C’est beau mais jamais vraiment passionnant
Avant de visionner ce film, il faut être sûr de vouloir regarder un film qui prend son temps. Rien que pour ça, j’ai eu du mal à me concentrer sur Omohide Poro Poro. L’état d’esprit dans lequel on aborde le film joue beaucoup car le sujet, en plus de n’être pas forcement passionnant, est traité avec lenteur. L’histoire alterne constamment entre passé et présent de Taeko mais je trouve le présent plus contemplatif. Le passé fait plus réagir au niveau des sentiments. En effet, qui n’a pas le souvenir d’avoir ressenti des frustrations et des grandes joies pour des choses qui aujourd’hui paraissent bien insignifiante avec le recul ? Des choses qui resurgissent dans nos mémoires des années après grâce à un petit déclencheur. C’est exactement ce qui arrive à Taeko. D’ailleurs, au final, on en sait plus sur l’année de ses dix ans que sur ce qui est advenu d’elle après.
Au niveau du présent, on est baladé dans une campagne avec de la belle musique hongroise. Les paysages sont absolument magnifiques, c’est le gros point positif et je dois avouer que ça vaut le détour. Mais ça ne rattrape le fait qu’il ne se passe pas grand chose. Taeko cueille des fleurs, se balade avec Toshio, a des grandes réflexions sur la nature et le mode de vie des citadins. On a plus envie d’être à sa place dans cette campagne somptueuse et de profiter du calme environnant plutôt que de l’y voir évoluer. Reste alors à profiter de ses souvenirs encadrés par un voile blanc et tout en tons pastel qui sont un nouveau plaisir pour les yeux.
Les deux périodes décrites sont des témoignages de deux époques au Japon et c’est là le plus grand intérêt de Omohide Poro Poro. Encore une fois le passé est plus intéressant. Taeko dans les années 60 a 10 ans et vit dans une famille où la seule référence masculine est un père autoritaire devant qui tout le monde s’incline. Il ne dit ni ne fait grand chose mais à chaque fois qu’il agit, ça laisse un souvenir marquant dans l’esprit de la jeune enfant. Le reste de la famille est exclusivement féminin avec la présence de la mère, des sœurs et de la grand-mère. Traditionnel donc. Et il y aussi ces moments savoureux où tout le monde se réunis autour de la découverte de l’ananas, de l’art de le découper et la déception au moment de le goûter. En dehors de la vie de famille, on suit Taeko à l’école où visiblement ce ne sont pas les professeurs qui l’ont le plus marquée mais plutôt ses rapports avec ses camarades.
Retour dans le présent avec l’art de la cueillette et le conditionnement traditionnel des benibana. Une fleur qui était encore exploitée au début des années 80 pour obtenir un colorant naturel pour les textiles. Là aussi c’est le témoignage d’une pratique qui a disparue avec le temps. Il est tout à faire compréhensible que ce film ait été un succès lors de sa sortie au Japon parce qu’au final ça leur parle directement de leurs souvenirs, de leurs traditions, d’un retour à la nature. Pour nous ce sont de magnifiques dessins qui illustrent des moments de vie d’une femme et qui nous apportent des éléments de la culture japonaise mais d’une manière tellement passive que ça en perd de l’intérêt. Pourtant après le générique de fin, on serait prêt à dire que c'est merveilleux et que l'on a passé un bon moment tellement cette séquence est remplie de bonheur à l'état pur. Mais cela ne fait que rendre l'impression générale d'autant plus mitigée.
En voilà une belle chronique de vie basée sur la résilience entre enfance et maturité ! N'espérez pas de passages oniriques à la "Mon Voisin Totoro" car ce long-métrage animé, à quelques très rares et sages moments, demeure très encré dans la réalité du monde réel. Pas de quoi trop s'ennuyer néanmoins pour qui sera sensible à ce type d'univers où seul règne la beauté (et le reste, plus amère), de l'existence montrée de façon terre à terre dans tous les sens du terme mais avec le talent de Takahata. Ce récit est également un hymne à la campagne, autre point commun avec notre "amis" Totoro ! Je voudrais attirer votre attention sur un autre animé de qualité partageant cette alternance enfance/maturité avec un traitement différent. Il s'agit du méconnu "Happiness Road" (de Hsin Yin Sung - Taïwan - 2017).
10 septembre 2020
par
A-b-a
Un film pas très passionnant pour qui ne se sent pas concerné par le sujet.
L'animation et les décors sont magnifiques. J'ai eu beaucoup de mal à m'attacher aux personnages et à l'histoire cependant.
Belle des champs
Voilà un film fort injustement méconnu parmi les fleurons des productions Ghibli.
"Les souvenirs au compte-gouttes", titre original, résume parfaitement le sujet.
Une jeune Tokyoite célibataire se rend en vacances dans une région agricole ou elle rencontre un jeune fermier, coeur à prendre lui aussi.Eprise de nature ,Taeko va se fondre dans ce nouvel univers,tout en se remémorant des images de sa vie au CM2 et de sa famille à cette époque.
Véritable ode à la vie champêtre,ce film est aussi tissé de la nostalgie de l'enfance.
Mais ce sont les souvenirs qui permettront à la jeune femme de régler ses questionnements présents.
Les images sont vraiment soignées, un tel décor si bien rendu, c'est déjà un moment de bonheur.Le dessin classique évoque le maître Osamu Tezuka, surtout les moments de l'enfance.
L'animation? Elle est sans reproche.
Et les personnages sont tous justes,de la famille de paysans avec cet accent trainant de la campagne profonde, à la typique classe de CM2 .Taeko enfant est toujours touchante, entre ses rêves de gloire théâtrale et son quotidien banal entre ses grandes soeurs,sa mère, sa grand-mère, son père autoritaire et silencieux et ses copines de classe.
Justesse de ton donc, beaucoup de pudeur aussi dans la façon de présenter les situations: entre les plans sublimes de l'été aux champs et le rapprochement des deux jeunes gens sur fond de clins d'oeil au passé, tout baigne dans un climat de sérénité et de grâce paisible.
Sans aucune idéalisation du retour à la nature, sans niaiserie ni lourdeur mélodramatique.Mais tout en nuances et petites touches.
Beaucoup d'humour également, comme la scène de première dégutation familiale de l'ananas,ou la naiveté des écoliers face aux petites et grandes découvertes de la vie.Mais c'est plus un sourire bienveillant et amusé par le regard de Taeko adulte, qu'un gros éclat de rire potache.
C'est vrai, il ne se passe finalement pas grand chose, et pourtant cette banalité-même devient passionnante car on dépasse les limites de l'animation, du cinéma tout court, pour plonger dans une tranche de vie et partager les émotions des sympathiques protagonistes.
Bien sûr, la fin est trés attendue, un peu comme dans "Umi ga kikoeru" avec qui elle présente bien des similitudes, ou "Mimi o sumaseba", deux autres oeuvres dans la veine réaliste des studios Ghibli.Mais ce qui en fait tout le sel est le mélange du passé et du présent pour cette occasion, manière de boucler avec intelligence la boucle.
Ce magnifique voyage dans le Japon des rizières et cette visite au pays des souvenirs démontrent que le bonheur est souvent plus prés de nous que l'on ne le pense.Jolie leçon de vie.
Doux Japon...Cher pays de mon enfance...
Bercé de tant d'insouciance...je t'ai gardé dans mon coeur...ainsi pourrait-on résumé le film de Takahata qui avec maestria nous plonge dans ce Japon des années 60 où l'essor économique et la prospérité sont bien loin de la bombe de 45 ou de l'incertitude actuelle.
Un film tendre et critique (comme toujours chez Takahata).
à la fois moderne et très original, à voir !
Je le vu sans à priori et je surpris par les thèmes abordés, ce ne fut pas ce à quoi je m'attend habituellement de la part d'un animé, et c'est tant mieux. Ici, on se retrouve pas dans un énième univers imaginaire, bien au contraire car le film colle au plus près au quotidien de la vie et des souvenirs d'une jeune femme. Je suis certain de ne jamais avoir regardé un animé qui soit autant réaliste, il me rappelle d'ailleurs certains film d'Ozu. Il me parait également très humain car j'y ai dénombré un tas d'aspect relationnels tous parfaitement abordé, et parfois détaillé. La psychologie de l'héroine est étonnamment fouillée (quasi-psychanalytique). C'est assez déstabilisant de retrouver dans un film d'animation une telle complexité dans certains dialogues et dans le registre des émotions, je dois aussi parler des émotions que j'ai ressenti personnellement, c'était très fort...
En revanche je n'ai pas aimé pas les couleurs fades sur le support que j'ai eu la chance de visionner puis il y a un passage à vide dans le scénario vers le milieu. Ces reproches restent anecdotique compte tenu de la qualité de l'oeuvre.
Je suis très heureux d'avoir vu ce film que je garderais longtemps en mémoire, et ravi de pouvoir en donner mes impressions qui l'avez compris sont très positives.