Singe de Reve
Le Pélerinage d'Occident est un classique de la littérature populaire chinoise narrant le voyage accompli en Inde par le moine Hiuan Tsang pour ramener les écritures sacrées du bouddhisme. La version qu'en a offerte Ho Meng Hua, dont the Monkey Goes West est le premier volet, est une des plus célèbres et plus populaires adaptations cinématographiques, bien loin devant la délirante version du mythe par le tandem Jeff Lau/Chow Sing Chi. Pour ceux qui veulent en savoir plus sur les différences entre le roman originel et sa réécriture par les scénaristes de la Shaw, se reporter au dossier sur le Roi Singe dans Hkmag numéro 12.
A cette époque, Ho Meng Hua est un simple et consciencieux artisan qui n'a pas encore lancé son ascension dans le délire bis. A partir de pérégrinations qui voient le moine faire d'un singe et d'un pourceau ses disciples, il signe un petit bijou de divertissement naif témoignant du savoir faire d'un système de studios. Certes, Ho Meng Hua n'a pas le sens de la théatralité d'un King Hu, le filmage viscéral d'un Chang Cheh ou les audaces de mise en scène d'un Chu Yuan. Il s'agit juste d'un bon réalisateur classique qui sait bien utiliser l'ampleur du format scope mais ici cela suffit amplement parce qu'une mise en scène élaborée aurait peut-etre nui à un film qui semble etre un de ces divertissements datant des débuts du cinéma. Dans l'univers merveilleux de the Monkey Goes West, une tempete peut éclater à tout moment, un singe peut surgir dans chaque coin, se propulser à des kilomètres par les airs, un singe peut grandir jusqu'à pouvoir tenir dans la main un moine à la manière de King Kong, on se bat avec un guerrier grotesque qui parait tout droit échappé de l'Atalantide, un souverain au physique repoussant qui croit que le pouvoir peut lui permettre d'acheter un mariage se retrouve transformé en pourceau, un pourceau s'y retrouve tenté par trois femmes se baignant, pret à trahir son maitre pour pouvoir s'abandonner à la tentation avant de connaitre un douloureux retour sur terre à la Green Snake, un moine se retrouve face à un dinosaure échappé d'un film de la TOHO, un pourceau peut s'y métamorphoser en clown et retrouver par là l'essence du burlesque. Cet aspect naif trouve son prolongement dans la multiplication des passages chantés dont le plus réussi concerne le pourceau épiant avec avidité les nymphettes démoniaques (tous ceux qui concernent le pourceau sont un vrai plaisir pour le spectateur). Quant aux décors, leur aspect carton pate, bien loin de donner un coté cheap au film, participent de sa poésie douce: il n'y a qu'à voir les magnifiques décors sous-marins du final du film porteurs d'émerveillement.
Seuls petits bémols: l'humour parfois lourd ainsi que le coté sommaire des chorégraphies des combats, le coté cheap des effets spéciaux n'étant pas un défaut et faisant partie du charme kitsch du film. Mais pour le reste ce premier volet remplit assez bien son contrat de divertissement pur et inscrit Ho Meng Hua comme un de ces bons yes men qui ont aussi droit à leur petit chapitre dans l'histoire du cinéma.
Le début de la légende
Près de quarante ans après son tournage, comment juger ce film ou pour mieux dire quels aspects de sa réalisation rendent sa vision difficile aujourd'hui? Surement pas les effets spéciaux et le carton pâte qui au contraire lui confère une certaine "patine", ni même les passages chantés genre qui ne vieilli guère, mais plutôt certains plans purement descriptifs que l'on n'a plus l'habitude voir, comme celui sur le pied du moine escaladant la colline au début du film. Hormis cela, le reste des éléments de part leur aspect suranné contribuent en fait au dépaysement avec un oeil d'aujourd'hui. L'histoire par elle-même est suffisamment linéaire pour être suivie sans peine, et la relation entre le singe et le porc conforme aux attentes que l'on pouvait en avoir comme moteur principal de l'humour du film. L'entrain général doit aussi beaucoup à la performance de
YUEH Hua dont les mimiques sont restées du coup elles aussi légendaires. Ce film allie intérêt historique et permet aussi de passer un agréable moment, voilà déjà deux bonnes raisons de le voir.
30 juillet 2005
par
jeffy
Le film est extra
"Le Roi Singe" - Le musical
Premier volet de 4 films (Princess Iron Fang, Cave of the Silver Silk, Land of many perfums), c'est également l'une des adaptations les plus fidèles et détaillées du roman le plus célèbre de Chine.
Délirant - sans toutefois atteindre les sommets de Chow - le film mélange séquences musicales (trop) et SFX d'un autre âge (j'adore les grands écrans passant des films d'aquarium pour représenter un monde sous-marin et le dinosaure plastoc).
L'intrigue, bien s'étirant parfois inutilement en longueur, manque parfois d'explications nécessaires à tout public n'ayant pas lu le livre; la trame reste pourtant suffisamment claire pour que l'on ne s'y perde pas.
Le film semble pourtant trop appliqué, par trop destiné à un public familial pour dégager une véritable saveur. Le réalisateur s'applique, mais n'insuffle pas assez de style / de visions personnelles pour en faire un classique.
Reste un spectacle divertissant vieillot assez plaisant, mais sans éclat.