Les jeunes filles et l'eau
Alors que la transposition de l'intrigue éculée de "Evil Twin" du temps de la dynastie Joséon (1392-1910) offre un changement bienvenu par rapport aux nombreuses productions contemporaines similaires, le réalisateur Kim Ji-Hwan ne fait que du neuf avec du vieux…
A savoir que la plupart des productions horrifiques coréennes prenait place dans le passé avant que le cuisant échec de "Woman's Wail" ne mette un terme provisoire au genre en 1986.
La série des "Whispering Corridors" avait donc réussi à d'autant plus révolutionner le genre en transposant des histoires classiques dans un cadre plus contemporain.
Moins de dix ans – et une bonne centaine de productions – plus tard, voilà la nouvelle génération de réalisateurs faire du neuf avec du vieux. Et Kim Ji-Hwan de ne pas trahir l'héritage de ses ancêtres. Critique de film dans la revue cinématographique "Film 2.0" (dans laquelle il tenait des rubriques aux titres aussi éloquents que "Gore Mania" et "Forbidden DVD's"), il se vante de posséder des milliers de films exclusivement d'horreur.
Pour son premier long, "Evil Twin", il s'inspire surtout d'une série télévisée classique en Corée, les "Legends of the Hometown" (aka "Untold Stories"). Son hommage est d'autant plus sincère et réussi, qu'il a mis le paquet côté travail artistique: costumes, décors et lumière sont de toute beauté et le charme opère au moins du côté de la parfaite reconstitution. On se croirait dans un "Kaidan Eiga" d'une autre dimension.
Dommage seulement, que l'histoire ne suive pas. Une fois de plus, le fantôme est représenté par une jeune fille revancharde aux longs cheveux noirs et sales; seule nouveauté: elle est démesurément grande, ce qui lui vaut de se cogner la tête contre une poutre d'un plafond – un grand moment de comique involontaire! La belle explication finale (avec twist) est certes bien trouvée et les scénaristes ont su doser action, horreur, romance et suspense en un savant mélange – l'énième répétition d'un film de genre gâche malheureusement le plaisir du spectateur averti. Kim manque également de la maîtrise d'autres metteurs en scène plus confirmés et se repose un peu trop souvent sur des simples effets de montage "cut" et de brusques montées de son tout en se montrant incapable de créer une ambiance de terreur et d'angoisse à d'autres moments. Il passe également à côté de la scène la plus forte du film: celle d'un personnage brusquement rattrapé par le fantôme, traîné, puis pendu au plafond dans une maison abandonné; il y avait de quoi réaliser une vraie scène de terreur malsaine.
Reste l'entière réussite artistique, un casting de talent et de toute beauté et le mérite d'avoir au moins cherché à insuffler une énergie nouvelle dans un genre définitivement éculée. L'été "des horreurs" 2007 du cinéma coréen trouvait là une honnête entrée en matière, malheureusement pas récompensée ni par un succès publique, ni par une production à la hauteur des espérances.