C'est mou, c'est Lo Wei.
Corruption sauce Bruce Lee avec un supplément de background social et d'exploitation, Film qui annonce le brutal
The Club, où la vedette
Chan Wai Man jouera plus encore de son charisme froid, et de sa carrure, Kung Fu kid, kung fu triade option infiltration dans la droite lignée de
Delinquent est malheureusement réalisé par Lo Wei. C'est donc bien malgré le potentiel du pitch radical et le réalisme brutal du scénario totalement désespéré que Kung Fu Kid paresse avec véhémence.
Il est pourtant appréciable connaissant la jeunesse mafieuse de Chan Wai Man de le découvrir une fois encore interprétant un repris de justice choisi pour infiltrer les Triades. Un rôle qui lui va comme un gant et lui permet de jouer d'une face brutale de garde du corps impitoyable doublée d'une taupe, et d'une autre face plus touchante de soupe au lait immature et romantique qui lit des bédés en pyjama dans le même lit que la toujours mimi Nora Miao. Mais le film hésite trop souvent entre quelques bonnes scènes clés très inspirées du cinéma de genre occidental et une flotte de scènes de remplissage pauvrement mises en scène et dialoguées où l'ambiance voulue noire et immersive se heurte aux limites très vite atteintes de la psychologie des personnages (Nora Miao est une potiche en force dans cette histoire).
C'est réellement une constante dans la mise en scène de Lo Wei, c'est mou et creux, avec un nombre ahurissant de scènes sans aucune portée, de dialogues sans le moindre intérêt. Même avec une brute au coeur tendre comme Chan Wai Man, ici proche de Bruce Lee au niveau style ce qui n'est pas rien, Lo Wei ne fait que commencer de nombreuses bonnes idées, qu'elles soient romantiques, tragiques ou simplement de mise en scène, et refuse une approche globale du sujet en ne terminant jamais ses effets, se complaisant dans une mise en scène paresseuse au possible. A force d'exploitation bête et méchante du sujet complétée par de petites scènes bouche trou comme Chan Wai Man au volant, Chan Wai Man qui ne dit rien, Chan Wai Man qui réfléchit.... Kung Fu Kid se dilue rapidement et ne remonte que difficilement pour son final littéralement torché.
En dépit d'atouts qui le rendent plus réussi que beaucoup d'autres, sa trame solide au coeur des traffics de femmes et de stupéfiants qui n'est pas sans rappeler des films comme la série des Sukeban japonais, ses bagarres de voyous efficaces mais sans gros plus hormis pour l'amateur de Chan Wai Man, et Chan Wai Man lui-même, Kung Fu Kid reste clairement un tout petit film qui surfe mollement sur la vague.
Rageant car Michael Chan porte bien le semblant d'ambiance et l'équipe de cascadeurs constitués de futures pointures offre un spectacle primaire et brutal de bonne facture, mais aucun effet ne porte, même pas le twist tardif ou le gweilo masochiste. Chan Wai Man ne semble jamais déséquilibré ou tiraillé le moins du monde, il traverse le film tel un monolythe. Lo Wei ajoute pourtant une dimension familiale qui rapproche le film d'un Shaolin Handlock croisé avec Man on the brink, mais non, Chang Cheh et autres réalisateurs de kung fu exploitation de la Shaw avaient décidément plus de talent dans ce genre d'exercice urbain et désenchanté, ou du moins plus d'entrain.
Bonne surprise, pour un LO Wei, qui a quand même bien saboté le début de carrière de Jackie CHAN. Ici, la vedette est Michael CHAN, et il a quasiment le charisme d'un Bruce LEE, si l'on fait exception de ses cris nettement moins convaincants que ceux du petit dragon. Le film est à ranger dans la catégorie de
La Fureur de Vaincre, à savoir une succession de bastons avec un héros quasiment jamais mis à mal. Mais pour la présentation, il se rapproche beaucoup plus de
The Delinquent, par son côté exploitation 70's. Même musiques, même étalage de chair féminine (un peu moins quand même car Michael CHAN joue le héros qui a des principes). Au final, un cocktail pas hyper original, mais qui fonctionne très bien et avec très peu de temps morts pendant les 100 minutes du film. IMPORTANT : surtout éviter de lire le résumé au dos de l'édition Joy Sales, qui raconte l'histoire jusqu'à la dernière seconde du film !