Bourreau des coeurs
La légende – apparemment vraie – de Nai-Khanom Tom est apparemment indissociable de l'Histoire du Muay Thai. Art inculqué depuis la nuit des nuits de génération en génération, Nai-Khanom Tom a su utiliser cette technique de combat à bon escient contre l'envahisseur birman au XVIIIe siècle. Capturé par l'ennemi, il est mis à l'épreuve par le roi birman pour affronter un combattant de son armée en duel d'homme à homme. Quand l'ordre est lancé de commencer les hostilités, l'adversaire est déboussolé par l'étrange danse qu'effectue Nai-Khanom; il s'agit bien évidemment du rituel du "Wai-Khruu", une sorte de petite danse aux pas savamment étudiés pour adresser une prière aux Dieux avant le combat; d'ailleurs le match est considéré nul sous prétexte, que le combattant birman ait été distrait par cette étrange danse. Nai-Khanom devra affronter huit autres adversaires avant de finalement être déclaré vainqueur, d'être gracié et de pouvoir rentrer en Thaïlande avec les grands honneurs.
Cette histoire est connue par petits et grands en Thaïlande et a notamment connu les honneurs d'une populaire série télévisuelle, "Nai Khanom" il y a quelques années au pays du sourire.
Un sujet en or pour une transposition sur grand écran, surtout après l'incroyable déferlante de productions historiques déclenchée par le monstrueux succès de "Nang Nak" de Nonzee Nimibutr, puis "Bang Rajan" et ses ersatz (aka "Sema, the Thai Warrior"); sauf que les faiseurs ne devaient pas tout à fait disposer du même budget et – surtout – la déferlante "Ong Bak" n'avait pas encore frappé (le film sortira l'année suivante) pour mettre la barre de l'action martiale à la hauteur que l'on sait aujourd'hui. Soit un film aux costumes et aux design incroyablement cheaps, où des acteurs très peu charismatiques se fightent mollement et sans aucun entrain. Chaque coup porté passe à des mètres des adversaires, comme si les acteurs exécutaient une chorégraphie largement improvisée en prenant bien soin de surtout ne pas se blesser les uns les autres. C'est ballot, surtout si l'on est censé incarner LE légendaire guerrier thaï.
Ensuite, il y a également un énorme problème du point de vue de l'histoire: les rôles sont à peine esquissés et les revirements de situation paraissent clairement trop téléphonés. Ainsi, la terreur du village Ay Dum aiment à martyriser le petit Nai Khanom avant de tourner subitement la veste et de devenir son meilleur pote. La raison ? Il a dû lire le scénario, pardi, car sinon il n'aurait aucune raison évidente pour le faire. Et il y a une palanquée d'autres situations de même type, l'intrigue avançant en cahotant jusqu'au dénouement final attendu. Là encore – déception – le dernier combat est franchement torché et n'est même pas à la hauteur de l'un des nombreux matchs d'exhibition de Muay Thai organisés un peu partout pour touristes occidentaux en manque de "sensations fortes". Du moins, le film se termine sur une note de comique involontaire: le roi lui laisse le choix entre de l'or et des femmes. Dans le film, Nai répond qu'il ne choisit aucun des deux, car la Thaïlande lui offrirait or et femmes en masse de toute façon. Dans la réalité, Nai choisira les DEUX femmes et coulera des jours tranquilles jusqu'à la fin de ses jours. Le coquin. De quoi s'en foutre royalement des adaptations telle que celle-ci, occupé qu'il devait être avec ses gentes dames.
