Sirène ou sorcière?
C’est effectivement la question que l’on se pose lorsqu’on voit l’actrice principale de ce film ; un visage étrange, à la fois mystérieux et fascinant, marqué d’une balafre sur la joue, un mutisme obstiné, un corps de rêve et un esprit un peu dérangé, voici l’image que nous propose cette femme propriétaire d’un domaine de pêche un peu particulier composé de maisonnettes sur coussins gonflables en plein milieu de l’eau. Un endroit étrange choisi par Kim Ki-Duck qui va se révéler être une Venise miniature, et que n’aurait pas réprouvé le néerlandais Alex Van Warmerdam (auteur de films étranges comme Les Habitants ou Le P’tit Tony). Le seul moyen de liaison entre ces maisonnettes, c’est un bateau, conduit justement par cette femme dérangeante, qui épie ses locataires la nuit en rôdant à la nage sur ses eaux….Mais le tout va se corser lorsqu’elle tombera amoureuse d’un de ses clients. Décidée à le séduire par tous les moyens, et à se donner à lui corps et âmes sans passer par la case pute qu’elle pratique de temps en temps, elle va lourdement insister jusqu’à obtenir ce qu’elle veut !
Ce film plonge ses protagonistes en pleine nature, nature simplement perturbée par le bruit du moteur de la barque. Mais tous les sentiments de la nature s’expriment ici de manière bien plus radicale qu’ailleurs, presque bestiale. Le rapport de l’Homme avec l’eau est déjà très fort, et amplifié dans ce cas : c’est au milieu de l’eau que l’on vient s’isoler du reste du monde, c’est de l’eau que provient la nourriture (le poisson) voire même le danger (les crimes de la belle). Celui qui le lie aux animaux est quant à lui très cruel : dépeçages de grenouilles ou de poissons vivants devant la caméra, assassinat d’un oiseau, meurtre de vers de terre… De quoi s’estomaquer dans son fauteuil ! Mais le rapport le plus cruel est celui qu’entretient l’Homme avec lui-même, et notamment lorsqu’il s’agit d’amour. On ne semble considérer ce sentiment qu’à travers le sexe de manière très violente (d’où putes, viols…).
Et même lorsqu’il s’agit de sentiments véritables, la violence est bien là, prenant partie dans les faits et gestes des personnages. C’est à croire qu’il faille se faire mal pour pouvoir s’aimer (impression renforcée avec la sortie l’année dernière du film sud-coréen sado-masochiste Fantasmes). Ainsi, la propriétaire va commencer à s’attacher à son locataire lorsque ce dernier décide de s’enfoncer 4 crochets de pêche dans la gorge afin d’arracher sa langue, osant même lui faire l’amour alors qu’il pisse le sang. A l’inverse, pour retenir son amant, cette dernière tentera un geste désespéré, s’enfoncer ces mêmes crochets de pêche dans un endroit bien plus intime (que je vous laisse imaginer…) et tirant dessus un grand coup !! Mais à partir du moment où ils s’aiment profondément, ils largueront les amarres, abandonneront les liens qui les lient à la terre et vogueront très loin sur leur cabane flottante.
Ce film ne plaira bien sûr pas à tout le monde. Certains s’ennuieront profondément, d’autres s’énerveront devant la volontaire opacité du projet qui devient même ténébreuse lors de l’épilogue, mais moi je retiendrais quand même ce décalage fascinant qui y règne, ce huis-clos étouffant en pleine nature, cette galerie de personnages picaresques, ce regard troublant de l’héroïne, et la tentative de résumé de notre monde en un si petit théâtre. Une curiosité , une découverte.
Ilot intéréssant mais pas assez hospitalier
S'il est réalisé par un cinéaste autodidacte ayant de son propre aveu vu très peu de films et qui n'en était à l'époque pas à son premier coup d'essai, l'Ile a du mal à ne pas faire penser aux classiques de la Nouvelle Vague japonaise des années 60 ( Onibaba, La Femme des Sables) qui décrivaient des etres hors le monde livrés à leurs pulsions primitives. On y retrouve le personnage de femme-piège typique de ce genre de cinéma.
L'Ile est-il pour autant une oeuvre du calibre des classiques cités plus haut? Parmi les qualités du film, on a une réalisation qui a gagné en cohérence depuis les précédents films du cinéaste. Les travellings distants y quadrillent un lieu à la fois ample et isolé du monde et on ne compte pas les plans filmés au travers d'une fenetre ou de l'eau ainsi que quelques reflets. En filmant la réalité au travers de ce type de prisme, Kim Ki Duk semble essayer de mettre un filtre pour mieux nous faire entrer dans la vision de personnages aux motivations assez opaques. SPOILERS Pourquoi sont-ils attirés l'un vers l'autre? Le jeune homme en fuite utilise-t-il les prostituées pour satisfaire son désir sexuel comme ses voisins beaufs ou pour rendre jalouse sa promise? Est-ce par affection pour l'une d'elles qu'il l'invite juste pour discuter ou pour susciter la jalousie? La tentative de suicide vient-elle du trop de solitude, de l'incapacité à assumer le meurtre vu en flash back ou de traumatismes plus profonds? FIN SPOILERS Sauf que si un film qui manque de mystère n'arrive pas à fasciner, ici ce choix formel est incapable de nous lever en partie le voile sur certains actes des individus que l'on regarde se mouvoir et cela demeure un frein à la capacité du spectateur à se sentir concerné par leur destin. Et les acteurs semblent essayer tant bien que mal de gérer les motivations opaques de certains actes de leurs personnages, l'effort est là mais pas suffisant pour susciter l'adhésion.
Ni empathie ni malaise ne surgissent du film. On touche là la limite du film OVNI qui à force de se vouloir hors normes risque de se mettre hors le spectateur. Et c'est bien dommage car ce qui se trame sous nos yeux ce sont deux etres qui s'attirent, se repoussent et sont des paradoxes vivants: ils peuvent autant communier avec la nature en étant en contact avec l'élément aquatique que la violenter par leurs déjections ou en matyrisant des grenouilles ou des poissons inaugurant ainsi un effet de signature de Kim Ki Duk. Ce paradoxe se retrouve dans l'idée de la violence primitive des premiers contacts comme ouverture vers la sensibilité qui s'exprimera par la suite. Cet aspect fera d'ailleurs beaucoup gloser lorsque le cinéaste le transposera dans la société avec Bad Guy, certains lui donnant une dimension politique qu'il n'a pas.
Et si les etres font violence à l'autre pour le séduire ils sont aussi capables de se faire violence pour qu'il les remarque. Sauf que les scènes concernant cet aspect ont une légèreté de bulldozer qui passerait dans un mélodrame mais sont genantes ici: là où une partie du film est trop opaque, la répétition des scènes où l'on "mord à l'hameçon" est au contraire un peu trop transparente et simplifie le discours intéréssant du film. Quant aux intrigues parallèles concernant les va et vient des prostituées ou de la police dans les lieux, elles occasionnent quelques longueurs et n'ajoutent rien thématiquement à un film qui aurait gagné à etre beaucoup plus centré autour du jeune couple en constitution. La musique, si elle n'est pas mauvaise, est aussi responsable de l'impact amoindri du film car elle n'a pas la force évocatrice des scores de TAKEMITSU Toru et est plus proche de ce que ferait un compositeur de musique d'émissions sur la nature s'il avait du talent que d'un grand score cinématographique. Le film recèle néanmoins quelques beaux moments de cinéma, notamment la tentative de suicide du début et surtout son final splendide en forme de métaphore de la puissance de la féminité qui devrait faire réfléchir à deux fois ceux qui appliquent de -mauvaises- grilles de lecture féministes à l'oeuvre du cinéaste.
Le mystère est ce qui peut faire la puissance de certains classiques car quelque soit le sens dans lequel on puisse les tourner et les interpréter il y aura toujours une part échappant à l'interprétation (les films de Lynch par exemple). Sauf qu'ici cet aspect, s'il est rafraichissant par rapport au psychologisme rampant d'un certain cinéma d'auteur français, aboutit à un film un peu trop tourné sur lui-meme. Dans un Adresse Inconnue inégal et Bad Guy, Kim Ki Duk aura progressivement recours à des dispositifs faisant du spectateur un voyeur en puissance et fera ainsi partager au spectateur sa quete de soi pas toujours reluisante mais passionnante. Reste que l'Ile marque un net progrès par rapport aux précédents films du cinéaste et demeure au-dessus du tout-venant coréen. Ses promesses et sa controverse critique auront en tout cas été un des éléments qui auront permis à la Corée de prendre sa place sur la mappemonde cinéphile française.
La vraie mélodie du malheur.
Ca vous dit la pêche? En ce qui me concerne, moyen. Du moins, je n'irai pas passer mes vacances chez Hee-jin, propriétaire de cette immense surface aquatique renfermant dans sa "gueule" quelques cabanes où l'on peut venir pêcher et faire l'amour sans être dérangé par le premier venu. Une proprio muette, du moins le pense-t-on, qui emmène chaque personne vers leur cabanon afin qu'ils puissent s'adonner aux joies de ce sport. Le cadre est beau, apaisant, presque idyllique jusqu'à ce que les choses prennent une toute autre tournure. Après le meurtre accidentel d'une jeune prostituée, l'Ile change de cap vers celui du film d'épouvante à tendance romantique. Un film d'amour et de mort où le suicide côtoie la passion, où la torture et le viol se mêlent aux remords, dans une atmosphère surnaturelle. Il se passe des choses graves dans l'oeuvre de Ki-duk, contrastant avec le calme et la beauté de la nature.
Avec cette telle liberté, l'on pense que seule la nature peut être témoin des actes criminels de ses hôtes. Foutaise, toute cette délicieuse perversité est orchestrée par la propriétaire des lieux folle amoureuse d'un criminel venu se réfugier ici même pour fuir ses vieux démons. D'abord violée puis violeuse à son tour, Hee-jin va littéralement pousser à bout ses clients. Il y aura d'abord une tentative de suicide aux hameçons magistrale de sadisme, la séquestration d'une prostituée (du fait d'une trop grande jalousie), le meurtre involontaire du mac, etc. Et c'est en cela que l'Ile parvient à effrayer et fasciner. Cette mixture acide des pulsions les plus primaires (relations sexuelles sans une once d'amour) se construit crescendo et où l'on se dit que le premier meurtre sera facilement camouflé, le second un peu moins (un homme et son scooter), pour finir dans une issue à sens unique : la mort.
Film purement métaphysique, annonçant clairement le style définitif de son auteur, l'Ile est un vrai film piège. C'est pessimiste, cruel et pervers. C'est joli certes, très joli même et plutôt accompagné d'une belle musique, mais la terrible noirceur qui s'en dégage, jusqu'à nous faire ressentir de la pitié et de la compassion envers les victimes, provoque chez le spectateur ce sentiment tout particulier d'être lui aussi coupable dans l'histoire tant le "voyeurisme" prend ici tout son sens. Une excellente surprise donc que cette farce macabre emprunte d'une immense poésie, portée par des acteurs méconnus tout aussi impressionnants. Vous ne verrez plus la pêche comme avant. Mettez-vous...au golf.
Esthétique : 4.25/5 - Le décor est d'une grande pureté, certains plans fixes rappellent des toiles de maître (cabane + lac + brouillard).
Musique : 4/5 - Une mélodie au piano assez régulière et dans le fond, terrifiante.
Interprétation : 4.5/5 - Pas besoin de parole, juste d'une présence. En cela, c'est le carton plein.
Scénario : 4/5 - Drôlement violent, tristement poétique. Le film de tous les contrastes.
Pur chef d'oeuvre
J'ai vu ce film pour la première fois entre trois heures et cinq heures du mat' après 12 h non stop de projection (à l'Etrange Festival). Donc, logiquement, n'importe quoi m'aurait fait comater. L'île m'a réveillé, revigoré, sidéré dès la première image, ce lac sorti du fin fond de nos rêves. Puis je suis allé de sidération en sidération, ébloui par cette mise en scène en totale liberté, affranchie de tous les genres et codes stylistiques, mais qui construit en même temps un univers cohérent. Cette île du titre, paradoxalement absente de l'image, sauf à la fin, est une sublime métaphore du sexe féminin qui gouverne le film.
Démarré dans le fantasme, continué sur tous les modes, L'île se termine dans un rêve obsessionnel comme on aimerait en avoir toutes les nuits... Truffé de références psychanalytiques, beau jusqu'à l'extase, ce film se permet en plus d'être drôle, dans ces dialogues savoureux sur les poissons. Le film est à revoir dix fois pour découvrir d'autres mystères. Ma théorie, c'est que l'homme et la femme se connaissait avant qu'il arrive dans le lagon, et même qu'ils ont commis le meurtre vu en flash-back ensemble. Je trouve ça beaucoup plus amusant ainsi.
J'avais conseillé le film à une amie en oubliant de lui préciser qu'une scène est traumatisante pour les filles (le jeu tout mignon avec les hameçons...). Alors voilà : L'île est aussi extrèmement violent, à l'image de l'amour le plus fou. Donc chef-d'oeuvre, terme à n'utiliser qu'une ou deux fois par an, pour celui-ci, c'est complêtement justifié.
La sérénité par l'horreur?
L'Ile est une sorte de ...euh...polar? film d'amour? Bref, un type loue une petite cabane sur un radeau, dans une baie. C'est une sorte de "village de cabanes flottantes" regi par une fille vaguement muette et mysterieuse, qui les loue a des clients aux occupations et motivations plus ou moins louches, et trimballe tout ce joli monde dans son canot a moteur.
Je vous passe les details, mais ce film est vraiment sympa: Presque aussi lent et "tranquille" que Printemps,ete..., il s'y passe de droles de trucs entre les divers protagonistes, notamment une histoire d'amour assez outree qui semble etre le fil conducteur du film. Fil (de peche) qui sera d'ailleurs pretexte a un couple de scenes vraiment horribles, plus dures a supporter que toutes les extravagances de Miike, qui pourrait peut etre en prendre de la graine (bien que le but ne soit pas le meme): Ki-Duk, en en montrant 10 fois moins, met bien plus mal a l'aise.
Le film suit son cours, au fil de l'eau, et se termine tout aussi tranquillement, paisiblement, ce qui est un reel tour de force vu la somme d'evenements plutot graves qui mine de rien s'y deroulent: tres bien...
KIM ki-duk avec ses qualités et ses défauts
film beau, dur et lent; il y a de la violence forte mais peu spectaculaire, et assez de poésie pour faire oublier les invraisemblances du scénario (de rigueur chez KIM ki-duk)
un film marquant et original sans être un chef-d'oeuvre; mérite le coup d'oeil sans hésitation
De bonnes idées, mais un film peu abouti, gaché en plus par des tortures sur des animaux.
L'Ile part sur une histoire classique : deux paumés qui tombent amoureux l'un de l'autre.
L'homme fuit, il n'y a plus que des maux en lui : il veut mourir.
La femme ne fait que vivre, survivre, son existence est misérable, elle s'occupe d'un lieu de pêche isolé, et se prostitue peut être plus par le besoin d'exister que pour l'argent.
De tous ces maux, la passion s'installe rapidement entre ses 2 personnages, avec les 'je t'aime, moi non plus', les crises d'ego...etc...
Bref, tout cela n'est pas vraiment original, mais c'est plutôt bien traité.
Les autres personnages : des prostitués, des 'pêcheurs' qui viennent là pour 's'amuser' : boire, se payer des prostitués : bref, ils sont encore plus paumés que les personnages principaux puisqu'ils sont vides.
Le point fort du film est tout simplement le lieu de l'action : des petits baraquements sur un lac, mais si cette idée est vraiment bonne, elle aurait pu être beaucoup plus exploitée.
Le rythme du film est lent, et nous rappelle la limpidité du lac. Pour bousculer cela, le réalisateur a choisi quelques scènes assez violente visuellement, mais surtout en complément à la psychologie des personnages.
J'ai trouvé l'interprétation moyenne, mais il est vrai que ce sont des rôles difficiles.
En ce qui concerne la réalisation, c'est soigné et le décor naturel apporte beaucoup niveau esthetisme.
En conclusion : une histoire plutôt banale mais bien traitée, une interprétation moyenne, une réalisation soignée qui n'exploite pas assez le paysage.
Dommage, car le film partait d'une bonne idée en ce qui concerne la psychologie, le parallèle entre 'l'inexistence' des deux persos principaux, et des autres personnages ; le rythme du film, calqué sur la limpidité du lac.
Il y avait de bonnes idées, mais elles ne sont malheureusement pas approfondies, et si le film en est plus simple, il en est aussi plus pauvre et surtout plus vide.
Le réalisateur n'hésite pas à filmer des scènes où des animaux sont martyrisés : une grenouille qui se fait étriper, un chien qui se fait frapper, des poissons que l'on découpe sur les flancs, et que l'on remet à l'eau : si les personnages sont cruels, le réalisateur l'est aussi en choisissant la facilité de filmer de telles scènes qui sont elles insupportables. Un bon réalisateur doit pouvoir faire transmettre des choses sans avoir à filmer cela...
Il m'est impossible de mettre une autre note que 0 à ce film, tant je trouve qu'il sombre dans le misérable avec le choix de filmer la torture d'animaux.
Envoutant, troublant, choquant, puissant, heu ... etc ... !
Le cinéma coréen est sans aucun doute l'un des plus interressants à l'heure actuel. J'en veux pour preuve ce film, sorti en 2000, et qui a été un véritable choc cinématographique pour moi.
Beaucoup de choses ont déjà été dites au travers les critiques (souvent justes) qui apparaissent au coté de la mienne, donc je ne m'étendrai pas plus longtemps sur le sujet.
Simplement ça fait du bien parfois de voir un "autre" cinéma ... un film à revoir, tant il est beau et, au final, assez complexe.
de l'eau, encore de l'eau
Omniprésence de l'eau et des beaux paysages, donc forcément Kim Ki Duk.
Un peu violent et bizarre mais plutôt sympa à regarder.
Passage préféré: les suicides aux hameçons, même si j'avais pas les yeux ouverts.
Sur une île, des hommes viennent pêcher. En théorie, c’est leur activité, chacun sur leur petite cabane flottante isolée au milieu d’un beau lac. Mais l’étrange propriétaire du lieu, qui va de cabane en cabane, a peut-être aussi un intérêt auprès des hommes.
Il y plus de deux ans, le film avait reçu un accueil assez remarquable. Les considérations métaphoriques en pagaille, toujours liées à la figure de l’eau et du sexe, étaient souvent le point culminant des éloges faites au film de KIM Ki-Duk. On peut être sceptique sur ces observations. Le cinéaste n’étant d’ailleurs pas forcément un adepte du double sens par l’image. Par contre, on peut comprendre la fascination qu’exerce le film. Presque jusqu’à atteindre la capacité incroyable de faire changer d’avis les détracteurs, L’Ile hante son spectateur longtemps encore après sa vision. Climat étrange, beauté des images et excentricité du récit, tout fonctionne pour attirer le spectateur. Toujours plus en profondeur. Et cela malgré la forte impression que l’histoire que nous conte KIM Ki-Duk tourne à vide au bout d’un moment. En revanche, et sans incertitude cette fois-ci, le cinéaste gâche son film par ses excès de saynètes scatologiques et gores (tortures animales et humaines) bien trop insistantes.
12 octobre 2003
par
hendy
Contines des eaux
L'élément moteur du film donne une perspective de platitude sur laquelle les corps cherchent à émerger. L'eau, matière matricielle, nourrit l'écueil d'une mort annoncée. Car dans L'île tout est mort, même les vivants. Kim Ki-Duk, cinéaste vendeur de charmes imagés, peint un univers fantastmagorique, perfection naturiste où les êtres se limitent à des instincts basiques. Ca consiste à chasser et assouvir ses besoins sexuelles.
De montrer la subite horreur naissant d'instants insupportables, d'images frontales tapageuses, se nourrir de cette manne contextuelle quand des corps de femmes parfaits se meuvent comme autant d'objets d'envie, le cinéaste réussit à donner à toutes ses accroches une beauté toute cinématographique. L'histoire est morte avant de naître, car elle commence par un suicide, dès ce moment naît la barbarie de la puissance, on mange les chairs crues et on finit par retrouver ses victimes comme autant de fantômes hantant à jamais les esprits.
Esthéte naturiste, Kim Ki-Duk est un cinéaste du renouveau, la nouvelle ére du montrer, d'affliger ses images d'une teneur unique, on frise la beauté à plusieurs reprises comme pour mieux nous préparer au pire.
Pictural à l'extrême, les scènes sont dépeintes comme autant de toiles, mêlant couleurs et formes dans un désert aquatique paisible et inquiétant.
Un véritable sentiment malsain ressort de ce qui semble être un premier film, de celui dans lequel on induit les éléments primordiaux d'une future oeuvre.
On pourra reprocher à l'oeuvre son insistance à distiller l'horreur viscérale, de montrer avec un certain plaisir la souffrance des êtres, un masochisme japonisant à qui l'on adjoint le parfum de l'exotisme, à qui l'on pardonne.
Ce film demeurera donc une expérience sensorielle unique partagée entre beauté pictorale et horreur viscérale. Un cas.
Le choix du silence
L’Ile est un poème philosophique dont l’auteur essaye de montrer la psychologie d’un sexe par rapport à l’autre. Ce rapport est fait d’un mutisme volontaire, conséquence de la confiance perdue envers l’homme et de la conscience du trop grand danger de la parole.
Paradoxalement, la solitude et l’enfermement des deux personnages principaux catalyse leur rencontre, une rencontre donnant lieu à une relation tout aussi puissante que cruelle, dont le langage corporel contraste avec le choix du silence.
Chacun des personnages dispose d’une personnalité porteuse de sens, sans pour autant faire de ce film une œuvre purement philosophique et à la sémantique opaque. L’expression de l’acte donne à ce film au scénario instinctif une légèreté à la fois simple et profonde, mais dont la finesse perd parfois de ce qu’elle a de précieux avec certaines musiques.
L’idée fondamentale du scénario est le lien entre la pêche et l’appât. Tout un réseau symbolique et actionnel s’établit par le biais de cette idée, mais sa trop grande exploitation fait parfois tourner le film un peu trop en rond.
Même si l’on peut reprocher à Kim ki-duk une faiblesse quant aux procédés filmiques, son intuition d’autodidacte fait parfois mouche :
La séquence où Hee-jin monte sur la maison flottante de Hyun-shik et s’assoit ne manque pas de talent. Elle est la mise en place d’un paradoxe entre le cadre formel et l’image afin de surprendre le spectateur. Un long plan séquence avec une musique de fond l’unifiant met en place un cadre préparant une scène d’amour à laquelle on s’attend. Le début de la séquence entérine nos pensées, mais la suite montre Hyun-shik tentant de violer Hee-jin. Or, ce qui nous a été montré précédemment et le début de la séquence ne laissent pas du tout penser à un tel comportement, on est surpris. Cette réaction vient briser l’harmonie sentimentale mise en place et celle du cadre formel, mais le plan ne change pas et aucune variation musicale n’est opérée, ce qui donne à cette séquence maîtrisée une intensité rare.
L’Ile, est aussi la volonté d’un réalisateur voulant dépasser le poncif, il ne montre pas la mort d’un personnage mais son suicide moral ; « une mort ordinaire aurait été trop fade ». L’hameçon est bien plus que l’outil, riche en significations, de la mort, il est un abandon d’amour propre.
Outre le refus d’une « happy end », la volonté de dépasser le « déjà vu déjà fait » passe aussi par une fin symbolique représentant le fantasme de l’homme, et la puissance paradoxale d’une femme divinisée.
film troublant!
des maisons sur un lac ou logent pour quelques temps des hommes et une fille etrange et muette qui leur apportent de la nourriture et autres.
un film violent et fascinant aux images sublimes...
Il y a quelques bonnes idées et un univers certain, mais les scènes de torture sur les animaux sont injustifiables. 0 pointé.
Moyen
Film minimaliste. On ne sait pas trop où on va. En fait, il n'y a rien de passionnant dans ce film. Bon, il y a les suicides avec les hameçons... c'est marrant, trash et c'est le seul intérêt du film. Mais sinon, c'est l'ennui qui domine.
Un film qui accroche le spectateur ;)
Il est vrai, à première vue on pourrait penser qu'il y a quelques longueurs, pourtant ces passages lents sont nécessaires pour donner toute la dimension et l'ambiance bien particulière de "The Isle". C'est impressionant comment certains moments du film peuvent être à ce point douloureux physiquement pour le spectateur qui regarde, on ressent vraiment tout, le réalisateur réussit vraiment son travail ;) Je le conseille à tous sauf peut-etre aux ames sensibles...
L'ile des passions
C'est un fait que ce film rappelle des classiques comme ONIBABA et LA FEMME DES SABLES.Epoque oblige ,L'ILE est en couleurs et comporte des scènes trés explicites.
Mais les thèmes sont bien là:cette femme mystérieuse,envoutante ,et fatale pour le héros masculin entrainé ( par sa propre volonté) dans une passion sans retour.
Ce qui est surprenant,c'est la quiétude des magnifiques décors en total contraste avec le désordre intérieur des personnages.Mais pas d'hystérie échevelée:on a droit à une histoire plutot contemplative traversée par des éclairs de violence inouie,des fulgurances cruelles et dérangeantes.
Ces scènes de sexe et de sang n'en prennent bien sûr que plus de force.
Les interprètes ,tous crédibles, apportent beaucoup à la cohérence du projet.Le héros masculin,ahuri mais obstiné, est parfait et exprime toute la complexité de ses motivations.Que dire de la femme énigmatique qui domine cet univers? L'actrice SEO Jeong n'a pas besoin de beaucoup de dialogues: son regard fait passer toute la sensualité et le trouble nécessaires au role.Silhouette et démarche félines rajoutent encore à sa force de séduction,sans se départir d'une vraie fragilité.
Un mot aussi pour la prostituée finalement touchante dans sa détresse,la magnifique SEO Wong devant par la suite tourner BAD GUY avec le cinéaste.
Le choc éprouvé à sa sortie en France s’est sans doute estompé, mais L’ILE garde une magie qui opère toujours, alors que l’on connaît maintenant un peu mieux les choix esthétiques et thématiques de son auteur KIM Ki-Duk.
Par le choix d’un décor grandiose et profondément original à la base de l’intrigue teintée d’onirisme,par la puissance évocatrice de sa musique,par la profondeur des sentiments se jouant à l’écran, par cette mélancolie omniprésente ou la contemplation le dispute à la cruauté la plus directe, par la beauté époustouflante de ses sublimes héroïnes, L’ILE est une réussite majeure du cinéma et un joyau à la beauté inaltérable appelant sans cesse de nouvelles interprétations.
En d’autres termes, un classique.
Envoutant
Personnages mysterieux, beaute des paysages, certaines scenes un peu dures(c'est le moins que l'on puisse dire)...tout ca cree une atmosphere originale.
A ne pas rater!
DUR, ENVOUTANT, DECONCERTANT ...
Un film dur, à la fois envoûtant et déconcertant qui tente de décrire la solitude à travers la vie d'une prostituée. Ames sensibles s'abstenir, certaines scènes sont en effet très choquantes.
Un pur chef-d'oeuvre
L'Ile est sans aucun doute le film le plus envoûtant qu'il m'ait été donné de voir (et j'en ai vu beaucoup). en un mot : SUBLIME !
Entre esprit zen et cinéma gore avec une séquence provoc: une femme se mutile le sexe avec un hameçon. Kim ki-duk a dit: "prenez ça dans votre gueule !". "C'est immonde!" ont répondu en masse les spectateurs à l'esprit conservateur.
Lieu porteur
L’île est un film très étrange et paradoxal. D’abord parce qu’il ne raconte pas grand-chose mais est captivant, ensuite parce que l’épure et la sérénité qui dominent l’ambiance sont régulièrement brisées par des scènes d’auto-mutilation (à la limite du supportable), et de sexe sauvage.
Kim Ki-duk met tout d’abord en place une situation originale et presque intemporelle. Sur un lac sans remous, les quelques habitants des îlots semblent s’ennuyer autant que les poissons qu’ils pêchent, tandis que Hee-jin fait inlassablement le même parcours. Seul Myun-shik semble souffrir d’un trauma, simplement suggéré. Dès lors, par des effets subtils (même si parfois un peu faciles : des cadrages sous la surface de l’eau, la brume envahissant le lac), les premiers signes de dérèglement apparaissent. La relation entre les deux amants devient l’unique sujet du film, et Hee-jin, qui ne dit pas un seul mot, se meut en une nymphe calculatrice, passionnée et impitoyable, avec pour unique but de séduire Myun-shik. Les cadavres coulent, et les effets grotesques s’accumulent. Pourtant, ils se fondent dans l’absurdité du contexte et de la relation amour/haine des protagonistes.
L’ïle se clôt par un plan de la toison pubienne de Hee-jin, qui résume la tonalité générale d’un film qui baigne (au sens propre comme figuré) dans la démonstration des manifestations les plus physiques de l’humain : le sexe, la mort. Kim ki-duk, en choisissant de placer son cadre sur une zone presque surréaliste, magnifie leur mise en image.
UNIQUE ET PUISSANT
J' ai été littéralement hypnotisé par "L' ÎLE" et surtout par son actrice principale.
- Histoire simple somptueusement mis en scene part Kim Ki-DuK .
- Ambiance érotique à mort.
- L' actrice est MAGNIFIQUE (tous les plans avec elle sont à tomber part terre).
Sans doute le plus beau film de Kim Ki-Duk.
Complétement envoûté.
L'ile est un film qui m'a scotché : dés les premières images, je me suis senti porté par cette ambiance liquide et malsaine. L'héroïne est absolument terrifiante, dans son rôle de siréne tour à tour jalouse, amoureuse et cruelle... Si certaines séquences peuvent paraître répugnante à la simple description littérale, elles coulent tout naturellement lorsqu'elles sont rattachés à l'ensemble du métrage.
Un zeste de sado masochisme, voire une belle louchée, mais une ambiance fascinante, telle sera ma conclusion !
Intéressant
Un film violent, envoûtant et captivant. Attention aux hameçons!!!
?
Vu les critiques plutôt positives, je me suis enfin décidé à regarer l'île que j'avais raté lors de son passage au cinéma . L'île est assez déroutant, mais il est aussi beau, lent, hypnotique et troublant ; et une fois que l'on s'habitue à l'ambiance étrange qui caractérise ce film, on se laisse porté par les évenements qui jalonnent l'existence des différents personnages . Les acteurs sont bons surtout l'actrice principale qui fait passé moult émotions, sans aucun mot, juste à l'aide de son regard, ses gestes, sa manière de se mouvoir . A voir .