Femmes au foyer
Premier long du réalisateur, son film fait un passage remarqué dans le circuit festivalier actuel et impressionne certains critiques par son style posé, son sensible portrait de femmes de différentes générations et son petit monde utopiste en haut du toit du "love motel". Un monde idéalisé, où le temps semble s'être arrêté, où jeunes et vieux jouent ensemble en toute insouciance. Un havre de paix construite des mains d'un seul homme, en marge d'une société, qui semble avoir été incapable de faire de même. Un endroit de trop plein d'amour, tranchant singulièrement avec le love motel anonyme (les amants de la jeune femme nymphomane ne seront jamais complètement présents dans l'image) en contrebas et avec le lourd secret qu'entoure la tenancière.
Alors oui, certes, ce petit film indépendant tranche dans une cinématographie nipponne autrement plus commerciale; le portrait des femmes est sensible et l'œuvre pétrie de bons sentiments…mais elle est également incroyablement chiante. Adopter un rythme posé ne rime pas forcément avec un succès garanti et atteindre la maîtrise d'un Tsai Ming-Liang ou Jia Zhang-ke dans ce domaine n'est pas donné à tout le monde…Il faut donc se farcir une première heure en dents de scie, éveillant la curiosité par la teinture particulière de la jeune héroïne, mais jouant avec la (im)patience du spectateur devant le vide scénaristique et une ambiance, qui ne prend pas vraiment. Seul le dénouement vaut à peu près le coup, bien que le lourd secret est en grande partie levé dès le milieu du film et que les rapports particuliers entre la nympho et la femme retenue sont loin d'être parfaitement esquissés.
Un premier long, qui laisse entr'apercevoir un certain talent, mais qui demande d'être en grande partie confirmée par la suite.
