Un film étonnant sur une communauté pauvre de Hong-Kong. Réaliste et très humain
Des drames de 2h10, c'est plutôt rare dans la production Hong-Kongaise. Cageman est donc un film original et à part, sans aucun doute le premier de ce genre que je vois à Hong-Kong. Le film est intéressant car il ne prend pas de parti pris ni de tournure trop hollywoodienne. Pas de méchant promoteur et de gentils pauvres unis pour résister. Pas non plus de grande scène poignante ou final à sensation. Le classer est même assez difficile, car si drame il y a, il n'est jamais traité comme si, et le film est plein de scènes joyeuses ou comiques.
Si le titre vous intrigue, vous risquez de l'être encore plus dès le début du film. Des gens qui vivent dans des cages comme celà, je n'aurais pas penser que cela existait à Hong-Kong. Mais c'est la seule manière de protéger le peu de biens qu'ils possèdent. La communauté est donc comme un immense dortoir, mais avec des grilles. Ne vous attendez cependant pas à un traitement larmoyant du genre 'les désastres de la condition humaine'. Car cette communauté est plutôt joyeuse, et même le jeune Mao qui y débarque y trouve ses marques.
En plus de 2 heures, le film brosse le portrait d'une ribambelle de personnages, tous très humains, avec leur qualité et leur défaut. A ce niveau, le film est très réussi, même si les deux Councillors sont un peu caricaturaux. Chacun tente de récupérer le maximum de couverture médiatique avec cette histoire, et les deux renchérissement de fausse bonté et de faux dévouement. 'Mon assistant va venir passer trois jours ici', 'J'ai décidé de venir PERSONNELLEMENT passer trois jours ici', 'Et bien puisque vous insistez tous, je vais moi aussi passer trois jours ici'. 'Je vous paye le repas du soir !', 'Et bien moi le petit déjeuner de demain !'. Tous les autres personnages sont beaucoup plus réalistes et attachants. En fait, seuls les riches sont plutôt dépeints comme avares et intéressés par leur seul bien-être.
Le traitement de l'histoire est relativement simple, pas d'effets de style, pas de grandes scènes dramatiques, simplement la vie de tous les jours. La réalisation est très discrète et laisse la part belle aux acteurs et à leurs personnages. A noter tout de même un magnifique plan séquence lors de la dernière fête dans l'immeuble
à la fin, ainsi que l'intervention de la police et des pompiers un peu plus tard. De bien belles scènes, qui charment par leur simplicité.
Au final, on est loin d'un drame émotionnel qui se terminerait par un final déchirant. C'est plutôt un joli portrait d'une communauté avec ses joies et ses malheurs. Les acteurs sont tous très bons dans des rôles d'importance égale, ce qui est plutôt rare. La parole est laissée à chacun, et on sent une vraie complicité
entre tous ces personnages. La principale réussite du film est là : la communauté recréée est tout à fait crédible et attachante.
Aquarium.
Le sujet de la crise de l'immobilier à Hong Kong avait été traîté il y a quelques années dans un documentaire sur la chaîne ARTE, il montrait la vie de gens dont l'appartement se résumait à un placard !!!
Avec ce film on montre la vie d'une communauté vivant dans des cages.
Jacob Cheung traîte son sujet avec beaucoup (trop ?) de recul pour rendre cette histoire attachante. Plutôt qu'un drame social, il s'agit d'une sorte de documentaire sur la vie d'une micro société aux us troglodytes. Les interprètes constituent le plus grand intérêt de ce film qui fait tout de même plus de 2 h 00, Roy Chiao et Teddy Robin Kwan sortent aisément du lot. Pour le reste : pas d'effets racoleurs, un peu d'humour, une grande légéreté qui donne un sentiment d'ennui parfois pour un film qui se regarde comme on regarde vivre des poissons dans un aquarium...