Des armes et des larmes
En découvrant la minorité ethnique des Miao, le réalisateur Ning Jingwu a éprouvé comme un grand choc des civilisations et le besoin de graver sur pellicule les us et coutumes de cette communauté vivant sur un même schéma depuis des siècles. L'intrigue ne sert donc que comme prétexte à une véritable approche documentariste du quotidien des Miaos et – surtout – l'enregistrement de quelques-unes de leurs magnifiques chansons de plus en plus difficilement transmises des aînés aux générations plus jeunes, qui préfèrent partir pour les grandes villes. Malheureusement la balance entre belles images et intrigue fantoche est extrêmement bancale: les images manquent de beauté et l'intrigue tombe trop à plat pour pleinement se passionner pour les aventures du jeune Lala. Ca manque de poésie et le parcours du jeune garçon n'est pas assez abouti pour symboliser le passage de l'adolescence à l'âge adulte. Bien évidemment, Ning Jingwu se permet d'égratigner au passage l'actuel système chinois et notamment le départ des jeunes générations de al campagne vers la ville avec – souvent – des issues fatales; mais le propos a déjà été véhiculé dans trop d'autres civilisations (et même dans le cinéma chinois) et de manière bien plus pertinente pour convaincre ici.
A signaler, que "Bird's Nest" donne comme un complément plus "commercial" à ce film avec une histoire plus construite, mais également plus façonnée à un plus grand public.
La nature, le fusil et les Miao
Le Fusil de Lala vaut surtout pour son introspection de l'ethnie Miao. Il est intéressant de percevoir également le message très écolo de son réalisateur dans notre société de consommation. Le film est dépaysant, il nous fait agréablement voyager avec ses beaux paysages, sa culture proche de la nature donc, son émotion et ce parcours initiatique d'un jeune qui passe de l'enfance à l'âge adulte. Tout de même, je ne parviens pas être convaincu par ce film qui s'avère être en demi teinte notamment sur l'aspect fictionnel. Dommage parce que ce peuple de Miao donnait à voir et il en donne par le biais un peu plus documentaire du film. On félicitera tout de même l'audace du cinéaste à parler de ces minorités qui constituent la grande Chine, trop rare dans l'industrie cinématographique. Pourtant le sentiment mitigé persiste après visionnage...