Triste mine
Hirayama Hideyuki est un réalisateur, qui se met au service des studios, mais qui aime à enchaîner des projets commerciaux avec des films plus personnels. Ancien assistant réalisateur d'Itami Juzo ("Tampopo"), il commence à tourner ses premiers films au début des années 1990s et va rapidement connaître un franc succès avec la populaire franchise des "Haunted Ghost School", autrement dit la série des films d'horreur pour adolescents "Ecoles Hantées". Le succès de cette série lui permettra justement d'enchaîner avec un projet plus personnel en 1998, "Begging for love", qui va remporter un franc succès dans les festivals du monde entier. Durant la suite de sa carrière, il va enchaîner les comédies d'amour avec des films historiques et notamment de sabres, come "Samurai Resurrection", qui est disponible en DVD en France.
"Forget me not" est à nouveau un projet plus cher au cœur du réalisateur, que lui-même est originaire de la région de Fukuoka, que le roman dont le film est adapté a été écrit par un auteur local et que l'équipe technique et des acteurs est en grande partie composé de gens originaires de là-bas. Fukuoka est une région, qui se trouve à la pointe Nord de l'île de Kyushu au Japon. La ville de Fukuoka s'étend aujourd'hui sur 340 km² et compte près d'1,5 M d'habitants, soit 4200 habitants par km².
Un film, qui s'inscrit dans l'actuelle mouvance de films "nostalgiques", dans la veine de la franchise des "Always" en reconstituant un passé pas si lointain, mais où les gens étaient encore proches les uns des autres, se serraient les coudes et surmontaient sans difficulté les dures réalités économiques. Un temps, où les enfants savaient encore s'amuser avec des simples cartons ou des bouts de bois…Bref, un cinéma de papy, bien que Hirayama s'abstient tout de même à en brosser un portrait trop idéalisé, comme cela peut être le cas d'autres productions, en présentant un quotidien assez dur, sans eau, ni électricité et où les près de famille se tuent littéralement à la tâche en descendant quotidiennement dans des mines de charbon tout sauf sécurisés.
Cela donne d'ailleurs lieu à une dernière scène un peu surajoutée par rapport à l'intrigue principale avec une catastrophe forcément attendue, qui amorce également la fin de toute une époque…Ouaiche.
En fait, on retiendra du film toute la première partie fort intéressante avec la belle reconstitution du village et d'une époque et surtout l'amorce d'un amour interdit entre un gamin et une jeune femme tenue pour frivole pour avoir quitté le village pour Tokyo, puis revenant s'installer avec un enfant…mais sans mari. On aura droit à une scène extrêmement simple, mais fort émouvante en bordure de mer et un "aboutissement" de leur liaison lors d'une magnifique scène de fête…et puis comme si Hirayama craignait de "choquer" son public forcément plus mature, il préfère prendre la direction d'un spectacle de divertissement beaucoup plus anecdotique, accumulation de scènes sans véritable lien pour finalement déboucher sur cette fin spectaculaire, mais too much pour vraiment émouvoir.
Le public – pépère ?!! – du dernier festival de Kinotayo, lui a en tout cas décerné le Prix du Public, ce qui vaudra une séance de rattrapage à tous les fans de gros mélodrames historiques…
Dans le rôle de Michiyo, on reconnaitra l'actrice japonaise Koyuki, apparue dans "Kairo" de Kurosawa Kiyoshie, mais surtout dans "Le dernier samouraï" avec Tom Cruise ou – plus récemment – dans Blood – the last vampire de Chris Nahon.