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Terre Jaune
les avis de Cinemasie
1 critiques: 4/5
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4 critiques: 3.62/5
Terre d'hypnose
Avec Terre Jaune, la Cinquième Génération (cf commentaire) tenait son film inaugural. On pourrait gloser sur les ambiguités politiques d'un film montrant le contact PC chinois/monde paysan de façon non idéalisée mais s'achevant sur une note triomphaliste. Mais de toute manière le vrai intérêt de Terre Jaune, ce qui en fit le détonateur de l'explosion d'une nouvelle génération de cinéastes chinois, ne se situe pas là. Terre Jaune offre en effet d'abord son lot de moments montrant un usage brillant de la dimension expressionniste du cinéma. Rien d'esthétisant, pas d'effets de manche non. Juste des cadrages stylisés, des mouvements de caméra dont la combinaison avec le superbe score du film, la photographie de Zhang Yimou et un montage alternant sens de la durée et cassures de rythme produit des moments de cinéma hypnotiques sans trop d'efforts.
Comme ces moments où un personnage devient progressivement un point dans l'horizon au fur et à mesure qu'il s'éloigne sur fond de musique. Ou qu'un personnage se met à disparaître d'un coup du champ. Le gros plan d'un détail de l'habillement, d'un outil agricole ou de l'eau acquièrent leur force propre. Et si la couleur souligne la composition de certains plans on n'a jamais l'impression d'un tableau filmé: ce côté quasi-pictural inscrit l'individu dans la nature, dans l'ordre naturel des choses. Quand le film essaie de jouer sur des aspects non purement visuels, sa mise en scène se fait moins inspirée. Elle est alors juste d'un classicisme planplan et le film reste à quai dans ces moments-là. Mais elle a quand meme le mérite d'être souvent à la bonne distance des personnages. Soit une distance où l'émotion passe dans une retenue pas du tout froide.
Et tout ceci finit par faire de Terre Jaune un de ces "classiques" chinois vieillissant plutôt bien. Surtout si on les compare à ce qu'est devenu progressivement par la suite le cinéma de Kaige: un cinéma académique, pompier, voire académique et pompier.
difficile de mettre une note à ce classique, pierre angulaire du cinéma chinois moderne.
d'une part TERRE JAUNE est le point de départ d'un style de cinéma autre en Chine populaire, et à ce titre mérite d'être vu (si vous le trouvez!), d'autre part le résultat peut sembler anecdotique.
le film est presque aussi aride que les terres du Shaanxi bordant le fleuve jaune: les paysages sont d'une désolation totale et la photo du film (ZHANG Yimou) le leur rend bien.
le scénario et le script sont minimalistes, les séquences sont parfois longues, bien que ça soit plutôt "hypnotique" comme quelqu'un le disait dans une critique. d'autres personnes y verront seulement l'ennui, mais le rythme est un élément qui joue pour ressentir l'ambiance de ce village reculé. l'histoire est donc très basique, dénonce les traditions archaiques que les communistes souhaitaient changer, à savoir le marraige "arrangé" ou plutôt forcé.
les chansons traditionnelles des campagnards sont assez touchantes, tout comme ces "gueules" de vieux paysans burinés, ou de gamins débraillés.
je dirais que si vous n'êtes pas trop branché par le cinéma chinois comme les ZHANG yimou ruraux par exemple, ce film est à fuir à toute vitesse. les autres devraient se le procurer s'ils en ont l'occasion.
Ciel, ma Terre !
Par ce premier long métrage, CHEN Kaige allait ouvrir ce qui sera appelé plus tard "la cinquième génération" de réalisateurs. Révolutionnaire par ses codes esthétiques et aux messages sociaux sous-jacents, CHEN allait imperturbablement continuer à explorer les non-dits locaux à travers de magnifiques métaphores oniriques...avant de tomber dans un cinéma autrement plus commercial suite à son succès mondial avec son "Adieu ma concubine".
"Terre Jaune" pose un regard attendrissant sur une région particulièrement aride et austère de la Chine : la province de Shaanxi au Nord de la Chine. Traversé par une rivière "jaune", les collines s'étendant sur des dizaines de kilomètres à la ronde sont arides, fréquemment balayées par le vent et difficilement cultivés par des hommes attendant religieusement les jours de pluie, afin que la récolte soit éventuellement assuré. Un jeune militaire est dépêché dans la région pour retranscrire des chansons locales pouvant servir de leitmotiv aux hymnes à la gloire du grand pays dans les régions du Sud. Au lieu des attendues mélodies harmonieuses, il se rend rapidement compte, que les seuls chants existants n'expriment que la hargne et le désespoir des hommes face aux aléas de la rude Nature. Tributaires de la pluie et du beau temps, ils sont comme écrasés par l'immensité (et la clémence) du Ciel, comme l'évoque à maintes reprises les plans grandiloquents d'un jeune Zhang Yimou pas encore devenu le talentueux réalisateur comme il est connu de nos jours. Ses plans travaillés enferment littéralement els personnages entre l'immensité stellaire et l'aridité de la Terre poussiéreuse.
Parallèlement, le film évoque également le choc des cultures entre le soldat du Sud en total décalage avec les traditions rudimentaires du Nord; sa naïveté a tôt fait de placer des chimères au coeur de la jeune Cuiqiao - et de fuir un redouté mariage arrangé...
Adapté du roman "Echo in the deep valley" de Ke LAI, "Yellow Earth" fait partie de la poignée des premiers films engagés de CHEN encore au sommet de son talent. Certes trop long et pas toujours très heureux dans le portrait pourtant sensible de ses personnages, il réussit pourtant à révolutionner tout un pan de l'ancienne manière de faire du Cinéma Chinois et de dénoncer dès son premier film de grandes disparités et injustices de son pays (avec près de deux décennies d'avance sur ce qui s'y passe actuellement). Incroyable tour de force d'un jeune premier, le film pâtit pourtant du poids de son âge et de la médiocre qualité des rares copies encore existantes en ce jour en France (l'ancienne copie aujourd'hui épuisée de l'édition "Ciné Horizon") en attendant une éventuelle restauration pour rendre éclat et beauté à un classique mineur du Cinéma mondial.