drélium | 2 | Bad trip clinique |
Hormis la mise en scène chaotique de rigueur, quelques secondes d'électrochocs très cheaps et un médecin fantomatique qui le poursuit à la hache, l'homme ne semble pas si égaré et tourmenté que cela à vivre dans sa pièce, comme si Toda avait finalement du mal à détacher la profonde aliénation de l'enfermement à proprement parlé. Une démarche volontaire diront certains, pour mieux appuyer les psychoses seules responsables du malaise, car Toda ne cherche pas ou très peu la démonstration. Il s'agit uniquement pour lui de créer un lien entre l'enfermement et la liberté physique qui ne sont plus dicernables puisque l'esprit lui-même forme les murs et la prison du malade. La démarche est intéressante mais concrètement ça laisse quelque peu perplexe.
La mise en scène ouvertement expérimentale nous plonge dans une ambiance proche du Cyberpunk à défaut de nous plonger dans l'esprit du patient, alors que sa vétusté affichée et son orientation abstraite finissent par sembler trop lourdement ostentatoire. Le comble pour une mise en scène minimaliste soit disant épurée. On pourrait croire que le montage s'applique à faire dans le chaos, multipliant les plans fixes à coups de cuts bruts laissant même trembler la dernière image avant le plan suivant, mais l'effet à répétition finit par ne plus se justifier ni suffire à apporter un sens conséquent au plan.
Les brefs extérieurs de nature surexposés comme jamais, de même que l'image volontairement crade, le contraste et la colorimétrie vacillante, donnent l'impression d'une pellicule amateur retrouvée dans une décharge et cautionne bien l'atmosphère clinique, "sur le fil de la raison" de l'ensemble mais ça ne va pas plus loin, cela s'arrête même strictement là. Même chose pour les dialogues volontairement très rares qui ne singularisent pas vraiment le court des autres trips en la matière, tandis que la bande son oscillant sans arrêt d'un volume à l'autre, terriblement saturée et même déformée telle un radio-cassette à l'agonie, pose bien une ambiance mais ne traduit pas grand chose (d'original) alors que l'historiette reste bien trop froide et abstraite pour laisser passer une quelconque émotion.
Hiroshi Toda pille du reste allégrement cette bande son caverneuse et délavée à de grands compositeurs tel Philip Glass (Koyaanisqatsi), Vangelis (Blade Runner), et j'en oublie, ce qui est ma foi assez énervant. Ajoutons l'acteur, Hiroshi Toda lui-même, soit disant malade, plus proche au final d'un beau gosse en costume au visage constamment figé accentuant uniquement sa froideur distante, il n'en faut pas plus pour me faire décrocher.
Au final, ce premier court métrage d'Hiroshi Toda, comme par hasard infirmier en psychiatrie de son métier, n'offre pas grand chose de concret, d'original ou de probant. Même si l'on peut retenir la mise en scène expérimentale bien coincée entre l'amateurisme volontaire du Dogme et l'errance délabrée d'un Shinya Tsukamoto, on ne peut pas dire que l'introspection soit réussie au point de cautionner l'intérêt très relatif de l'ensemble. Heureusement, ce n'est que 30 minutes.
SPOILER Quant au final, je n'y ai pas vu le souvenir du meurtre mais le présent d'un mauvais réflexe, une folie qui le renvoie d'où il vient. Comme quoi, chacun peut y mettre son propre grain, c'est déjà ça. SPOILER