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Mélodie pour un yakuza
les avis de Cinemasie
2 critiques: 1.62/5
vos avis
2 critiques: 3.38/5
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Harada considère ce "Mélodie Pour un Yakuza" comme un "film-apprentissage" pour lui, avec "une histoire banale mais de belles images". C'est à peu près le cas effectivement.
Le film nous conte l'histoire de Shuji, yakuza chargé d'abattre un chef ennemi, mais décidant au dernier moment de l'épargner. Il se met alors son propre camp à dos..
Avec son lyrisme romantique et ses ralentis, "Mélodie Pour un Yakuza" fait irrémédiablement penser à John Woo période polar pré-Hard Boiled. Mais le film de Harada étant sorti avant The Killer, c'est plutôt vers leur influence commune qu'il faut se tourner : Sam Peckinpah, l'Homme aux bloody slow-motions. Et comme Woo, Harada a donc romanticisé (si ce mot n'existe pas, il existera désormais) à l'extrême ses images. Mais Harada n'est pas le bon chrétien que Woo se trouve être, on échappe donc ici à un envol quelconque de colombes blanches près d'une église d'où sort le gentil, cigarette au bec. Malgré tout, le film est un pur roman-photo, un air de violon visuel d'une heure 30.
Tentant d'être "in" à l'époque (1987), "Mélodie Pour un yakuza" est un musée des 80's hallucinant : néons rose, bleu, musique au piano accompagnant les multiples scènes romantiques dans lesquelles des protagonsites aux brushings et permanentes fabuleuses discutent larme à l'oeil, maquillage et accoutrements au top de la mode (d'il y a 16 ans).. "The Heartbreak Yakuza" (titre US) est en effet très heart, et très break.
Le rythme du film, lancinant, monotone, n'en aide pas particulièrement la vision. On se surprend à s'ennuyer durant cette "mélodie", qui recèle de bonnes trouvailles, de bonnes idées de temps en temps, mais n'éveille jamais, par ses maladresses, l'intérêt qu'on pourra porter aux films qu'Harada allait faire par la suite.
Snif... Plus de mouchoirs.
Un Harada aussi honteusement méconnu que magnifiquement abouti !
2003 marquera l’année de la rétrospective Harada en France lors de la 11ème édition de l’Etrange Festival. Seront diffusés le séminal Kamikaze Taxi, le suffoquant
Bounce KoGals, le magnifique
Inuagmi, son dernier opus (pour l’époque)
Choice of Hercules. Mais surtout,
The Heartbreak Yakuza, connu comme étant l’une des sources d’inspirations pour le
The Killer de John Woo (avec, bien entendu,
Le Samouraï de Melville et
Narazumono de Teruo Ishii).
A l’origine film de commande pour le rock-star Gô Hiromi, Harada réécrit le scénario pour aboutir à une pertinente parabole de la jeunesse perdue dans le Japon des années 80 (même si le côté politique du cinéma d’Harada ne viendra frontalement qu’avec
Kamikaze Taxi). Contrairement à tout ce qui a été dit, le film est plus personnel que l’on ne veuille l’admettre, surtout pour une commande. Il avoue même s’être très bien entendu avec la star (qui l’aura beaucoup soutenu sur le tournage). La seule chose que renie vraiment Harada est l’actrice principale, la trop fade Mariko Ishihara (
Death Shadows, le film live de
Maison Ikkoku), dont ce fut d’ailleurs le dernier film avant d’aller finir sa vie dans une secte. Pour palier à cela, Harada développera le personnage de la prostituée jouée par la très talentueuse Reïko Nanjo, auquel Harada aurait souhaité lui donner le rôle principal féminin.
« Comment aurait réussi Huckleberry Finn s’il avait grandi au Japon ? (…)
Il aurait été Tueur Yakuza. »
Toujours dans l’hommage cinéphilique (après son tout premier film
Goodbye Flickmania, qu’il dédie à son mentor, Howard Hawks), Harada rend hommage à Hitchcock avec le fameux baiser des
Enchaînés. Malgré les mauvaises langues,
Mélodie pour un Yakuza est un très grand Yakuza-Eïga, surtout à une époque où le cinéma de genre est victime de la crise. Le contexte rajoute encore plus aux qualités du film. Un film qu'on espére sincérement réedité en DVD à l'unite et non pas dans un box en édition limité et hors de prix comme ce fut le cas auparavant.
Les propos tenus par Masato Harada viennent du programme de l’Etrange Festival 2003.