La fleur au ventre
Prise dans la filmographie du japonais – d'origine coréenne – Lee Sang-il, "Hula Girls" résonne malheureusement comme un grand pas en arrière depuis son premier court, "Blue Chong" et son dernier, "Scrap Heaven", un échec public, comme critique totalement injustifié.
Pris dans le genre des "Just-do-it" aux côtés des récents "Linda, Linda, Linda", "Swing Girls" et autres "Water Boys", cette pure comédie de divertissement se place dans le haut du panier.
Le public ne s'y est d'ailleurs pas trompé, réservant au film un chaleureux accueil (plus de 11 millions de dollars au box office national, en faisant l'un des succès surprises de l'année), tandis que les critiques – dont le très sérieux Kinema Jumpo – l'ont enseveli sous els récompenses les plus prestigieuses (une vingtaine de prix en moins de six mois), dont celui du meilleur film de l'année.
Effectivement, malgré l'amer arrière-goût de "déjà-vu" et un sentimentalisme un brin trop exacerbé (dont le départ de la prof et le final forcément attendu), le long-métrage réussit parfaitement à concilier drame socialiste humain et comédie de divertissement. Basé sur des faits réels (le centre, tout d'abord appelé Jouban Haiwaian Center, existe toujours de nos jours sous le nom de "Spa Resort Hawaians" dans la ville d'Iwaki dans la province de Fukushima), le film dresse l'improbable lien entre la culture hawaïenne (très appréciée par les japonais, dont plus d'un millions de vacanciers partent chaque année dans le "paradis du surf") et le dur quotidien nippon dans une ville minière sur le déclin des années 1960. Non seulement la menace de la fermeture prochaine de la mine (le pétrole commençait à remplacer le pétrole) plane en permanence au-dessus de la tête des ouvriers, mais Lee n'oublie pas non plus à aborder la misère sociale et le danger lié à ce métier particulier. Son village ressemble – curieusement – comme deux gouttes d'eau à celui montré dans "My Brother" de Shohei Imamura, dont Lee a été un élève à son école.
En plus de ce cadre atypique – point de départ amusant pour le décalage entre la discipline exercée et l'environnement poussiéreux, sans parler du décalage de l'enseignante tokyoïte – la danse en elle-même devient l'enjeu de nombreux conflits. Il ne faut pas oublier, que 1965 était encore une époque conservatrice, et surtout dans des petites villes campagnardes. Le rythme lancinant et suggestif est donc fort à déplaire aux parents, comme aux hommes des danseuses, point de départ à quelques moments de tension, peut-être pas suffisamment développés par la suite. Bref, tous ces points permettent nombre de sous-intrigues en plus de la ligne conductrice.
Les acteurs sont tous très bons, avec une mention toute spéciale pour la craquante Yu Aoi, qui s'impose de plus en plus comme une future très grande actrice après ses précédents excellents rôles dans des films aussi divers que "Harmful Insect", "All about Lily Chou-chou" ou encore "Memories of Matsuko". Impossible de résister à sa jolie frimousse pour sa danse solo en fin du film.
Un très bon divertissement familial, qui n'a pour seul tort que d'être une nouvelle entrée dans un genre un brin trop éprouvé (et limité) pour pouvoir encore surprendre.