Fire fire Baby !
Cry Baby est une chouette comédie musicale de John Waters dans laquelle le beau Johnny Depp est tiraillé entre deux mondes, l'un supposément angélique ("Les coincés"), l'autre démoniaque ("Les frocs moulants"). Là, c'est pareil avec ce démon, Devilman - prononcer [devilouman] qui hésite à choisir son camp avant de carrément créer le sien. Je schématise un brin.
C'est globalement assez génial. Proposons quelques défauts pour la route : une animation parfois moyenne, des rebondissements chanmé et du twist slasher dans les boucheries qui surfe un peu sur L'attaque des titans, je dirais, avec tout de même une dimension cul post Urotsukidoji bienvenue. Quelques ellipses accélératrice crispent un peu, mais elles servent la série. Si on les avait correctement développées, on se retrouverait avec de grosses redondances aperçues ailleurs depuis (je pense aux X-Men). On connait, les auteurs aussi. Par ailleurs, ils ont su conférer de l'importance aux points qui le méritaient, comme cette ampleur donnée à une petite "caillera" chevelue en retrait qui devient un milicien du genre Lacombe Lucien sur la fin. Alors foca sur les persos et une poésie de la destruction terrassante. Ca me va.
Donc, oui, Yuasa meets Go Nagai, c'est une vraie claque blindée de bonnes idées (le shoot d'anime, mais aussi certains passages simples qui font mouche, comme ce discours naïf de la minette sur twitter contrebalancé par les posts haineux) sublimées par un score formidable de Kensuke Ushio. Son travail sur ping pong était sympa sans m'interpeller vraiment, sa comptine d'A Silent Voice plait à certain(e)s tout comme la zic de Burwell pour Twilight - y'a de la cover au piano sur Youtube - mais bon, voilà quoi. Et là... BAFFE ! De l'électro au poil, de la techno, des trucs mignons au piano dévoyés ensuite vers le déviant, des choeurs, des percutions épiques... On vient de trouver un bon compositeur qui manie et mélange l'éclectisme comme un Dieu, faut pas le lâcher ! Kensuke Ushio, aka Agraph. Kensuke Ushio, Kensuke Ushio, Kensuke Ushio... Je l'écris plusieurs fois pour que ça rentre.
Nota : Yuasa & les chats, c'est un peu comme Oshii & les zozios, non ?
Nota 2 : Faut arrêter d'emm..... Yuasa avec le character design. Ses histoires et personnages existent d'abord par l'animation ; jamais une capture d'écran ne lui rendra justice. Faut se laisser porter par la vague.
Nota 3 : Merci beaucoup à Ordell pour le conseil.
Le propos (pas très original) de cette série peut paraître naïf mais je trouve le récit assez fluide, le character design grossier "frais" changeant un peu de ceux de Ghibli (que j'adore) pour donner un exemple connu. Les personnages sont suffisamment développés, l'ambiance bien glauque et les moments touchant pas si rares, notamment la fin. Et une pincée de naïveté, parfois, ça ne fait pas de mal. Disponible uniquement sur Netflix.