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All About Women

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les avis de Cinemasie

7 critiques: 1.11/5

vos avis

18 critiques: 2.5/5



Anel 2.5
Aurélien 0.25 Tout simplement insupportable
François 0.5 La déprime, quoi d'autre?
MLF 2.5
Ordell Robbie 0 Après Missing, TSUI Hark persiste dans le navrant.
Xavier Chanoine 1.75 Frais et énergique, reste un film navrant de plus pour Tsui Hark
Yann K 0.25 Gloubi boulga irregardable issu d'un cerveau grillé.
classer par notes | date | rédacteur    longueurs: toutes longueurs moyen et long seulement long seulement


La déprime, quoi d'autre?

Quoi d'autre peut générer la vision de ce All About Women pour un fan de cinéma de Hong Kong? Car plus que de subir un Broken Arrow lorsqu'on est fan de John Woo, la bouillie filmique qu'est cette soit disant comédie incite à faire une chose qui pouvait sembler tout simplement incensée quelques années auparavant: sortir d'une salle silencieuse où l'on n'entend que quelques rires clairsemés. All About Women ne fonctionne tout simplement pas du tout, s'éternise sur deux longues heures sans parvenir à décrocher autre chose que quelques sourires polis. Quand bien même on pourra trouver un côté burlesque à certains passages, il suffit de se remémorer quelques noms pour comprendre qu'on perd tout simplement son temps ici: The Blade, Il était une fois en Chine, Green Snake, Zu. Mes DVDs, vite, vite!

29 mars 2009
par François




Frais et énergique, reste un film navrant de plus pour Tsui Hark

La destruction/déconstruction du cinéma de Tsui Hark a  pris une sacré ampleur depuis Seven Swords, grand film, auquel le génial auteur barbichu apporta tout son savoir-faire acquis depuis des lustres, depuis Zu en fin de compte, bobine de tous les excès visuels et révolution à part entière dans le paysage cinématographique mondial. On laissera le plus récent The Blade de côté, confirmant le cinéaste au rang des plus grands faiseurs de wu xia. Si dans Seven Swords on y retrouve la fureur caractéristique de son cinéma et un certain engouement pour le rétro-futurisme (époque, look, mysticisme), le film restait ancré dans un classicisme fait wu xia avec son lot de combats à l’épée et autres défis colossaux où l’âme du Sept samouraïs de Kurosawa planait en guise toile de fond. Œuvre colossale, malade (une version de 4 heures sûrement aux oubliettes), chant du cygne, le film est à l’heure d’aujourd’hui le dernier souffle d’un grand du cinéma d’Hongkong qui n’a pourtant pas perdu cette excentricité et ce goût pour l’action/réaction où chaque seconde semble impliquer un lourd fardeau dont il faut se débarrasser, mais qui a laissé en cours de route l’ingrédient le plus important pour le spectateur : l’intérêt. Depuis Triangle, petite forme trop tranquille, Tsui Hark signe visiblement des films qui n’intéressent plus et qui ont perdu cette verve qui faisaient la force des classiques de son auteur au milieu d’une filmographie finalement inégale, une énergie communicative et explosive en prolongement d’une vraie identité artistique et narrative. Si un film comme Dans la nuit des temps est gavé de défauts, il respire une générosité et une vraie envie de donner du plaisir au spectateur par le profile des personnages et les situations improbables uniquement possibles lorsqu’elles proviennent d’un esprit dérangé et limite punk. Tsui Hark c’est un vrai punk, l’une des séquences du dernier tiers de All About Women confirme cette idée en se situant dans une décharge prête à accueillir du rock, du garage et du punk, pourtant musicalement le résultat ne dépasse pas la simple pop. Là aussi, déception. Il faudra aller chercher l’autre versant punk au rayon des personnages féminins qui ont ici clairement des ambitions écrasantes, surtout face à celles des hommes –tous en costards, ou limite clodos- qui n’ont clairement pas leur mot à dire car ce sont bien les nanas qui mènent la danse, qui grattent de la guitare bien grasse ou qui marchent avec des talons lourds de trois tonnes.

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Elles en imposent malgré le fait qu’elles n’intéressent que très peu : trois femmes ont trouvé l’amour de leur vie, mais les difficultés sont plus grandes que prévues. Tanglu (Kitty Zhang), est une entrepreneuse à succès perchée dans sa tour d’ivoire. Fanfan (Zhou Xun) est une petite employée/scientifique (on ne sait pas trop et, surtout, on s’en fiche) timide comme tout et pas plus attirante que la moyenne mais qui trouve du succès grâce à technique de drague artificielle basée sur l’utilisation de patchs émettant des phéromones. Argent facile. Enfin, Tie Ling est une jeune artiste punk-rock sur la pente savonneuse qui ne trouve l’inspiration que par un beau jeune homme dont elle est amoureuse mais qu’elle ne peut approcher du fait de son statut de star. La quête des patchs aux phéromones va donc être la cible de Tanglu et Tie Ling, tandis que Fanfan va tout faire pour sauver sa peau, offrant ainsi un petit lot de séquences rigolotes sauvant une fois de plus le film du naufrage le plus total. Car comme dit plus haut, All About Women est la tentative désespérée de Tsui Hark de sauver ses propres fondations déjà bien ruinées par son passage sur le sol américain et All About Women contient des traces d’un passé douloureux. Premièrement, Tsui Hark et Kwak Jae-Yong se complaisent dans le ridicule en faisant voler leur œuvre pas plus haut que les talons de Kitty Zhang ou comment mettre à profit délire artistique absolu et nullité guimauve du scénario contenant des passages dignes d’un bon sitcom neuneu. Pourtant il est souvent question de dérision totale assumée notamment d’un point de vue visuel (les hommes qui rougissent d’un coup face à Tanglu, les multiples patchs/lentilles de Fanfan, Tie Ling qui reçoit à la dernière minute par téléphone les lyrics de sa chanson en plein concert, les arrêts sur image et autres textes insérés à l’écran) pour faire coller au maximum l’esprit de All About Women à celui d’une bande-dessinée allumée, mais le film pêche par une approche brouillonne et presque décousue de son sujet, multipliant les personnages au sein d’une même intrigue et confondant clairement vitesse et précipitation (montage, enchaînement des séquences) sur toute la durée.

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On est bien dans un Tsui Hark, mais le côté artificiel et incroyablement pubesque de l’ensemble finit par faire basculer le film dans un monde surfait et où le grand n’importe quoi fonctionne sur une ou deux touches déjantées rappelant qu’à Hongkong on savait faire des comédies –parfois navrantes- mais assumées jusqu’au bout pouvant  se passer de tout le bling bling possible et inimaginable pour faire valoir cette dérision revendiquée. Des films comme The Legendary La Rose Noire ou The Big Deal en sont des exemples parmi des centaines qui appuient cette idée de faire rire et humilier ses acteurs dans un pur souci d’entertainment efficace. All About Women tente de remettre au goût du jour cette idée là mais n’avance qu’à pas hésitants du fait d’un background faussement chic et toc ruinant le caractère potentiellement « outrageux » du métrage à coups de séquences où l’on met en avant la Maserati Quattroporte de Tanglu, son sac à main à 2000 dollars ou encore le lieu qui lui sert de bureau à mi-chemin entre une station orbitale et le repère des Men in Black. Le contraste entre humour à la hongkongaise et démonstration de richesses matérielles ne fonctionne pas et donne la sensation que Tsui Hark a basculé lui aussi du côté des artistes qui fument le cigare, glissant ça et là quelques spots publicitaires qui n’ont absolument rien à faire là (Dior, Maserati…), parlant de tout et de rien comme pour s’éloigner de l’exotisme asiatique (un berger français digne d’une pub de Roquefort Société et son cochon chercheur de truffes font limite figure d’intrus et ce n’est même pas drôle) et tentant de créer des figures de style trop lourdes limite extrémistes, affichant trop lourdement cette idée de « pouvoir aux femmes » d’un autre âge (l’introduction, les flash-back de la guerre), qui scie pourtant assez bien au film (logique, c’est un film sur la gente féminine) mais qui n’est ici que prétexte à mettre en avant le casting féminin dans des rôles formatés à outrance, ne leur donnant que peu d’ampleur : une entrepreneuse chic, une nunuche et une chanteuse de punk-rock. Original. Reste que malgré l’approche un poil décalée de certaines séquences où les nanas cognent sur tout ce qui bouge (rappelant par la même occasion que Kwak Jae-Yong n’est pas loin), rêvent d’idéal, ou trouvent des combines pour attirer les beaux mâles, le film reste trop inégal, pas assez rentre-dedans.

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Pire, on s’ennuierait presque ferme passé 90mn, moment où le film tente de chercher désespérément une conclusion à tout ce ramdam bruyant avec une affaire de vol de sac à main durant une vente aux enchères qui tourne au spectacle grand-guignolesque, abandonnant la romance (plutôt active) pour le récit d’espionnage téléphoné quasi banal dans son exécution. Triste au vu d’un métrage qui aura pourtant livré à doses homéopathiques de passages inspirés comme les tentatives de séduction de Fanfan toutes vouées à l’échec –et bien accentuées par un écriteau « échec » et arrêts sur image- ou encore le premier entraînement de boxe avec son cochon dessiné juste hilarant. Pour profiter du reste il faudra être tout sauf exigeant et se rappeler que Tsui Hark sait découper les séquences avec une énergie telle qu’elle peut rendre son spectateur euphorique (la séquence d’intro avec la cigarette) mais loin de se sentir concerné par ce qui se passe sous ses yeux, la faute à un scénario qui n’apporte absolument rien au genre malgré un énorme travail à côté, comme celui sur le son (les meuglements de vaches pour imager un troupeau d’hommes en rute est une des bonnes idées loufoques), qui donne alors une toute autre ampleur comique au métrage. Mais c’est assez triste, surtout en 2009, de palier au manque d’audaces du scénario par une avalanche de bruitages comiques et de mouvements de caméra tranchants pour un film dit drôle et enlevé sur le papier. Une bouée de secours qui confirme hélas Tsui Hark dans un rôle sans surprise depuis Missing: une générosité clairement affichée mais des ambitions à des années lumières de ses meilleures œuvres antérieures, pire, il semblerait que le cinéaste recycle des images que l'on trouvait déjà dans le cinéma hongkongais de la fin des eighties, comme la ballade à moto de Tie Ling avec un gentleman à l'arrière qui aurait très bien pu être exécutée par Andy Lau 20 ans plus tôt. En fin de compte on espère que son prochain long-métrage oublie la romance nunuche –nostalgique chez Missing, énergique ici- pour revenir aux bases qui firent toute la dimension de son talent, à savoir l’audace.

06 mars 2009
par Xavier Chanoine


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