Ordell Robbie | 3 | Mise en scène et chorégraphies compensent un scénario décousu. |
drélium | 3.25 | Un drame social un peu trop éclaté et caricatural mais sympathique malgré tout ... |
L'histoire commence par un prélude sur l'enfance des deux héros. Deux frangins turbulents vivent dans les bas quartiers de Hong Kong au début des années 60, une vie âpre cernée par la violence qui laisse forcément des traces. Ce premier morceau installe correctement le duo et les deux gamins toujours prêts à se bastonner font preuve d'une belle énergie qui les rend sympathiques. Le portrait est réaliste et les personnages originaux, notamment ce jeune marié drogué qui veut forcer sa femme à faire des strip tease en public alors qu'elle refuse catégoriquement de le faire. Nous retrouvons ensuite les deux frères au début des années 80 où le cadet, joué par Chin Siu Ho, et sa bande de copains copines vont s'attirer des ennuis en provoquant un gang de "bad tronches" qui roulent en porsche. L'aîné quant à lui, interprété par un Philp Ko Fei convaincu et convaincant, tient un bar discothèque, suivant la voie de son père, et semble s'être rangé des bétises de sa jeunesse.
Au rayon des bons points, Nam Lai Choi propose un scénario plutôt bien ficelé où chaque protagoniste est lié à l'autre, avec des personnages assez intéressants, notamment les deux frères et Wang Lung Wei, dans un rôle non martial pour une fois, qui joue un flic assez tyrannique et un père à la main lourde. Un cercle bien senti de relations se tisse et apporte son lot de tension et de noirceur. Pourtant, le récit est surdécoupé de scènes rigoureusement accessoires qui montrent déjà la logique unique du futur maître du n'importe quoi. Nam Lai Choi part un peu dans tous les sens et s'attarde très longtemps dans le coeur du film sur les jeunes qui inventent des stratagèmes tous plus farfelus les uns que les autres pour humilier le gang des "bad tronches", alors que tout cela n'a débuté que pour une course en voitures perdue. Ces scènes débiles à souhait, bien que vaguement spectaculaires, n'apportent pas grand chose au pitch principal qui aurait mérité un développement plus ample à la vue des relations et interconnexions posées au départ. Philp Ko Fei, le frère ainé, en pâtit et on ne le voit que trop peu au final.
La mise en scène reste ténue et emprunte d'une violence maussade et directe qui nous fait croire en Nam Lai Choi. Les scènes d'action en particulier, les bastons notamment, y sont très réussies, nerveuses, et rappellent le chaos des polars secs tels Man on the brink ou le réalisme des films de yakuzas nippons. Une chute vertigineuse du toit d'un immeuble et un pré final extrême ajoutent encore au côté ténu et noir de la chose. Je parle bien de pré final car le final en lui-même, bien que cohérent, tombe plutôt comme un cheveu sur la soupe.
Il est difficile (et inutile) de tout résumer tant ça part dans une multitude de directions pas toujours probantes mais Brothers from the walled city, bien qu'assez bancal, parfois caricatural et un brin molasson, reste un drame social pas dénué d'intérêt et plutôt sympathique au final qui risque de bien accrocher les amateurs.