Michael Arias a réalisé le film qu’il voulait. Un film à son image, celui d’un professionnel de l’image et des effets spéciaux qu’il fut au début de sa carrière, bien avant le projet Amer Béton débuté il y a plus d’une dizaine d’années déjà. Conquérant lorsqu’il faut faire de l’image et de la stylisation deux procédés narratifs à part entière, on a bien vu ce que donnait Amer Béton avec ses image actrices et sa ville vivante, le voilà qu’il se met au film live avec le remake du film allemand quasi éponyme de 1997, Knockin’ on Heaven’s Door. Sans être le projet le plus ambitieux de l’année, le film de Michael Arias fonctionne à peu près comme son précédent, à coups de sur-stylisation en guise de marque de fabrique. La grande classe à vrai dire, que ce mécanisme aux rouages bien huilés, tout coule de source du générique cool à base de travellings lents et de coins de rue cadrés en large au plan final en forme de bouffée d’air frais. Toujours cadré en large. On reconnait la patte de ce passionné d’animation et de culture manga, Masato semblant être un personnage bien fringué à la one again, protecteur et faussement amoureux de la petite qu’il protège et à qui il promit de montrer la mer, ou la plage. Les deux en fait, avant un dernier souffle signant leur repos définitif. Ce qui n’est pas rien, les deux bougres ayant eu la police et les gangsters aux fesses au cours de leur périple vacancier en pleine métropole et campagne. Les environnements urbains du début, filmés avec style et virtuosité, cassent avec l’apparente sérénité des villages plus reculés où l’on trouve, entre autres, une petite auberge aux couleurs tout sauf locales, où il est préférable de parler l’espagnol avec l’accent mexicain, c'est-à-dire mettre les s de côté. Masato et la jeune Harumi, donc, 14 ans et toutes ses dents, bien décidée à quitter l’hôpital dans lequel elle vit depuis sept longues années. Il faut dire que la petite est condamnée. Manque de bol, le dernier arrivé est notre héros, Masato, atteint d’une tumeur incurable de douze centimètres de diamètre située au cerveau. Pas évident pour remettre ses idées en place.
Leur but ? Quitter au plus vite le trou qui leur sert de chambre de mort –grand luxe, sûrement, avec ses appareils à oxygène- et partir non pas pour le grand nord mais pour la côte la plus proche histoire de voir les mouettes et le bleu azur. Par chance, une Maserati cabriolet (et non pas une Porsche comme nous souffle notre ami Happy) les attend à l’entrée de l’hôpital, laissée au hasard d’un détour de deux gangsters provoquant malencontreusement un peu avant un petit accident de rien du tout. Cependant la classe de cette voiture là, mais aussi l’une de ses faiblesses, c’est qu’il n’y a pas réellement de clé de contact, simplement un bouton à presser. Nos deux amis vont donc embarquer dans le bolide, après une séance défonce vodka-sel-citron (ou sel-vodka-citron, c’est selon) pas tout à fait recommandable aux mineurs, mais puisque les deux n’en ont plus pour très longtemps, soyons fous. Trip un peu vicelard au fond, que cet Heaven’s Door au scénario épais comme une cartouche de Nintendo DS (avancées technologies oblige, on oublie les tickets de métro), le personnage de Harumi étant traité d’une drôle de manière par son ami/amant de quelques jours. Aussi à l’aise pour la conduire et lui faire découvrir coûte que coûte la mer qu’elle n’a jamais vue, ce dernier va certes lui offrir un combo de vêtements ridicules, des repas gratos formidables le temps d’une soirée dans un hôtel de luxe, et d’innombrables virées cheveux au vent, mais n’hésitera pas à la lâcher, tout sourire, dans les bras d’un type de dix ans son aîné pour qu’elle puisse l’embrasser. Embrasser un prince charmant est un des souhaits qu’elle a rédigés sur une sorte de lettre destinée au père noël, avant d’y passer. Libre à chacun de trouver la démarche un peu douteuse d’offrir une gosse de 14 ans à un mec chauffé du calbute par les nanas et l’alcool l’entourant gaiment. Cela, Masato s’en contrefiche. Suspect mais pas méchant, à l’image des nombreuses facilités parsemant le film dans son ensemble, franchissant allègrement le faussé séparant le réel de l’imaginaire, alors que le film, justement, ne s'y prête pas, bien qu’une chute d’une falaise en voiture laisse nos héros frais comme des gardons. C’est magique. Toute poursuite un tant soit peu nerveuse n’ira pas non plus très loin, nos deux amis, même affublés d’un costume de policier, s’en sortiront toujours, comme cette séquence mettant face à face notre duo d’un jour avec deux policiers dans une cage d’escalier : premier plan, Masato pointe Harumi du bout de son calibre, second plan les policiers ne bronchent pas, troisième plan Masato et Harumi se trimbalent à l’extérieur du bâtiment, vêtus de l'uniforme de leurs opposants. Autant dire que pour Michael Arias, tout coule comme dans un anime énergique et frimeur à la sauce Studio 4°C, l’ellipse faisant son charme mais trouvant trop rapidement ses limites lorsqu’elle fait office de procédé quasi systématique dans un film live. Ou l’ellipse pour excuser les grosses ficelles et facilités employées à longueur de film, empêchant le film d’atteindre un véritable suspense.
A croire que Michael Arias a préféré réaliser un road-movie diaboliquement cool, à la lenteur toute nippone si l’on cause stéréotypes. A côté, A Long Walk du très honorable Okuda Eiji contient davantage de tendresse, d’émotion et de suspense malgré des ambitions stylistiques largement vues à la baisse, loin de la virtuosité du film d’Arias. Mais dans son genre, il est magnifique car avec un vrai fond, Heaven’s Door se contentant de mettre –superbement- en image une cavalcade molle de la guibole. Dommage, tout était présent pour orchestrer un véritable lâché de chevaux dans une arène qui n’attendait que ça pour exulter : Arias aux commandes, le bonhomme qui a tout de même mis en scène Amer Béton, pas rien, le groupe PLAID à la composition musicale d’une sacrée richesse, un sens du montage bien négocié et des plans piqués chez Iwai Shunji lors de la séquence en fête foraine. Le film n’est pas mauvais, réellement, mais son potentiel est juste massacré par un manque cinglant de matière et d’acteurs charismatiques. Fukuda Mayuko et son regard aussi captivant que celui de Tanaka Rena malgré ses 15 ans de moins, pas transcendante mais attachante même lorsqu’elle tient maladroitement un revolver dans les mains, NagaseTomoya, plutôt fort dans le registre de la nonchalance mais pas crédible pour un sou lorsqu’il tente de jouer les tearjerkers à coups de malaise et d’yeux humides. Le reste du casting est affligeant, mais qu’est-ce qui importe lorsque le film a du style ? Combien de films nippons assez récents (post-2000, disons) allient avec un redoutable masochisme acteurs au rabais et absence totale de saveur dans leur plastique ? Heaven’s Door a au moins le mérite d’éviter le combo en faisant preuve d’une sacré belle esbroufe pour le coup. Il faut parfois le voir pour le croire, le film enchaînant les moments drôlement inspirés, presque hypnotiques comme cette séquence dans l’hôtel de luxe, chaude, comme si le temps s’était arrêté et que l’espace était manipulé à la guise de ses occupants. Magnifique. Mais moins d’une heure plus tard survient l’une des poursuites en voitures les plus nulles de l’histoire, à la conclusion tout aussi ratée. Des explications ? On se demande même si Arias en a à secouer puisque tout est une question de style, le « plan terminal » vaut bien une séquence d’action ratée, non ? Et lorsque les malfrats bien désireux de récupérer leur coffre d’argent choppent en fin de métrage Masato et Harumi près d’une station d’épuration, on se retrouve avec un duel assez minable pour le coup, terminant par un coup de feu en hors-champ à peine lâche. Et la conclusion d’être tout aussi gentillette et lacrymale au possible, procédé archi employé au cinéma pour celles et ceux qui n’ont plus que comme seul objectif d’aller voir la mer, avant de songer à toquer au grand portail d’un beau brillant au-dessus de nos têtes.
Pour son second long-métrage, l'américain exilé au Japon Michael Arias décide d'adapter non plus un manga, mais un film live ALLEMAND, "Knockin' on heaven's door", petit film au joli succès commercial uniquement dans son pays d'origine en 1997 de Thomas Jahn. On s'attendait au moins à un exercice de style virtuose, voire une plongée en apnée dans les tourments de l'âme humaine des deux protagonistes principaux…et on en ressort avec une grosse gueule de bois due à la déception; car "Heaven's door" ressemble étrangement à l'un de ces nombreux films à sortir annuellement dans le parfait anonymat en raison de l'absence d'un véritable parti pris, ni d'aucun autre signe distinctif.
Michale Arias se contente de transposer l'intrigue originelle au pays du soleil levant, de caster du japonais (dont Nagase "Seoul" Tomoya et la pétillante Fukuda Mayuko, déjà héroïne de "Kamikaze Girls" ou "Sinking of Japan,") et finalement de n'apporter que très peu de modifications par rapport au scénario original (dont la Mercedes des années 1960 volé au début du film allemand, ici remplacé par une Porsche décapotable…c'est dire LES modifications). Pour celui pas familiarisé avec le matériau originel, il se trouve irrémédiablement transporté une décennie en arrière, quand des road-movies impliquant des voleurs au gros cœurs étaient légions (remember "Thelma et Louise", "Natural Born Killers" et ribambelle d'autres). Du scénario aussi léger qu'une plume d'oie repmplissant un duvet d'hiver et au dénouement forcément attendu; quant aux aficionados du films allemand, ils attendront vainement que le réalisateur s'écarte d'un poil du matériel originel…En vain.
Et pourtant on y croit. Au moins, quand Arias introduit les méchants dans un envrionnement très high-teh glacé, qui laisse entrevoir des nombreuses variantes dans la suite des événements. On y croit même au cours de l'un des toutes dernières scènes, quand un méchant beugle: "Showtime" et que l'on n'espère qu'une seule chose: que l'action démarre ENFIN, même à cinq minutes de la fin. Ben non. Même la toute dernière scène est reprise au plan près avec la seule différence, que l'incontournable chanson d'Eric Clapton donnant le titre au film soit repris par des japs. AAARGGHH ! Au passage, on se raccrochera à la musique minimaliste u groupe britannique PLAID, déjà à l'origine de celle de "Béton Amer" et on sourit de l'intégration des nombreuses communautés étrangères aidant les jeunes fuyards au cours de leur voyage.
Seule une séquence retiendra finalement l'attention: celle d'un long plan-séquence assez fendard dans la suite d'un grand hôtel, quand Arias se sent pousser des ailes de David Fincher au niveau de la virtuosité de la mise en scène…sauf que la technique ne sera au service de…rien, si ce n'est que de permettre à Arias de faire joujou avec la technique et l'informatique.
Une ENORME déception et qui confirme un petit peu plus encore les doutes quant à la seule virtuosité du précédent béton Amer" animé de l'équipe entourant Arias, ainsi que du réel talent de son scénariste Anthony Weintraub…