Au travers d’une filmographie ne s’axant pas sur un genre précis immédiatement identifiable, Edmond Pang aura offert au cinéma de Hongkong quelques uns des films les plus intéressants de la précédente décennie. Pas tout à fait un an après sa comédie romantique sous fond de nicotine (Love in a Puff, 2009), voilà que le cinéaste s’attaque au revival d’une catégorie de films un peu honteux popularisés dans le courant des années 80, ces bobines corrosives, parfois extrêmes, classées Catégorie III. Avec Dream Home, Edmond Pang s’autorise tous les écarts de conduite possibles et inimaginables en offrant à Josie Ho un rôle de tueuse –non professionnelle- prête à tout pour s’offrir le rêve de sa vie : un appartement avec vue sur la baie de Hongkong. Incapable de réaliser cette prouesse financière, le prix du m² s’étant enflammé depuis peu (sans que les salaires ne bougent), la Josie est prête à faire voler les trippes pour satisfaire ce besoin quasi vital. Elle n’a jamais pu le faire pour ses parents (une famille peu aisée et un père tyrannique), à présent le temps presse.
Sur le fond l’idée du film est intéressante. En s’appuyant sur le genre slasher pour évoquer l’un des grands fléaux des métropoles de plus en plus bourgeoises, Edmond Pang fait parler son jeune talent d’alchimiste. Si le film n’est pas la grande promesse prévue, la faute à cette volonté de faire du gore pour du gore, Dream Home contient suffisamment de petites trouvailles pour mieux faire passer la pilule. Le plus important, déjà, la tripaille. En plus d’être parfois très drôles et chiadés, un ou deux massacres sortent du lot par leur sauvagerie et leur cruauté à faire pâlir nos vieux amis italiens : tout le monde y passe sans la moindre compassion, sans la moindre distance. Edmond Pang filme une Josie Ho affaiblie et au bout du rouleau, massacrant tous ceux qui ont eu la bonne idée de vivre dans l’immeuble qui l’intéresse. On raconte qu’un immeuble abritant une ou plusieurs personnes décédées porterait malheur à ses habitants, d’où cette volonté pour Josie Ho de faire porter le message aux agences immobilières et aux loueurs pour faire baisser un temps soit peu les bouillants tarifs. Une approche singulière qui n’excuse hélas en rien la sauvagerie du personnage de Josie Ho, difficile en effet de comprendre ses excès de sadisme tant son passé ne prête pas à pareil comportement. Il faut dire que Dream Home n’existerait pas s’il faisait de chaque mise à mort un banal exercice de précision : une balle entre les deux yeux pour chaque tuerie et la salle se vide de moitié. D’où l’ambiguïté du rôle d’Edmond Pang dans cette affaire : faire un film extrême car le genre s’est un peu perdu depuis quelques années, ou réellement dénoncer une politique.
La mise en scène porte aussi à confusion, il y a bien ces quelques plans en contre-plongée où les acteurs se font littéralement écrasés, absorbés par ces édifices de béton et de verre –d’où un message derrière-, ces vitres séparant Josie Ho de son rêve, à savoir une mise en scène en accordance avec son sujet, mais Edmond Pang s’applique à en mettre plein la vue sans toutefois convaincre : trop d’effets de style pour le spectacle, pour le m’as-tu vu : filtres à gogo, plan instable en légère contre-plongée sur Josie Ho pour bien signifier son éreintement, parmi d’autres tours de passe-passe pas bien formidables. Le film peine à donner au spectateur autre chose que de la barbaque à revendre, derrière un discours social atténué par une morale douteuse et comblé par des scènes gores graphiquement réussies mais donnant le sentiment d’être là en guise de spectacle à part. Dream Home c’est un sujet piquant et un spectacle gore. Mais où est le liant ?
Quitte à m'attirer une nouvelle fois les foudres d'autres spectateurs de ce film (cf. "True Legend"), ceci est un avis, qui n'engage que MOI et je conçois totalement, que l'on puisse adorer ce film…alors que personnellement, j'émettrai quelques réserves.
Donc voilà finalement sortir le premier slasher annoncé depuis des nombreuses années par Edmond Pang et qui aura mis quelques mois supplémentaires à sortir suite à des démêlés juridiques avec la coproductrice et actrice principale Josie Ho.
J'ai eu la chance de voir le film en avant-première mondiale au Festival d'Udine en 2010 dans sa version "director's cut" non-coupée et censurée, comme ce sera le cas avec la sortie ciné HK notamment.
L'attente en valait-elle la peine ? Certainement, "Drema Home" étant incontestablement l'un des tous meilleurs films de CAT. III à être sorti depuis belle lurette dans l'archipel chinoise. Magnifique hommage à l'âge d'or du genre au début des années 1990, le film transcende les modèles originaux en puisant dans un cinéma plus international, tout en réussissant à garder une fraîcheur locale. Le film est violent, archi-violent même avec une histoire assez soignée pour expliciter la motivation de al meurtrière sur fond de message social très fort, comme on en voyait à la pelle dans les films de genre des années 1970s et qui manque cruellement à la plupart des productions actuelles dénuées de tout pouvoir contestataire. Pang s'inspire donc d'une vérité sociale très forte à Hong Kong, celle (tout d'abord) de la spéculation immobilière, qui aura fait flamber les prix durant les années 1990 et motivé des hommes de pouvoir de s'acoquiner avec les triades locaux pour expulser illégalement des locaux pour raser leurs maisons et construire des immeubles (souvent mal finalisés) à leur place (un fait, qu'avait déjà dénoncé Patrick Tam dans sa série des CID il y a 40 ans et une réalité très actuelle dans la Chine contemporaine). Le prix immobilier a pris une nouvelle augmentation en 2007, alors que le salaire des hongkongais est resté stable.
Une femme issue d'un milieu modeste va onc trouver comme seul moyen d'acquérir l'appartement de ses rêves qu'à décimer une famille pour faire baisser le prix, la mort étant considérée comme de mauvaise augure et rendant difficile la vente d'une propriété (à ce propos, Edmond Pang donnera lors d'une conférence de presse l'exemple d'un homme ayant tenté de se suicider en se jetant du 21e étage d'un immeuble, mais qui est toujours vivant en se prenant dans des fils à linge et atterrissant sur le balcon d'un appart' du 13e. Mal au point, mourant, les secouristes ne pourront intervenir, car le propriétaire du lieu refusera obstinément l'évacuation, ayant peur, que le suicidaire pourrait mourir lors de cette intervention et faire ainsi baisser le prix de sa propriété. L'homme blessé sera finalement évacué par hélicoptère…). Le film va donc retracer ses meurtres (un concours de circonstances fera, qu'elle tuera plus d'une dizaine de personnes au total), tout en revenant sur les raisons de sa motivation, liées à un épisode particulièrement douloureux de sa jeunesse.
Les premiers meurtres sont foncièrement méchants, dégoûtants, choquants. Tout l'auditoire italien en eut le souffle coupé et peina même à retrouver sa légendaire gouaille lors d'une seconde partie plus comique. Sans en dévoiler le contenu pour ne pas gâcher le plaisir, ces meurtres sont d'un sadisme hors du commun et impliquent notamment le meurtre d'une femme enceinte, d'autant plus dur à digérer pour le jeune papa, que je suis.
La seconde partie va curieusement virer au grand-guignolesque, impliquant le meurtre de plusieurs jeunes, caricatures de tout bon slasher ricain – sauf que là encore, Pang ne connaîtra aucune pitié pour personne.
C'est justement là, que le bât blesse selon moi; dans ce revirement soudain de ton. Même si le message social et la mise en scène de Pang sont tout sauf légers, avec notamment des bien vilaines grosses contre-plongées pour symboliser l'oppression des personnages par l'environnement immobilier urbain (Tsukamoto a sur faire bien mieux dans ses "Tetsuo" ou "Tokyo Bullet"), l'atmosphère poisseuse fait de la première partie de "Dream Home" un film particulièrement méchant…
L'épisode impliquant les jeunes gens tombe ainsi comme un cheveu sur la soupe; même si l'histoire est apparemment tirée d'un fait divers réel, on saisit mal la motivation du personnage de Josie Ho de s'attaquer aux fêtards, si ce n'est de prolonger la durée du film et d'offrir les stéréotypes apparemment obligatoires du genre du slasher. Ben non, l'histoire se tenait beaucoup plus au départ et le fait de rajouter quelques touches humoristiques et en virant vers le grand-guignolesque remet en question tout ce qui faisait la force du film. Certes, les changements de ton sont monnaie courante dans le cinéma HK, mais il aurait été mieux venu de choisir son camp, camarade.
Un autre point est celui du sadisme exacerbé, dont fait preuve le personnage de Josie Ho. On aura bien compris sa motivation, mais ni cette raison, ni le portrait par ailleurs du personnage justifient en quoi que ce soit la cruauté de ses actes…surtout qu'elle prend la décision des meurtres moins d'une demi-heure avant de passer à l'acte. Ouaiche…
Certes, le réalisme n'a jamais été le fort des œuvres de Cat. III, c'est juste que la première partie était tellement parfaite, qu'il ait été dommage de re-virer vers de la bonne vieille catégorie B, plutôt que d'assumer le statut (culte) de brûlot politique jusqu'au bout…
Enfin, et c'est une note toute perso, impossible de ne pas voir en ce nouveau film une autre tentative d'Edmond Pang d'interpeller le marché international, l'horreur et le gore étant furieusement à la mode en ces temps incertains et les ventes de produits asiatiques du genre (le taïwanais "Invitation only", le thaï "Meat Grinder", les japs "Tokyo Gore Police" et autres "Machine Girl", l'indonésien "Macabre", … …) particulièrement prolifiques…Et la participation des opportunistes gens de chez Fortissimo Films n'est sans aucun doute pas très innocent…
Le film est d'ores et déjà acquis par Wild Side pour une sortie française et nul doute qu'ils sauront assurer un excellent boulot de communication pour faire découvrir ce digne héritier de la Cat. III à un large public français.
Film vu au NIFFF 5Festival International du Film Fantastique de Neuchâtel (Suisse)) où il était présenté compétition.
Réalisé en 2010 par Edmand PANG, Dream Home constitiue une agréable surprise dans le paysage sinistré du cinéma HK.
L'histoire relate le parcours sanglant de Cheng, une jeune trentenaire cumulant les emplois d'opératrice de télémarketing et de vendeuse pour joindre les 2 bouts. Bien évidemment, dans une ville où le niveau de vie est aussi élevé qu'à Hong-Kong, pas facile de joindre les 2 bouts pour elle, encore moins d'acquérir un logement... Elle va donc employer une méthode extrêmement radicale pour arriver à ses fins...
Le scénario navigue entre le passé (l'enfance de Cheng dans une cité HLM) et le présent (le quotidien de Cheng et cette fameuse "soirée" sanglante) sans jamais tomber dans le piège, pourtant facile, de "justifier" les agissements de Cheng. Celle-ci, incarnée par Josie HO qui coproduit également le film, porte le film de bout en bout.
Le film doit beaucoup à ses qualités techniques. Photo, cadrage et montage sont en touts points irréprochables.
Le classement "Catégorie 3" n'est pas du tout galvaudé car les nombreuses scènes gores qui émaillent le film sont vraiment impressionnantes.
Le film a été bien accueilli par le public lors du festival (même des gens réfractaires au catégorie 3 ont apprécié le film...) et par la critique puisqu'il a obtenu une mention spéciale de la part du jury ainsi que le prix Mad Movies du film le plus «Mad».
J'ai bien aimé même si je m'attendais à un peu mieux quand même!
L'histoire est bien menée et le montage intéressant, les meurtres sont crades et glauques, ça saigne! La réalisation est soignée et l'image est belle.
Josie Ho joue bien et à son charme, comme l'a dit I D plus haut, on a parfois la sensation qu'elle se bat contre elle-même. Sinon, oui, le frère ne sert pas à grand chose, en effet!
Pas le film de l'année mais bien agréable: moi, pour un appart sur causeway bay, je ferai la même chose^^