L'adieu aux larmes
Dans la série des films patriotiques, tentant de réhabiliter quelque peu les méfaits des japonais durant la Seconde Guerre Mondiale, voici venir le grandiloquent "For those we love" – ou comment rendre un hommage commercial à tous ces pauvres gens morts pour la Mère Patrie Nipponne en se jetant à corps perdus sur les bâtiments de guerre américains…
Effectivement, bien des études et des films se sont attachés à tenter de dépeindre l'incroyable fascination de jeunes gens insouciants à s'enrôler (ou être enrôlés) dans un conflit, qui les dépasse…mais toujours faut-il savoir prendre le recul nécessaire.
Les propos du réalisateur Shinjo Taku étaient déjà pus rassurants , que la présence à la plume du nationaliste scénariste-devenu-maire de Tokyo Ishihara Shintaro; il disait à la sortie du film: "Je n'ai aucun respect pour les leaders militaires de l'époque…Ils enrôlaient ces jeunes gens purs et inexpérimentés pour en faire de la chair à canon. Je pense, qu'ils devraient endosser une certaine responsabilité pour ce qu'ils ont fait"…
Certes, mais pourquoi ne pas avoir pris parti au cours du film, au lieu de se contenter de n'y faire allusion au cours de quelques vagues scènes de reconstitution historiques et de se focaliser sur des séquences larmoyantes des gens à la veille de partir à la guerre. Pire, l'intervention des japonais au cours de la Seconde Guerre Mondiale est à plusieurs fois "justifiée" (pour libérer l'Asie du "joug de l'homme blanc"…sic), les kamikazes sont TOUS consentants et les civils se pâment au passage des pilotes en les traitant de "Dieux vivants"…
Aucun cliché ne nous sera épargné, depuis la lourdaude voix off de la narratrice dès le début du film ("Si jeunes…si purs…Conflit, qui les dépassait…Regardez-les parti pour une mort certaine…"), en passant pas des scènes de rédemption, du fils rejeté, qui rend une dernière fois visite à la patronne du resto pour lui dire, qu'il l'a toujours vue comme une mère jusqu'au jeune marié…bref, les pires clichés passés à la moulinette pour tenter de soutirer des grosses larmes à son public…jusque dans son dénouement ridicule, où des lucioles se transforment en soldats revenus d'entre les morts pour saluer une dernière fois les survivants pour métaphoriser leur souvenir vivant dans les esprits des japonais d'aujourd'hui…
Un pur film patriotique, qui a malheureusement cartonné au box-office et risque ainsi d'entraîner d'autres types de productions de ce type (même si le récent écoeurant souffle patriotique semble quelque peu retombé après la déroute du Premier Ministre). C'est tout sauf rendre justice à la mémoire de ces centaines de jeunes, qui ont effectivement dû se donner la mort. Mieux vaut revoir "L'Empire du soleil"…
