Jae-Mun, un gangster pas comme les autres
Le personnage principal de "Cruel Winter Blues" est décidément bien étrange, d'une part rongé par la vengeance et entrainé dans une spirale de violence sans fin, et d'autre part altruiste, humain et drôle. Ce rôle compliqué est donné sans faute à SEOL Gyeong-Gu, qui impose sa classe et un jeu impeccable du début à la fin, faisant même de l'ombre à NA Mun-Hee, qui détient pourtant un rôle clé dans le film et dont on connait l'incroyable carrière, une véritable institution en Corée.
Malgré les moments de détente, l'ambiance est particulièrement tendue dans ce film, et on ne peut s'attendre qu'à une issue assez sombre pour Jae-Mun et son coéquipier Chi-Guk. Pour le reste, le petit village typiquement coréen et ses habitants viennent compléter le tableau "Gangters à la campagne" (comme l'avais brillamment fait TAKESHI Kitano dans "Sonatine").
Quelques petites choses m'ont gêné néanmoins dans ce film, à savoir les personnages de la livreuse et le jeune Chi-Guk qui ne sont pas très bien exploités, et également la fin qui est un poil invraisemblable par rapport au reste du film (c'est le traditionnel problème des polars coréens : il faut toujours qu'avec 2 balles dans l'estomac et 3 poignards dans le dos, le gars se relève aller fumer sa clope et aller faire un dernier truc qui lui tient à cœur avant de mourir).
Enfin, le réalisateur LEE Jeong-Beom signe apparemment son premier film avec ce "Cruel Winter Blues", il faudra donc guetter la sortie du prochain !
Le cadet de tous les soucis
Dans le genre, ce drame noir serait à rapprocher de "A Family" dans une même volonté de mélanger le film de gangster à une étude plus approfondie des mœurs. Moins ne compte finalement la mission d'élimination, plutôt que l'attente des principaux personnages et leur imperceptible changement de voir la façon des choses au contact avec un quotidien campagnard plus "pur" que le milieu mafieux de Séoul.
Le mélange fonctionne à merveille la plupart des temps, porté à bout de bras par un casting impeccable, dont Sol Kyung-gu (Public Ennemy) et Na Mun-hee (You are ma sunshine) en tête. Cette dernière illumine d'ailleurs l'intrigue et l'écran à chacune de ses (trop) rapres apparitions dans le rôle de la mère de l'adversaire à abattre. Elle dégage une rare vitalité, capable de remettre en place tous les petits voyous lui parlant mal (et qui oseraient pisser sur son chien!!!); mais elle est également fragilisée par une vie rude.
Elle aura un fort rôle à jouer face au rôle principal – et malheureusement le réalisateur Lee Jeong-bum (et ses scénaristes) ne réussissent-il pas à tirer le plein d'avantage de la situation. La sagesse et les discrètes – mais absolues – leçons de vie de la vieille dame font des merveilles sur son petit entourage et font d'autant plus l'inévitable affrontement final.
Malheureusement le film reste à la surface des choses, n'approfondit pas totue sa philosophie de la vie, ni l'intéressante psychologie des personnages. Le héros principal doit lutter contre des vieux démons (dont le principal sera maladroitement amené aux trois quarts du film pour justifier la fin), la mère est une véritable lutteuse pour ne pas craquer. Le bras droit hésite entre le bien et le mal; et la fiancée semble cacher des profondes blessures. Tout ceci ne sera qu'effleuré pour dramatiser au maximum tous les éléments de l'intrigue.
Aussi la scène finale de la mère est-elle terriblement étirée en longueur pour provoquer un trop-plein d'émotion. Propre à quasiment tout premier film, "moins" est souvent signe de "plus" et une coupe franche du gros de cette scène aurait fait davantage d'effet que d'étaler le trop-plein de sentimentalisme dans toute sa splendeur.
Néanmoins un bon petit titre à se détacher du lot des films de même genre et à surveiller les prochains pas du réalisateur de très près.
pom pom pom...
Un petit film sympatique, mais trop convenu et attendu pour réellement accrocher l'attention... parfait exemple du film qu'on ne se rappellera plus dans deux semaines si on l'a vu ou pas.
11 janvier 2008
par
Epikt