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Mad Detective

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les avis de Cinemasie

8 critiques: 3/5

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46 critiques: 3.3/5



Junta 3.75 Best Of de ses 10 dernières années, joyeux anniversaire la Milkyway !
Ordell Robbie 1.5 Belle prise de risques gachée par un scénario baclé.
François 3
Xavier Chanoine 2.5 Bien foutu, ridicule, prenant, gonflant...ça fait beaucoup, non?
Arno Ching-wan 3.5 Ghosts of HK
Elise 3.25 Plutôt confus par moment mais globalement appréciable
Aurélien 3.5 Perte de repères, perte d'équilibre...
Anel 3
classer par notes | date | rédacteur    longueurs: toutes longueurs moyen et long seulement long seulement


Bien foutu, ridicule, prenant, gonflant...ça fait beaucoup, non?

On commençait par le savoir depuis le temps, Johnnie To est bien un jongleur. Fait vérifié une fois de plus avec son dernier film, tout du moins serait-on tenté de dire "l'un de ses derniers", le bien nommé mais extrêmement décevant Mad Detective qui compile à peu près tout ce qui a déjà été vu dans son cinéma période Milkyway, période faste d'un cinéaste devenu producteur et donc en pleine possession de ses moyens. Le problème est tout autre, ici, hormis la redite cinéphilique d'un metteur en scène qui aime le cinéma calibré, ce cinéma où l'on fume le cigare et où les mafieux de Hongkong portent des lunettes noires et des impers, mais de retour avec son ami Wai Ka-Fai, le Johnnie To que l'on connaît depuis PTU semble être devenu risible, risible parce que son postulat de départ misait trop franchement sur l'aspect fantastique et dégénéré de l'oeuvre, voulu assurément par Wai Ka-Fai (repensons au sujet très typé science-fiction du superbe mais inégal Running On Karma) qui démontre une fois de plus qu'il ne lésine pas sur les idées barges mais néanmoins cohérentes. Car dans sa finalité, Mad Detective est une oeuvre malade, mais cohérente, et si la thématique a de quoi rebuter au premier abord parvenant même à rendre le film plus ridicule qu'il ne l'est, il reste d'une logique implacable. Dès l'introduction, Mad Detective pue le ridicule. Lau Ching-Wan, étrange, livre une grosse performance mais son personnage est simplement désolant. La faute au script? Sans doute, car l'acteur n'a plus rien à prouver rayon charisme et prestance. Le voir découper un cochon et se glisser dans une valise pour reconstruire ce qu'a subi la victime de cette enquête rapidement expédiée rappelle les prologues des vilaines séries télés, et voir apparaître une seconde fois un très Z "écrit et réalisé par Johnnie To et Wai Ka-Fai" fait mouche niveau suffisance. Dans le genre grand retour gagnant, on attendait mieux. Pourtant, cette introduction est amusante et donne rapidement le ton employé dans Mad Detective, qui n'a de mad que l'inspecteur Bun et les fameux démons peuplant un récit très classique. Cet inspecteur de police, qui offre ses oreilles à ses supérieurs hiérarchiques, est capable de voir le ou les démons qui sommeillent en chacun et peut ainsi interagir avec eux tandis que ses coéquipiers restent bouche bée devant ses actes : ce sont d'ailleurs les seuls éléments capables de nous décrocher un sourire du coin de la lèvre.

La première apparition des sept démons de l'inspecteur Ko, soupçonné de meurtre avec un ressortissant indien, offre une petite bouffée d'air frais à cet ensemble très suffocant : très proche du registre Tsai Ming-Liang version La Saveur de la Pastèque en ré mineur, la séquence est proche de tomber dans les relents de la comédie musicale mais se taira plus vite que prévu, dommage le résultat aurait pu être dantesque et encore plus couillu que ne laissait imaginer les premiers screens et teasers du film. Johnnie To et Wai Ka-Fai jonglent donc tous deux avec les genres, épousant les styles et les saveurs du polar HK moderne dans sa conception des quelques scènes d'action où montage nerveux et plans rapprochés témoignent d'une belle virtuosité. Le couple démontre aussi qu'il est encore possible de marier comédie assumée avec cette introduction gore, la ballade en moto de Bun et le démon de sa femme, l'accumulation des plats commandés dans un restaurant, et claustrophobie de tous les instants comme cette séquence remarquable dans les toilettes d'un restaurant ou ce final plastiquement intéressant. Mais Orson Welles faisait mieux avec le final jubilatoire de La Femme de Shanghai, soixante ans plus tôt, l'épate chez Johnnie trouve donc ses limites même si le cinéaste se hisse tout de même bien au-dessus du tout venant policier Hongkongais. Mad Detective aurait pu donc éviter de faire du neuf avec du vieux, éviter les poncifs les plus paresseux et encore plus choquants compte tenu d'un tel cinéaste du "neuf", comme ce plan des appartements de Bun tapissés d'articles de journaux vu des dizaines et des dizaines de fois au cinéma. L'amateur moyen ricanera toujours devant le caméo de Lam Suet, toujours aussi inutile mais marquant parce que c'est Lam Suet et pas un autre, s'indignera lorsqu'il devra subir l'ignoble et désolante musique de Xavier Jamaux, mais se réconfortera face à la belle mise en scène du duo de cinéastes, toujours aussi efficace même après des années de redite. En sortant de la projection du dernier film de Johnnie To on se pose des questions, et pas souvent les bonnes : comment peut-on avoir pris plus de plaisir durant les 30 dernières minutes de Triangle, toujours réalisées par Johnnie To, que durant Mad Detective dans son entier?



06 mars 2008
par Xavier Chanoine




Ghosts of HK

Arriver à coller plein de bouts des films de Johnnie To ensemble pour en faire un nouveau, il fallait oser ! Surtout quand certains des films cités sont des fantômes du passé, comme tout le final du The Longest Nite alors co-signé Patrick Yau, « exilé » depuis des différends artistiques sur le continent chinois pour y pondre des dramas TV ad vitam eternam. Pourtant, oui madame, « Mad detective » est un bon polar, construit dans l'idée de fêter les 10 ans du binôme To/Ka Fai et de la Milkyway Image, fameuse boîte de production de Johnnie To. C’est roublard, ça n’est pas fait par des billes et roule ta bille. Tout droit. Pourquoi se fesse ? Parce que mon cu… hum, parce que mon curriculum vitae de Johnnietophile y voit là un beau résumé de carrière en plus d’une parabole intéressante du mystère Johnnie To. Est-il un réalisateur de génie ou bien ce producteur gentiment tyrannique sachant formidablement s’entourer de talents tout aussi formidables ?


 
A gauche : confrontation compliquée dans des toilettes ; à droite : affrontement guère plus simple dans une pièce remplie de miroirs.

Le dernier vrai film en date de John Carpenter, c'est Ghosts of mars, pelloche qui synthétise joyeusement une bonne partie de l’œuvre de notre Maître du fantastique. Il s'agit du chant d’amour envers une carrière, en grande partie du déjà vu et pourtant une torgnole jouissive. Le ressenti est le même ici : on prend son pied devant un polar hargneux, violent, retord à souhaits mais blindé d’auto-citations. « The Longest Nite » est la plus flagrante parce qu’à ce point identique qu’elle nous pousse à penser qu’elle est excessive. La plupart des critiques sur le final de "Mad Detective" nous refont le coup du « Ooooh, La dame de Shanghai ! », déjà largement évoquée sur « The longest… » à cause de son climax fait de miroirs brisés et de coups de feu assourdissants avec comme ajouts chez Mr To quelques portables révélateurs. Pour la forme. Ce qui ne l’empêche pas d’encore s’étonner de ce rapprochement et de dire qu’il va bien lui falloir le voir ce film d’Orson Welles. Mais comment peut-il encore s’en étonner ? Voilà donc un doublon, avec cette fois la musique discrète du français Xavier Jamaux, a priori par trop anecdotique, qui nous fait d'abord regretter les scores épiques de Raymond Wong avant de finir par nous enchanter de petites notes aériennes bien trouvées. Pour le reste, des policiers dans un escalier évoquent PTU à la faveur de ce décor identique, le postulat du flingue perdu également même si « Mad Detective ne fait jamais référence au Chien enragé d’Akira Kurosawa » nous affirme To, un film au concept de départ pourtant très proche. Quant à la partie « I see karma » du personnage de Lau Ching Wan et à ces scènes de verdure, elles impliquent Running on Karma, déjà bien Wai ka Faïsées en son temps.

Lorsque Johnnie To est interviewé, et il l’a été de nombreuses fois en France lors de sa récente visite, il me semble à chaque fois entendre les réponses d’un producteur. « Quand on coréalise un film, Wa Ka-Fai est souvent sur le plateau et nous formons une seule et même personne. Il est le cerveau et je suis les membres du corps, les jambes, les pieds, ce que vous voulez. Il réfléchit, j'agis. »… On peut également se demander s'il n'est pas excessivement cynique quand il affirme que: "aujourd’hui, le vrai problème du cinéma hong kongais, c’est la relève"  alors que lui-même a longtemps clamé son tutorat sur plusieurs artistes désespérement en retrait. Vieux débat, vieilles questions, injustes ou non, c’est à voir mais quand il dit à propos de "Mad Detective" : « je ne sais même plus dans quel autre film il y a eu des scènes qui se passent dans une forêt » on se demande soudain s’il est vraiment sur les lieux de tournage de ses propres films. Des forêts ? En veux-tu en voilà dans « Running on Karma »  ! Et shoote le sniper d'Exilé dans un bois ! Et pisse contre un arbre dans A hero never dies ! Peu importe puisqu’en effet, "Mad Detective" est un bon polar. Un véritable pool d’artistes a officié sur cette oeuvre, les idées sont là, la créativité idem, la prise de risque également et l’ensemble relayé très efficacement par notre troupe d’acteurs habituels.



Johnnie To à la Cinémathèque de Paris en mars 2008. Il se paye un cigare après un bon footing...

« Mad detective » est sacrément puissant quand il déballe ses démons. Leur arrivée musicale où on les voit siffloter tous les sept ensemble est très culottée ; la scène violente dans les toilettes, complexe et aboutie, fait office de nouveauté de taille au milieu de toutes ces redites. Il en va de même de ce bref moment de terreur, époustouflant, quand tous sont réunis dans une voiture autour d’un enfant apeuré. Ou quand le grotesque devient terrifiant tout comme l’était Le Locataire de Roman Polanski, qui jouait déjà sur cette même corde raide de l’absurde effrayant, tellement proche du ridicule pour qui ne sait pas raconter la chose. L'atout majeur du métrage ce sont eux. Ca marche, le talent est là et malgré un sentiment de déjà vu prégnant du début à la fin du métrage, de la filmographie de Johnnie To à quelques autres pièces venues d'ailleurs, que ce soit le Victim de Ringo Lam, impossible à passer sous silence tant la prestation de LCW y fait écho, l'immigré indien qui fait écho au nègre usuellement bouc émissaire chez l'écrivain James Ellroy, une récurrence du polar facile, ou l’américain Identity de James Mangold qui schématise lui aussi une schizophrénie galopante, on obtient un divertissement haut de gamme non dénué d’une thématique passionnante. Johnnie To et ses démons, Johnnie To et ses nègres, Johnnie To et ses faire-valoir, tous cachés derrière lui. Qui sont-ils ? Sa batterie de scénaristes : Wai Ka Fai mais aussi YAU Nai-Hoi, tous deux réalisateurs à leurs heures, et le petit dernier : Au Kin Yee, sans compter les acteurs, la valeur ajoutée du charismatique Lam Suet, indéniable.

Un proche sait la vérité, un proche a les pouvoirs de Bun, le personnage joué par Lau Ching-wan : il voit les anges et démons cachés derrière l’homme, ceux crédités au générique ou non pour une tâche peut-être minimisée par rapport à son apport réel. Et si Johnnie To brise à son tour le miroir, l’objet reflète alors tous ces hommes et femmes qui lui – et nous – apportent tant. Dame de Shanghai et hommes de Hong-kong. Extrapolation injuste, peut-être, car n'ignorons ce talent tout particulier qui consiste à en regrouper d’autres. La troupe de Johnnie To est une équipe que l'ont suit désormais comme celle d'une série télé. "Les experts à Hong-Kong". On s'y attache, on vieillit avec eux, on apprend à les reconnaître, à les aimer, ce qui est une raison supplémentaire de fêter les 10 ans d'une Milkyway Image toujours en activité et à même de pondre des bons films. En cela, Mad Detective est un évènement adapté, une synthèse parfaite.

06 mars 2008
par Arno Ching-wan




Plutôt confus par moment mais globalement appréciable

Toujours à la recherche de nouveau scénarios, Johnnie To et Wai Ka-Fai ne souffrent pas de problème d'imagination. Bien au contraire. On ne cherche plus chez eux d'oeuvres réalistes ou terre-à-terre, mais plutôt des films à l'esprit un peu décalé mais sur des bases toutefois concrètes. Mad Detective nous emmène sur une enquète où les méthodes simples ne marchent plus, et où les profilers n'arrivent pas à dresser de portrait du voleur qui utilise l'arme d'un policier disparu pour ses méfaits. Un jeune inspecteur va alors chercher l'aide d'un profiler un peu timbré à la retraite, qui n'hésitait pas à rentrer dans la peau des victimes, par le biais de séances de transe, pour comprendre la psychologie du meurtrier. Son truc : il voit les différentes personnalités des gens autour de lui. L'état d'esprit du pesonnage est bien décrit et ne laisse aucun doute sur l'apparence bien tarée du personnage, par contre, le scénario qui se développe autour de ce personnage est parfois confus. Les aller-retour sont nombreux et on ne se perd un peu dans la trame. En outre, l'histoire de sa femme, interprétée par Kelly Lam, apparait au début plutôt futile, mais prend finalement son importance et se conclut avec un bon suspense et sans en faire trop. Pas mal d'humour, sentant bien la marque de fabrique du duo. D'autre part, les interprètes sont tous bons ou au moins correct, et le tout a son petit charme malgré le léger fouilli. Bref, un divertissement sympathique, loin de leurs chef d'oeuvre, mais bien original.

03 mars 2008
par Elise




Perte de repères, perte d'équilibre...

Fort d’une mise en scène impeccable, subtilement soutenue par la très belle musique du français Xavier Jamaux, Mad Detective brille avant tout par son scénario tortueux, insinuant le doute jusqu’à la dernière minute dans l’esprit du spectateur.

La recherche de la vérité impliquant de fouiller dans une réalité ici sans cesse remise en question, l’apparition de notre propre doute face aux agissements du personnage de l’excellent Lau Ching-wan ne fait que renforcer cette perte de repères qui induit finalement une perte d’équilibre… un vertige.

03 mars 2008
par Aurélien


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