Pierres, feuilles, couteaux
Yamashita Nobuhiro, réalisateur du rafraîchissant, mais commercial, "Linda, Linda, Linda" renoue avec les racines plus indépendantes de ses débuts comme "Hazy Life" ou "No one's ark" pour ressusciter une période particulièrement noire de la politique nipponne. Si Wukamatsu avait parfaitement su rendre des ambigüités et aspirations de l'époque, la plupart des autres représentations ont été clairement édulcorées, jusque dans la représentation très hippie du faiblard "Norwegian Wood" de l'année passée.
Yamashita renoue avec un propos beaucoup plus dénonciateur, proche des thrillers politiques ricains de la fin des années 1970s, tout comme ces derniers, c'est moins la violence de l'action, que des mots et sentiments, qui l'emporte sur tout le reste; des manifestations on verra peu; en revanche, on saura tout des motivations des partis radicaux de gauche, qui complotent dans l'ombre pour semer la mort.
Le résultat est un film un brin longuet avec ses 141 minutes, mais une très belle étude de meurs, qui donne surtout à ses deux interprètes Tsumabuki Satoshi et Matsuyama Ken'ichi de transcender l'image de vedette des djeunz, qui leur colle un peu trop à leur peau pour donner toute la mesure de leur talent. Cela faisait longtemps, que le cinéma japonais dit "commercial" (le film est adapté des fameuses Mémoires du critique de film Kawamoto Saburo et – notamment en raison de son casting – était prévu pour une grosse sortie) était aussi fin et mature.
