L'Amour est proche
"A mother's heart" fait partie des récents efforts de l'industrie cinématographique cambodgienne balbutiante de remédier à la situation difficile et de relancer tant bien que prou leur industrie. L'ambitieuse production de près de trois heures (!) a pour principal mérite d'avoir été réalisée par…une femme, Pan Phuong Bophana – et elle fait preuve d'une belle dose de sensibilité pour emballer une première partie riche en émotions, mais perpétuellement sur le fil du rasoir du gros pathos. Ce qui ne va pas tarder à arriver dans les deux tiers restants du long-métrage: suffisamment long et riche en rebondissements pour remplir el cahier de charges de plusieurs longs-métrages, "A mother's heart" lorgne malheureusement trop sur ce qui fait le succès des nombreuses productions télévisuelles: les gros sentiments, romance à l'eau de rose et les plus grosses ficelles pour faire pleurer dans les chaumières. La présence au générique de deux stars montantes de l'actuelle scène "artistique" cambodgienne n'est sûrement aps étranger à cette soudaine intrusion d'une intrigue comparable à un roman de gare. Dans le rôle de (Vea-)Snar, Nhem Sokun confirme son charisme déjà déployé dans le précédent gros succès du box-office, "Tom Teav". Beau gosse, son jeu s'est effectivement affirmé au cours de ses nombreux rôles sur petit et grand écran, mais il reste tout de même avant tout un chanteur/danseur (de disques karaoke), plutôt que d'espérer décrocher un Oscar un jour. Face à lui, Sœur (ou Soeu) Sotheara lui fait chavirer son cœur, malgré son air incroyablement "boudiné" avec sa coupe de cheveux courts (la privant d'une bonne partie de son "sex-appeal" habituel). Parmi les plus grandes stars actuelles du public adolescent (et parmi une concurrence acharnée de près de 900 artistes de même acabit!!), ils ne manquent pas non plus de pousser de la chansonnette sur la bande originale accompagnant des véritables petits clips censés figurer l'immense tristesse et chagrin de leurs personnages (séparés); bref, alors que le film démarrait comme un gros drame social pas trop mauvais, la suite augure de la pire romance à l'eau de rose entièrement formatée au public adolescent. Qui aura réservé un énorme accueil chaleureux, moins à la sortie en salles du film, plutôt que lors de sa diffusion sous forme de série télé au Cambodge et aux Etats-Unis…
A titre d'information supplémentaire – et pour l'honorable démarche de l'entreprise – le film a été co-écrit avec deux écrivains – dont Yim Samnang, dont le présent film est l'adaptation de se nouvelle originelle "L'eau monte vers le sommet de la montagne" et co-financé par Lim Chhiv Hor, membre du Comité national de la Croix rouge cambodgienne. L'ensemble des revenus sera d'ailleurs reversé à l'organisation humanitaire.
