Un pur enchantement
C’est avec ce genre de films qu’on reconnaît les grands cinéastes, et IM Kwon-Taek en est un, assurément. Rendant hommage au pansori, cet art à mi-chemin entre le théâtre et la chanson, il nous conte une histoire d’amour simple mais sublime en évitant tout pathos grâce à la distance et au détachement qu’il arrive à créer entre les personnages et le spectateur par le biais de la voix-off braillante. Et comme les fans du chanteur qui, dans l’amphithéâtre, se lèvent, dansent, crient et réagissent à la moindre de ses paroles, le spectateur du film, lui, regarde avec un sourire béat et une bonne humeur communicative les rebondissements successifs d’une intrigue pourtant courue d’avance, si tant est qu’il rentre dans le jeu. Véritable audace cinématographique sortant du train-train habituel l’immense majorité des films en costume, Le chant de la fidèle Chunhyang nous offre même une scène de torture plus douloureuse encore que l’interminable fouettage de Jésus dans la Passion du Christ. C’est dire si les surprises sont nombreuses…
En résumé, une œuvre inoubliable et essentielle, un fleuron du cinéma coréen et mondial doté d'une mise en scène et d'une photographie somptueuses.
Quand on filme un opéra ...
Le risque est d'oublier le clivage entre l'oeuvre cinématographique et la dramaturgie chantée. Il faut admettre que les images illustrant ce chant sont proprement renversantes. Les qualités esthètiques de ce film ne sont nullement à remettre en cause. Toutefois, un film ne se base pas uniquement sur sa photographie, aussi belle soit-elle. Le rythme, l'interprétation et surtout la narration, sont des élèments primordiaux. Or, en toute subjectivité, ce film m'a semblé éminament soporifique.
L'interpretation appuyée ( aux dialogues trops littéraires ) et une mise en scène statique ( classicisme imposé par le ton de l'histoire ) engendrent un certaine immobilité de l'action ( entendez par là narration ) qui contraste avec les fondements d'un cinéma de mouvements ( Baroque et animation sont l'essence du cinématographe ! ).
Evidemment, la préciosité de cet amour n'accepte pas un montage elliptique ou pire, acceleré. Il n'en demeure pas moins que la lenteur du métrage à de quoi exasperer. On pourra encore arguer que je suis dénué de la finesse nécessaire à l'appréciation d'un tel film. Cela ne m'empeche pas d'aimer les WKW. Et puis, pour ce que vaut mon avis.
Le chant du signe de l'amour
Merveilleuse retranscirption de l'art du pansori : Kwon-taek IM démontre une nouvelle fois l'étendue de sa maîtrise de sa mise en scène.
Sur fond dun spectacle de pansori, le réalisateur nous MONTRE réellement l'histoire - autrement imaginée par les spectateurs - prendre vie à l'écran; mail ne perd pas de vue, qu'il s'agit avant ttout d'un spectacle et revient régulièrement à la salle de spectacle. Il arrive par conséquent à retranscrire un effet INTERIORISE propre au public : fasciné par un spectacle, il nous arrive d'être transporté au coeur même de l'action avant de recouvrir notre lucidité et de revenir au présent pour quelques instants.
L'histoire- elle - est une magnifique histoire d'aour très pure; si nous sommes habitués aux coups de théâtre et autres drames historiques et persuadés, que cet amour est tout bonnement impossible, il est quasi jubilatoire d'assister à un conte à la simple et naïf, où l'amour connaîtra un véritable happy end.
Reste, que l'histoire contient assez de revirements inattendus pour être tenus en haleine de bout en bout, même si quelques passages s'étirent quelque peu en longueurs.
IM n'oublie pas non plus d'accorder une grande place à la nature et d emettre ainsi en parallèle la véritable sensibilité des personnages - en effet, s'ils sont sensibles au sentiment de l'amour (et s'y tiendront jusqu'au bout), ils sont également liés intimement liés à ce qui les entoure. Leurs nombreuses références ne sont donc pas de simples citations creuses, mais des acquis assimilés.
Un très grand film, pas accessible à un grand public de par la tradition particulière du pansori et une mise en scène longue et contemplative, IM aura pourtant magnifiquement réussi à traduire la belle légende de chunhyang à l'écran.
Brilliant
Im Kwon Taek est un maître. Une oeuvre mature, puissante et très belle. Photographie impeccable, excellente mise en scène, orginalité de la narration (pansori)... Du grand art.
Exercice de style
IM Kwon-Taek découvert sur le tard en Occident présente une filmographie d’une grande richesse dont ce CHUNHYANG est un bel exemple de sa maîtrise.
Ce qui surprend, c’est la forme utilisée par le cinéaste, s’appuyant sur la tradition locale du Pansori, sorte de récit chanté ou plutôt déclamé. Son film est en effet une histoire légendaire mais contée à notre époque moderne par un récitant devant tout un public acquis à son art, la caméra revenant occasionnellement sur lui, mise en abîme certes classique mais relayée par une forme plutôt inédite. KITANO reprendra l’idée avec DOLLS, associant aux mendiants de l’amour le BUNRAKU, cette représentation traditionnelle du théâtre de marionnettes nippones.
IM Kwon-Taek réalise ainsi un brillant exercice de style, se reposant sur une beauté formelle exceptionnelle. Les plans composés sont de véritables tableaux aux coloris fastueux, tandis que la nature environnante est sublimée par une photographie magnifique. L’enchantement est permanent, mais le caractère hermétique de cette œuvre l’empêchera hélas d’accéder à un plus large public : la découverte de cette forme d’expression toute coréenne pourra déconcerter pas mal de gens, les cris du récitant s’avérant parfois surprenants voire irritants. On peut également voir là le parfait film de festival calibré pour surprendre par son exotisme, heureusement l’histoire entre Chunhyang et son gouverneur amoureux est d’une limpidité et d’un optimisme vraiment rafraîchissants venant tempérer ce jugement négatif.
Servi par une belle direction d’acteurs, CHUNHYANG est au final un beau film, dont la langueur tranquille et la morale souriante peuvent facilement séduire et intéresser celui qui fera l’effort de pénétrer cette tradition culturelle encore méconnue par ici.
ORIGINAL
Un film en costumes déconcertant (la narration se fait via le pansori mais j'ai plutôt apprécié l'effet rendu au niveau artistique) racontant une histoire d'amour dramatique entre un noble et une courtisane. Ici point de combats aux chorégraphies virevoltantes mais une virtuosité certaine grâce au chant et à la photographie. Il est fort dommage cependant que les acteurs ne soient pas très convaincants.
L'amour...
Pour certain il s'agit de niaiserie, pour moi ce film est formidable. Peu aurait pu faire vivre de façon si majestueuse une histoire si vieille et su désuète. Les acteurs et surtout le réalisateur y sont vraisemblablement pour quelque chose...
Les passages chantés sur scène j'avoue, sont un peu durs à nos oreilles occidentales et nous attendons avec impatience que reprennent l'histoire la vraie, celle avec les acteurs mais... ce film ne serait pas ce qu'il est sans ces passages chantés et scandés au tambour (ce dernier porte sûrement un nom spécifique mais je ne le connais pas!!). Si ChunYang est ce qu'elle est c'est aussi grâce à la mémoire populaire, et le réalisateur nous le rappelle de façon ingénieuse. Ce film est beau, quant à l'histoire elle n'a rien à envier à Roméo et Juliette loin de la...
Absolument absolu
Le romantisme serait-il une affaire de vieux ? La tragédie serait-elle une affaire d'hommes d'affaires ? Im Kwon-teak et Shohei Imamura d'une part ; Andrew Lau, Tsui Hark, Ronnie Yu, Young Jun-kim d'autre part. Chunhyang, cette fin du cinéma, tient des deux. Il tient de l'offrande. Vous, moi, nous sommes tous devant le cinéma. Le cinéma échoue. Mais cet échec est dans la réalité. Elle déborde le cinéma de partout, elle rampe, elle se multiplie. Nous vivons dans un monde tellement saturé de réel, que les images deviennent invisible. Il n'y a que des miroirs, de la pornographie, de l'actualité. Alors que le cinéma n'est jamais miroir, pornographie ou actualité. Le cinéma, c'est ce qui se soustrait à l'effet de réel (et c'est là que Barthes comme Bonitzer se plantent). L'image vit malgré la réalité. L'image, c'est l'illusion. Ce qui résiste à tout ce qui la fait vivre : marketing, art, critique. Et nous avons besoin d'illusion, nous avons besoin de fausseté, nous avons besoin d'inauthentique. Les grecs le savaient, eux qui, comme le disait Paul Veyne, "n'ont jamais cru à leurs mythes". Nous non plus. Mais ce n'est pas là l'important. L'important ce n'est pas de croire. C'est de regarder. De se laisser être tout entier regard. Alors le cinéma, dans la tragédie, dans la romance, perd la réalité, regagne son poids d'illusion contre la pornographie du réel. Chunhyang, c'est ce combat gagné. Comme les pornos d'Andrew Blake, comme les comédies musicales de Demy, comme les romances délirées de Powell et Pressburger.
tres beau film,poignant par moment
mais que les scenes chantées par le vieil homme sont pénibles.
Une interpretation des acteurs remarquables et boulversantes .
-Un chanteur de Pansori interprète sur scène et en public l'histoire très connue de "Chunhyang"...
Au 13ème siècle, le jeune Mongryong, fils du gouverneur de la province de Namwon, tombe amoureux au premier regard de la belle Chunhyang , fille de Wolmae courtisane retirée et de l'ancien gouverneur. Celui-ci est mort avant d'avoir pu tenir sa promesse d'épouser la mère de Chunhyang.
Les deux jeunes gens ( une quinzaine d'années ) se marrient en secret ( Chunhyang, fille de courtisane, étant d'une classe inférieure ). Très vite, le père de Mongryong est nommé ministre à Séoul et son fils n'a d'autre choix que de le suivre et d'y poursuivre des études afin de devenir haut-fonctionnaire. Les deux époux se jurent fidélité jusqu'à leurs retrouvailles, et Chunhyang reste sans nouvelles pendant trois ans...
Rarement un film m'aura fait prendre consience que l'amour peut etre la plus terrible des douleurs .
sublime recit sous fond de sori
ou comment faire un grand film avec une si pauvre et si classique histoire.tout simplement en etant un grand cineaste :-)