheveux argentés pour Louis Koo, un Lau Ching-Wan très sobre mais qui pour passer inaperçu porte le combo casquette/lunettes fumées, et un pauvre Daniel Wu qui se retrouve affublé de lunettes parce qu’il est le boss en informatique. Il est amusant de voir à quel point les scénaristes s’évertuent à donner une identité cheap à leurs personnages masculins, improbable et finalement très gadget lorsqu'ils ne sont pas extrêmement conventionnels au niveau des acteurs secondaires. Sans doute que les cheveux argentés de Louis Koo lui donnent un capital sympathie assez formidable, mais c’est sans connaître l’entourloupe absolue et l’incroyable mauvais goût des deux cinéastes, également scénaristes, qui lui donnent une apparence quasi robotique pour au final le massacrer comme un vulgaire sac de viande. Et ne parlons même pas des personnages féminins, tous au centre d'histoires à problèmes. Belle ouverture.
L’impression sidérante que laisse Overheard dans la mémoire, après s’être ennuyé une bonne heure -ou, au choix, extasié devant les beaux plans sur Lau Ching-Wan, c’est cette faculté à se démarquer par une écriture méprisant ses personnages, ne leur donnant pas plus qu’une épaisseur d’agents traders désespérés : Lau Ching-Wan doit cacher sa vie sentimentale avec l’ex-femme d’un de ses bons amis, le très fade Alex Fong Chung-Sun, Louis Koo a plus qu’un an à vivre à cause d’un cancer du foie et a un de ses fils malade, quant à Daniel Wu, son personnage n’étant tout simplement pas écrit, il n’a rien et ne réalisera aucun exploit particulier. Reste alors cette intrigue lente et cette abondance de parlotte privilégiant les rapports humains, c'est-à-dire qu’Overheard est un drama policier, un genre bâtard accouplé à un visuel chiadé, seule petite gourmandise d’un programme bien fade. Overheard trouve un rythme de croisière intéressant à partir du moment où les choses s’accélèrent côté corruption et assassinat prémédité : il faudra attendre une filature en voiture éclairée à la loupiotte pour sentir, et il était temps, un minimum de tension pour un film qui, par défaut, se doit d’être tendu. Alan Mak, très loin d’être un réalisateur un minimum intéressant, associé à un Felix Chong qui n’aura brillé que pour sa participation à l’écriture de la trilogie Infernal Affairs, préfèrent privilégier l’esprit collectif, la sureté et les discussions plutôt que toute sensation liée au danger d’une prise de risques ou d’une infiltration. En ressort alors un film d’espionnage mou, presque inoffensif, versant pourtant dans une violence complaisante le temps d’une première conclusion à en dégobiller. Seule la séquence finale, la plus belle du film, réussit une belle alchimie entre humour et émotion, filmée avec un certain sens de la retenue. Ce qu’Overheard a été incapable de produire jusque là, et ce dans tous les domaines malgré son potentiel évident.
Le tandem de réalisateurs qui nous avait offert MOONLIGHT IN TOKYO revient donc avec un thriller dramatique, qui a plus à voir avec INFERNAL AFFAIRS que leur première collaboration qui évoluait plutôt dans le registre de la comédie. Néanmoins Alan MAK ne récidive pas avec la bonne surprise que fût INFERNAL AFFAIRS, non que OVERHEARD soit raté mais pas du même niveau. Bien qu'il n'y ait pas vraiment d'action le rythme est assez enlevé, et l'ambiance visuelle est assez proche d'un Confession of pain par exemple pour le côté moderne et asseptisé. Il y a bien quelques lacunes: des éléments peu vraisemblables, certains manques scénaristiques (il aurait peut être fallu mettre en image le lien qui unissait les 3 policiers pour accentuer l'implication émotionnelle), et un casting certes chevronné mais pas toujours très convaincant, à l'exception de LAU ching wan (le seul qui sorte vraiment du lot maintenant à HK). J'ai un peu de mal avec Alex FONG, sauf quand il distribue généreusement du plomb en jet pack, heureusement il n'est que peu présent ici. Daniel WU est toujours un peu fade et Louis KOO joue pas mal mais on dirait presque qu'il est grimmé avec ses lunettes et ses cheveux gris, ça manque de naturel. Tout cela étant dit le film est pas mal torché puisqu'il nous tient en haleine jusqu'au bout, et quand on voit ce qui est sorti à HK cette année jusqu'à présent, OVERHEARD fait partie des bons films millésimés 2009. J'en attendais un peu plus encore mais cela reste très regardable.
ps:à noter la présence de Mickael WONG, assez charismatique et toujours avec les même tics que certains ne manqueront pas de moquer.
Sans être un chef d'oeuvre, pas exempt de défauts et toujours inférieur à un Infernal Affairs, Overheard m'a fait passer un très bon moment de cinéma. J'ai aimé l'originalité du matériau, à savoir construire un polar autour d'une brigade traquant les délits d'initiés. Même si on peux effectivement penser qu'il y avait mieux à faire avec ce sujet, le film et le scénario d'Alan Mak et Félix Chong reste très prenant. On est notamment plongé dans le bain d'entrée grâce à une belle introduction d'espionnage. Il faut ensuite aux réalisateurs le temps de présenter maladroitement les personnages pour faire décoler le film. La distribution est excellente et globalement charismatique même si c'est Lau Ching Wan qui se taille la part du lion, tellement bon qu'il est, on va quand même pas s'en plaindre. Je n'oublie cela dit pas la chinoise Zhang Jing Chu que je trouve si mignone, ici dans un second rôle. La mise en scène est sobre et classe (pour du clinquant, on a vu bien pire dans le genre quand même), ici pas besoin de grosse action pure pour maintenir l'intérêt (tout comme dans Infernal Affairs), mais comme on est dans un film HK, cela reste très noir et le gros final est génialement orchestré.
Voilà un très bon polar, dont les scènes intimistes sont vraiment réussies, les prestations impeccables même si Daniel Wu est un peu plus en retrait, une belle musique et une réalisation propre.
Dur et sans concession, avec une bonne ambiance, ça fait du bien des films comme ça!
En prime, on a droit à Waise Lee & Micheal Wong en guests stars!
un polar hong-kongais qui brille plus par son suspense que ses scènes d'action. et grâce à la qualité du casting ça fonctionne très bien avec en tête Lau Ching-wan qui décidemment est l'acteur qui dégage le plus à travers de simples regards. certaines scènes tranchent par leur côté extrême au coeur pourtant d'un polar plutôt sobre. la trame n'évite pas des raccourcis scénaristiques assez énormes mais ça tient bien le choc malgré un Michael Wong qui décidemment ne s'améliore pas même après plus de 20 ans d'expérience alors que plus personne ne se moque par exemple du jeu de Louis Koo ou de Daniel Wu. avoir une seule expression c'est pas grave mais quand en plus elle n'est pas crédible...faut le voir parler marchés financiers pour le croire et c'est invonlontairement extrêmement marrant. comble atteint lors d'une scène où il répète son discours devant sa glace afin d'être crédible pour le partager à l'assemblée générale. on aimerait tellement lui dire qu'il n'est pas prêt mais non, avec un 1er degrés incroyable il va débiter un discours qui aurait pu pousser BFM à créer par cette seule scène une section comique. PS: notons néanmois une meilleure analyse de la bourse de Michael Wong depuis TIGER CAGE 3