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Le pitch d'Onibi le démon, on l'a mille fois vu dans le cinéma de genre et pas qu'au Japon. Soit une classique histoire de gangster sortant de prison, tentant de rester dans le droit chemin pour finalement rechuter. Avec en plus le personnage mille fois vu de la jeune femme amoureuse du gangster tentant de l'empecher de rechuter. D'où un scénario devenant vite très prévisible dans son déroulement. Mais après tout le cinéma de genre est d'abord affaire de traitement et sans etre une grande série B Onibi le démon dispose de quelques atouts de ce coté-là. Sans etre renversante d'originalité, la mise en scène de Mochizuki est ici d'un classicisme épuré de bonne facture. Associée à un usage parcimonieux d'un bon score classique, elle contribue à donner au film une retenue touchante servant bien les émotions exprimées. Du coup, les meilleurs moments du film se retrouvent etre ceux qui sont à la frontière du téléfilm sans jamais y tomber: les passages intimistes concernant les rapports entre le héros et sa jeune conquete. L'autre point fort du film, c'est son attachement à montrer la dimension humaine de son héros au détriment de l'action. Il est rendu attachant dès ce premier plan où il se recueille devant une tombe et est presque heureux que sa compagne ne soit pas capable de tuer machinalement. Et tout le film sera porté par son dilemme entre son souhait de rachat et une fatalité de la rechute en marche. Dilemme mille fois vu mais rendu touchant par la prestation d'Harada Yoshio. De ce point de vue, il est dommage que le scénario surligne trop à plusieurs reprises cet aspect-là. Comme lors de ces scènes de cuisine insouciantes où l'on entend le héros parler en voix off aux juges ou de ces moments où il profère des citations littéraires évoquant sa situation. Des signes extérieurs auteurisants qui sentent l'artifice surtout que la prestation d'Harada Yoshio exprime bien ces choses-là. Les plans subjectifs lors d'une scène de sexe sentent eux la facilité formelle. Sans etre aussi marquant que les classiques kitaniens, Onibi le démon se révèle etre un yakuza eiga de bonne facture.
Dès les premières images, Onibi bénéficie d’un capital sympathie indéniable : un yakuza solitaire s’avance sans bruit à travers de hautes herbes afin de se recueillir devant une tombe, puis à la tombée de la nuit, il rejoint la ville avec un sac pour seul bagage, images soutenues par une jolie mélodie nostalgique au violoncelle. Ce yakuza, c’est Kunihiro, incarné par le gros atout du film, à savoir un HARADA Yoshio en grande forme ; un yakuza qui sort de prison et qui est fermement décidé à reprendre une vie honnête. Mais sa rencontre avec une pianiste qui ne rêve que de vengeance et le poids d’un passé décidément trop lourd vont le conduire à s’écarter une nouvelle fois du droit chemin.
MOCHIZUKI possède un talent indéniable de metteur en scène et de directeur d’acteurs. Mais ce n’est pas un conteur, un narrateur ; s’il nous cueille pendant les premières minutes, son récit ne fait que se déliter au fur et à mesure du temps qui passe, ralentit, multiplie les scènes trop banales et trop contemplatives sans véritable fond. A vouloir être trop hermétique et froid, Onibi le démon laisse une impression mitigée d’œuvres aux qualités indéniables qui n’emporte pourtant pas l’adhésion.