L’art de trancher sec sans scénar
Même ambiance nihiliste que dans le premier opus, mais cette fois, il n’y a plus d’histoire ou à peine. On fait dans l’excès à outrance. C’est vraiment l’enchaînement non stop de défis qui n’ont qu’une issue : la mort de ceux qui les lancent. Bien jouissif dans l’ensemble et bourré d’idées de morts anticonformistes et ultra violentes. On a droit à une galerie gratinée de méchants charismatiques qui pavoisent et impressionnent avant de goûter à la lame et au landau multifonction du loup solitaire. Jouissif pour les combats et la galerie de combattants mais sans intrigue et ultra répétitif dans le déroulement : je pousse mon landau, un ou des tueurs me défie(nt), je le ou les tranche(nt) en deux (secondes) avec une technique différente à chaque fois histoire de régaler le public. Et puis voilà. Les combats sont très nombreux mais toujours aussi suggestifs et rapides ce qui n’est pas pour m’enchanter outre mesure même si ils sont remarquables d’intensité et d’inventivité.
Donner le ton...
Considéré par pas mal de monde (en vrac le spécial VHS des Cahiers, Frank Miller, Quentin Tarantino) comme le meilleur épisode de la série et gros succès en Asie en son temps, ce second volet de la saga est à la hauteur de sa réputation. La force de cette suite, c'est de passer après le premier volet: le personnage d'Ogami Itto ayant été bien établi, place désormais à l'action et au plaisir jouissif de la montée d'un cran de la dimension gore par rapport à l'épisode précédent. Et le spectateur s'en trouve très vite informé avec une scène d'ouverture où un adversaire d'Ogami Itto se laisse pénétrer la tete par sa lame afin de servir d'appui à un autre combattant pour son assaut. Le menu est placardé de façon bien visible: saignant et visuellement inventif.
D'un point de vue armes comme idées narratives pimentant les combats le film n'a rien à envier à l'audace bricolée du meilleur cinéma hongkongais: lance en kit, roues du landau laissant échapper des lames tranche-pieds, filets, griffes à la Serval, shurikens en forme de gros chapeaux, combattants défiant la gravité par leurs sauts, combattants planqués sous le sable. Et puis un second volet se lachant bien niveau amputations et geysers de sang, un gamin à la fois complice de son père et interloqué par ses actes, un ton noir d'ensemble, de grands moments de cinéma (l'ouverture, les scènes sur le bateau, celles dans le désert), Wakayama Tomisaburo toujours grand, un bel usage du zoom et du style caméra à l'épaule pour marquer la lassitude et la perte de repères d'Ogami Itto lors d'un assaut ou en chemin, des plans superposés ainsi que des moments moins bavards et plus épurés niveau mise en scène comme dans le premier volet.
Un film vite fait bien fait (avant la fin de l'exploitation du premier volet), un modèle de bon usage du format série B (ou comment plier l'affaire sans bavures en une heure dix sept minutes chrono), un concentré explosif de divertissement et d'émotions fortes. Du grand cinéma populaire.
Boucherie et traditions.
Il y a dans ce Baby Cart, un hommage appuyé à tout un pan de cinéma asiatique qu'il soit nippon ou Chinois, revisitant à sa manière les grands classiques des maîtres de la Shaw Brothers comme King Hu ou Chang Cheh. Il est pertinent de noter cette remarque dans le coin de la page puisque véridique. En effet dans cet opus, les femmes sont particulièrement dangereuses et roublardes à l'image de l'Hirondelle d'or de King Hu, et le métrage fait preuve par moment d'une telle violence que le gore qui l'accompagne renvoie immédiatement à Chang Cheh pour sa couleur rouge fluo digne des futurs gialli italiens réalisés par Dario Argento ou encore Mario Bava. La comparaison s'arrête là puisque cet Enfant massacre s'avère à des années lumières d'un Shaw ou d'un polar transalpin, pour s'axer d'avantage sur une ambiance dramatique et particulièrement sombre.
Le film n'a d'ailleurs pas beaucoup d'intérêt dans le fond, puisque l'on assiste à un enchaînement de duels et de défis sans queue ni tête histoire d'impressioner le spectateur en recherche de barbaque à passer à la purée. Tout le monde y passe, dans un festival goresque digne des seventies : les femmes ninja se font découper à la pelle, comme ces miliciens vêtus de grands chapeaux (pour impressionner les adversaires). Pas de pitié pour les salopards pour reprendre un titre de western italien, Ogami Itto n'épargne personne se mettant en travers de son chemin. Ceci dit, en dehors de son approche divinement barbare du chambara traditionnel (on repense tout de même à la séquence finale de Sanjuro de Kurosawa Akira), L'enfant massacre est un brillant film sur les valeurs et traditions des shoguns. Les "clients" exposent leurs problèmes à Itto, le suppliant de les sauver pour 500 malheureuses pièces d'or afin que leur clan perdure. Itto n'est finalement qu'un pantin, plus vulgairement une "prostituée" puisque l'on le sollicite uniquement pour assouvir ses plaisirs personnels. Personne n'est intéressé par le fond de sa personne, seule sa lame compte au détriment de tout le reste. Bien qu'ultra violent d'un point de vue formel, ce second opus réserve son lot de séquences mémorables comme le massacre intégral d'un ninja par une bande de femmes armées de couteau le tout dans un silence de cathédrale. On trouve encore de sublimes moments sur le bateau en flammes ou dans le désert blanc emprunt d'une aura quasi mortuaire. A ce propos, j'ai sûrement entendu l'un des plus beaux monologues du cinéma de Misumi voir même du cinéma nippon tout court et je terminerai avec :
Après s'être fait égorger, un combattant dit d'une voix faible:
Mon cou...mon cou...on dirait qu'il chante, mon cou. J'avais déjà entendu parler de cette technique qui fait chanter le cou de l'adversaire comme le vent d'hiver dans les herbes et les bambous. Depuis toujours, je voulais essayer cette technique. Je voulais entendre cette musique sortir du cou de mon adversaire. Mais c'est de mon cou qu'elle sort. Je suis ridicule"
Esthétique : 4/5 - Le film se déroule en grande partie dans la nuit. L'occasion d'apprécier les formidables éclairages.
Musique : 3.5/5 - Absente sur la longueur, elle n'intervient que durant le prologue et l'épilogue. Etrange et effrayante.
Interprétation 3.5/5 : Wakayama est comme d'habitude, formidable de nonchalance. Des personnages mystérieux.
Scénario : 2.5/5 - Il n'y en a pas, mais qu'est-ce qu'on s'en fiche?
celui que tous préfère.. en tout cas certainement un des plus sanglant
Plus linéaires et beaucoup plus simple.
Adapté d'un manga qui explorait les Us et Coutmes du Japon à l'ere Edo. Koike avait fait ses devoirs. Le série reposait en effet sur les coutumes de l'époque. Ogami et son fils étant confronté à ces coutumes. Chaque épisodes pérsentaient un aspect différent de la culture nipponne.
En effet, le Contrat du jour était toujours lié à un règles, une lois ou une coutumes en vogue à l'époque. On nous présentait un groupe (Yakuza, Comédiens, Shinobi), un métier (sonneurs de cloches, amuseurs publiques, bandit), une technique martial et ses armes employées, une lois tacites ou une coutmes (le deiri des Yakuza, les procès entre deux Hans) ect ect
Cette façon de faire informait, apprenait.... Mais avait peut avoir avec l'histoire d'Ogami au sens où les Américains l'entendent. Vous avez surement remarqué qu'un films US raconte une histoire et tourne les coins rond en termes d'éléments dit "gratuits". La série Manga en fait n'était constitué en gros que de ce que l'on omme ici "d'éléments gratuits". Je dis cela pour bien faire comprendre comment est le mangas.Donc le contraire d'une saga héroique traditionnel.
Les aventures d'Ogami étant provoqué par les Us et Coutumes.
Un prétexte pour un tour guidé du Japon de l'époque. Bien sure, on nous arcontait aussi son histoire personnel. Mais au début, de façon épisodique.
L'adaptation ciné ne pouvait adopter cette structure à moins de faire 2000 films. Par exemple, au hsard, on a vu l'échec du Wu Xia Pian de Ann Hui. son regard ethnologique et historique n'a pas plus. Mais on a apprit bien des choses sur les diverses ethnies chinoise.
Donc comment adapté un manga qui se concentre sur les techniques martials, les faits historiques et le "comment on vivait à l'époque". ce qui aide, c'est que Koike lui même a adapté sa série.
Pour cet épisode, on prend donc 2 histoires et on les mélanges ensembles. Dans ce cas çi, celle des 3 frères-dieux de la mort et un soupçon de celle impliquant les betsushikime, ces femmes guérrière. Et on mélange le tout.
Donc, on assiste à une synthèse de la saga d'Ogami et son fils et on y colle les éléments de 2 ou 3 histoires. Et ça fonctionne.
Côté sabre, c'est "the real thing" comme disent les anglais. Tomisaburo Wakayama est un vrai sabreur. Et ça se voit. Donc, de ce côté, ce film est l'un des meilleurs chambara.
Comme c'est aussi un des rares chambara à avoir fait son chemins jusqu'en Occident, et comme c'est le plus sanglant du groupe des chambara arrivés ici, c'est l'un des plus populaires.
Ce volet boulverse un peu les conventions, il y a des amazones sans pitié, et surtout, ici, c'est l'enfant qui sauve le père.
Par contre, même si les adversaires utilisent aussi des armes moins conventionnelles, je ne les ai malheureusement pas trouvé charsmatiques, c'est le point faible de L'Enfant Massacre, je trouve, mais çà reste quand même un film de bonne qualité !
gilette, la perfection au masculin!!!
véritable suite que ce baby cart 2 , il y a des films ou l'on peut voir le numero 2 sans avoir vu le 1er volet, mais ici il vaut mieux avoir vu le 1er épisode pour bien se mettre dans le personnage d' itto ogumi et son fils daigoro. de tres nombreux combats créatifs et hyper sanglants pimente ce recit.les combats, avec des armes blanches terrifiantes sont le principal atout de ce film, meme le fils ,qui doit avoir 2 ou 3 ans donne un coup de main a son pere dans les scenes de combats ( voir la scene ou les lames sortent du coté des roues du chariot et coupe les guiboles des adversaires d'itto) dommage que ce film est si vieux ,"gilette" aurais pu faire une pub remarquable pour les lames de rasoir!!!!!! plus de combats que dans le numero 1, mais un scenario tres faible, mais bon ,ici c'est pas bien grave.
Le meilleur de la série et ce n'est pas peu dire
Vraiment jouissif ce chambara. 1h20 de combats ininterrompus, même Daigoro dégomme des amazones, le film est une succéssion de scènes cultes, à voir d'urgence. Perso je ne m'en lasse pas, tout est excellent.
Un grand poème d'ultra violence.
Grande suite paroxystique d'un petit monument, Baby Cart l'enfant massacre c'est l'art absolu du plan. Misumi, en esthète sanguinolent, fait rentrer dans son cadre avec une élégance inouï la beauté du geste. Calligraphe aiguisé, il fait trancher, découper, pénètrer les corps comme si le sabre du loup solitaire était une plume ou un pinceau. Maître absolu de la combinaison martiale, tout ici ne lui sert que de prétexte à ce que survive l'art et la manière. Désinhibé de toute dramaturgie, et tout en la diluant dans de multiple histoires de clans faussement compliqués, Misumi ne s'intéresse qu'à la plus pure valeur graphique de ses images. Monument de jouissance, le sang y gicle comme autant de geysers, de substances séminales qui n'ont de cesse qu'à assouvir notre désir de voir. Qu'à satisfaire nos fantasmes délirants de corps en fusion. Joyeux mannequins aux morts théatralisés et sacrifiés à la délectation du regard.
Les membres volent, les corps sont découpés en morceaux, Misumi ne cesse de travailler une matière. Picturals et fatals, ses plans sont parfois comme une série de vignettes ou d'arrêts sur images. Privilégiant l'image choc, l'instant idéal où le sabre du loup solitaire tranche de la façon la plus original qui soit, L'enfant massacre ne cesse d'être la quintessence d'une violence sublimé. La représentation fantasmagorique et obsessionnel de la pureté et variété du geste condamné à une immense boucherie d'une insensé poésie.
Multipliant les contrastes en partie grâce à l'enfant, c'est avec une élégance et une brutalité inouï que Misumi fait se syncoper ou se mélanger ses images. Là le visage pure de Daiboro face à un sein à peine dévoilé au frontière de la mort et du danger, ici ses mains qui actionnent l'un des multiples gadgets de son landau afin qu'une lame pénètre le corps d'une amazone. Art d'à peine dévoiler et de tout montrer d'un raccord à l'autre. De découper une poitrine féminine par la lame comme de nous suggérer un sein petit et délicat. Maître du surgissement, du dévoilement, Misumi est à la fois peintre et poète de l'ultra violence, du désir et de nos plus grandes perversions. Immense cinéaste pop, grand coloriste, il sait atteindre ce moment rare où le plan, ses raccords, son mouvement intérieur, se suffit à lui-même. Où la jouissance est pleine dans l'instantanéité de l'image. Egalement petit théoricien d'art abstrait et du motif, il pratique un cinéma qui ne cesse de croiser la forme de l'estampe, le collage, et la superposition. Monument trans genre, L'enfant massacre est une quintessence japonaise de cinéma qui ne cesse de croiser des styles tout en se les accaparants totalement.
Au-delà de son sublime tricotage, ce Baby Cart se révèle une nouvelle fois d'un humanisme rare. Définitivement individualiste, le loup solitaire ne cesse d'incarné la morale du juste. Tel une figure implacable et imbattable, il traverse un japon décadent dans lequel il ne tombe jamais. La femme, ici amazone vengeresse, y est toujours d'une beauté fatale.
?
Immense, exceptionnel, Baby cart 2 pulvérise les limites de l'opus précédent en n'affirmant non plus la contradiction du style mais le style de la contradiction. Le nihilisme s'efface au profit du néant, le désert, le sens au profit du non sens, l'impensé de l'exceptionnelle scène d'ouverture. C'est alors que la pupille noire et insondable d'Ogami Itto rejoint le spectateur dans le gouffre de l'absolu non être au dela de toute moralité, de toute amoralité. Baby cart 2 est un monumental film-point d'interrogation, célèbre l'extrème aliénation de l'homme dans son extrème expression, l'exaltation constante des sens née de la mise en ordre du chaos commandé par l'artiste. Un météore.
Sanglant, kitsch, et quelques dialogues d'anthologie...
Pas universel comme son prédécesseur mais chef d'oeuvre du genre...
Il n'a pas la capacité du premier à transcender les genres et se poser comme un grand film avant tout, mais il élève le genre qu'il a bouleversé à un autre niveau.
Si vous pensez qu'il est impossible de marier le sombre nihilisme des meilleures oeuvres post-nukes avec l'ultra-violence jouissive des meilleurs films gores, l'implacable froideur et efficacité des meilleurs slashers, et de le faire avec une photo et une réalisation dignes d'un film d'auteur et des acteurs tout simplement sans fautes... alors regardez ce film et changez d'avis.
ENCORE PLUS SANGLANT QUE LE 1ER!!!
voir le 1 pour ma critique de la série