Ne tient pas toutes ses promesses
Une petite phrase d’introduction nous le signale, Les Eunuques se veut une illustration sociale, historique et humaine des conditions de vie des eunuques dans les palais impériaux, de véritables esclaves mutilés accidentellement ou intentionnellement pour servir corps et âme des autorités politiques qui ne les considèrent pas mieux que des chiens. Malheureusement, pendant une bonne partie du film, ces eunuques sont relégués au second plan de l’intrigue, et leur présence simplement évoquée au détour de scènes parfois chocs (notamment avec un bébé…) ne les grandit pas et ne permet pas d’en apprendre tellement plus sur leur sort. Dans la dernière demi-heure, leur rôle devient enfin plus consistant, et enfin ils semblent pouvoir peser sur le cours de l’Histoire, eux les hommes de l’ombre, en parvenant à s’unir et à se rebeller contre l’injustice qui les frappe.
Datant de 1986, Les Eunuques nous renvoie finalement une description assez intéressante de la dynastie impériale coréenne au XVIème siècle, sorte de gigantesque ruche où le mâle dominant passe le plus clair de son temps à chercher en vain une concubine capable d’assurer sa descendance, et gouverne à la petite semaine sans s’en inquiéter le moins du monde. Loin d’être « politiquement correct », le film n’hésite pas à nous montrer par exemple des scènes de nu – de dos, n’exagérons rien -, et à cultiver le sentiment de révolte à la soumission qui anime ces êtres amputés de leur virilité. Il gagne donc à être redécouvert.
Encore un sujet médiéval intéressant par Lee Doo-Yong
Dans la liste des films médiévaux par Lee Doo-Yong, en voici un qui se veut encore très intéressant en racontant la vie des eunuques et concubines a la cours. D'ailleurs, pour la précision linguistiques, "naeshi", le titre original coréen ne signifie pas "eunuque" mais désigne tout le personnel servant de la cours, ce qui inclut a la fois eunuques et concubines. Cela permet ainsi de préciser pourquoi, comme le dit Benjamin, les eunuques sont relégués au second plan dans la première partie pour laisser place a l'intrigue portant plutôt sur les concubines. Donc au final, le film joue bien sur le ton des jeux politiques du roi par rapport a sa succession, quand il cherche a discréditer et humilier la fille d'un homme important en la nommant concubine pour plutôt désigner sa servante comme la porteuse de son enfant. En outre on peut voir la condition humiliante des eunuques qui sont dévoués corps et âmes au roi alors que celui ci les méprises complètement ; ainsi c'est intéressant de voir au final une rébellion des eunuques face a ces humiliations.
A cote de ca, Lee Doo-Yong monte l'histoire d'amour entre un eunuques devenu ainsi par punition et une concubine qui ne veut pas devenir la mère de l'enfant du roi. Assez bien mise en scène et surtout très bien interprété par Ahn Sung-Ki et Lee Mi-Suk. Les costumes sont magnifiques, et on voit qu'ils ont l'air de resservir pas mal entre les films de Lee Doo-Yong. Finalement très bon film sur un sujet très intéressant.