Columbo de poulet assez moyennement cuisiné
Issu du
CR du Festival du film policier de Beaune 2009
Le professeur Yukawa va devoir cette fois se mesurer à un ancien ami, mathématicien de génie, pour prouver sa culpabilité dans une sombre histoire de meurtre...
Malgré une mise en scène efficace, une photo correcte, de bons acteurs, une trame globalement intéressante et un prix de la critique à Beaune, on peut trouver léger l’affrontement au sommet entre ce génie mathématicien qui protège par amour la coupable d’un meurtre, et notre physicien super star. Au scénario on s’en est rendu compte en préférant noyer l’évolution de l’histoire dans le lacrymal plutôt que le cérébral ludique attendu, une constante facile plus généralement attribuée aux films coréens mainstream.
Un matheux tourmenté à gauche ; à droite prêt à s'écharper avec son ami le physicien.
L’affrontement en lui-même n’est jamais perceptible, c’en est gênant. Globalement, on a là l’épisode d’une série policière sympa – qui existe et que je ne connais pas -, qui se termine « à l’américaine » avec deux héros pensifs assis sur un banc, aidés dans leur acting les yeux au ciel par une ‘tite musique qui décolle et s’en va accompagner le générique de fin.
Suspect X est un passe-temps d’ordre télévisuel correct mais qui n’exploite pas bien, à l’écriture, son très bon pitch de départ. Ce gros potentiel méritait un traitement autrement plus approfondi. On pense parfois aux trames et à la structure du manga Detective Conan, plus pertinent dans ses déroulements. Voilà pour le négatif selon cette approche-ci, qui m’a accompagné tout au long de mon a priori et, donc, tout au long du film. Maintenant, du côté lacrymal, la chose est plutôt une bonne surprise : les personnages sont nuancés, la femme fatale toute en ambivalences et TSUTSUMI Shinichi assure dans le rôle du matheux tourmenté. Les rebondissements – j’insiste : d’ordre mélodramatiques – sont bien ficelés et quelques jolies scènes valent le détour : la représentation du théorème des quatre couleurs, les anxiétés du matheux… Dommage que le beau gosse FUKUYAMA Masaharu, sorte d'Ekin Cheng local, peine à atteindre ce (haut) niveau dans le rôle du physicien Manabu.
Un homme peut en cacher un autre
"Yōgisya X no Kenshin" est en fait la transposition du dorama japonais "Galileo" elle-même adaptée d'une série de romans à grand succès, "Tantei Galileo" de Higashino Keigo (auteur déjà à l'origine des adaptations "Lakeside Murder Case" ou encore "G@me").
Dans la série, une fliquette ambitieuse résout des cas mystérieux avec le soutien d'un physicien de génie, Yuaka "Galileo" Manabu. Ce dernier dispose d'un QI extrêmement élevé, qui l'aide à comprendre des mystères apparemment insolubles. Après une première saison en dix épisodes à l'audience record, les producteurs n'ont pas hésité une seconde à transposer le concept sur grand écran en ouvrant le film dans les salles le même jour que la diffusion d'un épisode spécial de 2 heures à al télévision du nom de "Galileo: Episode Zero".
Dès le départ (ou plutôt après une partie introductive sympathique, mais sans aucun lien avec la suite), on est plongé dans le bain…e l'histoire pour ceux, qui ne connaîtraient pas la série (sans grande gravité) ou en territoire connu pour les aficionados de l'excellente série d'origine: un meurtre sera commis, les coupables connus, puis c'est à Utsumi Kaoru de mener sa petite enquête en recourant une nouvelle fois à l'aide de "Galileo"; sauf qu'à la différence des épisodes TV, on apprend enfin un peu plus sur le charismatique physicien de génie, qui sera confronté à une vieille connaissance et ancien rival, le mathématicien de génie Ishigami Tetsuya. Galileo est très rapidement convaincu de l'innocence de son ancien ami, qu'il soupçonne de manipuler la police pour couvrir l'identité de la vraie coupable, la voisine d'Ishigami…C'est donc à une véritable partie d'échecs entre deux cerveaux de génie, que l'on assiste, à savoir lequel des deux hommes saura mettre l'autre échec et mat.
La force du film réside en tout premier lieu dans la remarquable interprétation de l'ensemble du casting. Shibasaki Kou ("One Missed Call", "Battle Royale 1") prouve une nouvelle fois l'étendue de son talent, même si son personnage reste carrément en retrait par rapport aux deux véritables héros de cet "épisode": l'acteur spécialisé dans les doramas nippons Fukuyama Masaharu ("To Daisuke in heaven") se bonifie à chaque épisode et donne totu charisme au singulier personnage de "Galileo", tandis que Tsutsumi Shinichi explose littéralement dans son rôle de l'inquiétant Ishigami à mille lieues de ses habituelles compositions dans des comédies à succès ("Always: Sunset on 3rd Street", "Maiko Haaaan !!!").
L'histoire ensuite, avec le terrifiant meurtre au début, qui tient davantage de l'autodéfense pour préserver l'harmonie familiale, que du meurtre de sang-froid prémédité…Le dévouement du mathématicien et la partie d'échecs psychologique, qui s'ensuit est d'autant plus terrible, que le côté calculé et pragmatique du calcul mental est contrebalancé par un facteur normalement absent du rayon scientifique: l'Amour.
On pourra toujours arguer, que certains personnages ne soient pas assez approfondis (Shibasaki Kou sous-employée, l'amoureux transi de la meurtrière, …), le jeu du chat et de la souris pas assez finement retracé ("Galileo" semble un peu trop à l'aise à percer la vérité à jour) et certaines scènes superflues (l'excursion des deux génies à la montagne, bien que ce soit là un magnifique affrontement physique, la confrontation de deux êtres d'exception loin de toute civilisation et le seul endroit possible pour s'avouer toutes les vérités…), mais il n'en reste pas moins, que ce "Suspect X" soit un très efficace thriller psychologique – et la transposition réussie sur grand écran d'une excellente série policière à la base, qu'il ne serait pas déconnant de voir débouler jusque sur les écrans français…
Du bon et du moins bon
L'histoire est plutot interessante dans le fond avec des retournements de situation propres au genre. Mais la forme n'y est pas toujours, et les dialogues tournent parfois a "celui qui pisse le plus loin" entre les deux scientifiques, enfin bon...
C'est pas le film sensationnel, mais on s'ennuie pas devant non plus.