Ordell Robbie | 3.5 | Inspiration formelle en partie retrouvée mais lourdeurs scénaristiques. |
Xavier Chanoine | 3.5 | Un portrait finement ciselé et une réalisation privilégiant l'audace |
Et son personnage est en tout point fascinant car illuminé, illuminé comme un gosse qui rêverait de renverser l'Etat parce que les bonbons sont trop chers ou parce que les parcs à thèmes ferment trop tôt, pour caricaturer, et l'interprétation de Mikuni rajoute une couche dans l'ivresse utopique. Comme un général trop vieux ou trop paralysé par ses propres idées qui resterait à la maison au chaud, en prenant des nouvelles des troupes sur le "front", et en criant haut et fort que le suicide n'est pas une solution en cas d'échec (voir Lettres d'Iwo Jima). Kita aurait donc pu parfaitement s'apparenter à un véritable général meneur de troupes, tout en restant fervent politicien et philosophe à côté. Quelques scènes mémorables comme lorsque Kita s'éprend d'un vieil aveugle en le bassinant sur la présence spirituelle de l'Empereur, ou l'exécution finale d'une extraordinaire froideur. Audace? Pas certain, une chose est sûre, Yoshida n'a pas daigné faire les farceurs et guignols de l'audace formelle pour clore la biographie de Kita, agenouillé sur de la terre fraîche, bâillonné de tous les côtés, et rétorquant qu'il ne veut pas dire de bêtises avant de mourir comme ses "fidèles troupes" hurlant des "Gloire à l'Empereur" jusqu'à plus soif. Yoshida semble arrêter le temps durant cette ultime séquence gênée par la musique malsaine du peu prolifique Ichiyanagi Sei. Et puis ce générique interminable contrastant avec les "fin" habituels. Jusqu'au bout l'oeuvre de Yoshida aura su se distinguer du simple réalisateur de film Historique comme on l'entend, surtout lorsque celui-ci fait part de son éventail de solutions visuelles marquantes, la mise en scène stricte est aussi déstabilisante que visuellement chiadée. Abus de grand angle, utilisation récurrente de focales longues ou courtes, caméra jamais placée à hauteur d'homme, cadre laissant tout juste apparaître une tête, une silhouette, une ombre, objectif souvent placé à hauteur de plafond comme à hauteur du sol créant une véritable rupture avec la monotonie de l'ensemble : pas une voix plus forte que l'autre, pas un pète de rythme -lent- décourageant mais au pouvoir de fascination immense, il est certain que Coup d'Etat est un condensé d'idées à la pelle qui pourra à juste titre créer le malaise par son absence de codification.