Légende crépusculaire
Adapté d’une légende thaï selon laquelle une femme très amoureuse de son mari revient auprès de lui sous l’apparence d’un fantôme après sa mort, Nang Nak se rapproche du mélo hollywoodien Ghost tout en s’en éloignant sensiblement sur la forme et le fond. Nimibutr a en effet composé une œuvre poétique crépusculaire, dont la photo très sombre et l’ambiance d’outre-tombe en sont les principales qualités. Si une légère déception peut provenir du jeu limité des acteurs et des dialogues parfois irritants, l’histoire est cependant habilement menée (un doute plane longtemps sur le statut réel ou pas de Nak), mais aussi très ambiguë : on ne sait par exemple jamais si l’on doit approuver le choix compréhensible de Nak de rester auprès de son mari alors que la mort les sépare – quitte à entretenir l’illusion d’un monde « normal » et d’éliminer les mauvaises langues, ou si l’on doit le condamner en se résignant au fait qu’il faille quand même tourner la page après une séparation si injuste. Ce véritable dilemme entre la raison et l’émotion est si bien amené qu’il n’est pas interdit d’écraser une larme devant la scène finale.
Nang Nak est une vraie curiosité à la frontière entre le fantastique et le réel, signée par un réalisateur talentueux.
L'amour est aussi plus fort que la mort en Thaïlande
Nang Nak est mon premier film thaïlandais et pas des moindres, puisqu'il s'agit du plus gros succès de l'histoire dans ce pays. On comprend facilement le succès du film : histoire connue de tous (voir commentaire ci-dessous), cadre magnifique, photo splendide, émotion à fleur de peau, etc...
Le film est un mélange assez simple de fantastique et de mélodrame. Le côté fantastique se fait sans effets spéciaux ou presque. Quelques maquillages de bonne qualité, et tout le reste se fait par de la suggestion. Tellement moins cher et plus efficace (voir Le Sixième Sens...). Le côté mélodrame est quant à lui d'une simplicité limpide. On saisit parfaitement les sentiments des deux personnages, simples et universels. Il n'y a pas lieu de philosopoher pendant trois paragraphes sur les tenants et aboutissants du film. C'est un film sur l'Amour avec un grand A. Tout spectateur peut regarder ce film et l'apprécier à moins d'avoir un coeur de pierre.
Certes, des mélos, on en voit souvent, pas forcément très réussis d'ailleurs... Mais ici c'est très dépaysant pour un spectateur occidental (oui les thaïlandais avaient les dents noires à l'époque, pas par manque d'hygiène mais "décorées" avec de la nourriture pour les colorer, autre culture, autre moeurs...) et le film ne force pas sur la guimauve, l'histoire maintes fois répétée de ce fantôme se suffit à elle-même. Les bonnes vieilles recettes fonctionnent toujours aussi bien, surtout sur moi (quoi j'ai pleuré ? nonnnnn). La musique est également splendide, très exotique et bien utilisée. Les deux acteurs sont très crédibles. Si je vous disais qu'ils passent la moitié du film à dire "Mak...." et "Nak....", vous prendriez peur, mais les sentiments n'ont parfois pas de mots pour s'exprimer. On les comprend alors si bien...
Dommage que ce film ne bénéficie pas d'une distribution un peu plus large, car il est d'une émotion et d'une simplicité rare. A découvrir.
Nique la Mort
La légende de Nae Nak a été portée 27 fois sur grand – et plus d'une centaine sur le petit – écran; c'est dire l'immense popularité de cette tragique histoire d'amour.
Les thaïlandais pensant les films d'horreur avant tout comme un pur divertissement, la plupart étaient des adaptations légères et peu sérieuses – jusqu'à celle, en 1999, par Nonzee Nimibutr.
Nimibutr a énormément contribué au récent renouveau du cinéma thaïlandais. Alors que Pen-Ek Ratanaruang avait réussi à replacer la Thaïlande sur une carte cinématographique mondiale en ayant été le premier thaïlandais à être sélectionné au prestigieux Festival de Berlin (Fun Bar Karaoke, 1997), Nimibutr avait été celui à assurer le premier vrai succès au box-office local avec l'excellent film de gangster, "2499 – Dang Bireley and the young gangsters" (notamment coécrit par un autre futur grand, Wisit Sasanatieng, réalisateur des "Larmes du Tigre Noir"). Le phénoménal succès du film avait su redonner confiance aux producteurs locaux à investir dans des productions nationales et permettait également à Nimibutr de s'atteler à un nouveau projet ambitieux, qui sera celui de "Nang Nak".
Plutôt que de signer une énième variante de cette populaire légende, il s'est énormément documenté sur l'époque, durant laquelle est censé se dérouler l'histoire (la version de la seconde moitié du XIXième siècle) et a davantage privilégié le naturalisme.
Les efforts sont payants, mœurs, costumes et rituels des habitants étant parfaitement rendus dans les (presque trop rares) scènes de reconstitution; aussi il faut dire, que Nimibutr a mis un soin tout particulier à ce que tout fasse le plus vrai, que possible et non pas en carton-pâte ou des vêtements semblant sortis tous droits du pressing, comme dans beaucoup d'autres films de même type (à pulluler d'ailleurs après le phénoménal succès de "Nang Nak").
"Nang Nak" sera un autre immense succès et l'un des plus grands succès historiques du cinéma thaïlandais. Un succès mérité en raison de la forme plastique de l'œuvre (ATTENTION à ne pas regarder les copies éditées en Thaïlande ou à Hong Kong, ne rendant absolument pas justice au merveilleux travail du chef-opérateur, plongeant le film dans des couleurs semi-obscures, comme j'ai pu le constater en visionnant une copie cinéma du film), la mise en scène d'une efficacité redoutable, mais surtout l'humilité avec laquelle est racontée l'histoire. Il n'y a que peu d'effets choc pour respecter au plus près le drame de ce couple éploré et séparé par le destin des choses. Même la quête vengeresse de Nak en fin de film est restituée avec beaucoup d'humilité – et n'en paraît que plus terrifiante, lorsqu'elle apparaît tout d'un coup tête en bans, suspendue au plafond.
Un film fantastique de très grande qualité, un véritable classique de par l'originalité de son récit et son atmosphère absolument unique et dont la force de l'impact reste encore entier près de dix ans après sa réalisation, notamment en raison de son intemporalité, mais également pour n'avoir eu à subir (du moins en Occident, car en Asie – et notamment en Thaïlande – les copies fauchées abondaient) l'invasion de centaines de production de genre similaire à la "Ring".
surtout pour l'ambiance
le reste n'est pas terrible: photo (volontairement?) ratée: trop sombre et sale, mais c'est sûr ça participe à créer l'ambiance, la réalisation n'est pas spécialement intéressante, l'histoire non plus, très basique.
voila, malgré tout c'est vrai que l'ambiance est particulière, ça change un peu des films hk ou nippons du même style.
Histoire de fantômes thaïlandais...
Rien à voir avec la folie hong-kongaise...
Ce film est un pur joyau, une histoire d'amour au-delà de la mort qui évite les éternels clichés du genre, au contraire, le réalisateur y apporte une ambiance qui tend au malaise, la photographie, carrément terrassante, rajoute un ton résolument onirique. Les acteurs sont excellents, car d'une très grande sincérité dans leur interprétation.
Au final, ayant dans ma vie à peu près vu 2 films Thaïlandais, Bangrajan et Nang Nak, deux merveilles, je me demande si l'avenir du cinéma d'extrême-Orient ne passerait pas par Bangkok... simple questionnement, état de fait, that is a question ?