Avec une implication manifestement forte d'Otomo dans le projet on pouvait en premier lieu s'attendre à un petit bijou visuel… On en est malheureusement loin du compte ! Entre superpositions des couches parfois trop marquées, chara design parfois discutable (certains persos sont franchement laid) et quelques défauts d'animation. Dans ces "ratées" artistiques on notera en particulier le fait que bon nombre de personnages louchent de façon trop flagrante. Les yeux sont en général mal fait, ce qui est fort dommageable, puisqu'en anime comme dans la vie il s'agit de la partie la plus expressive et qui donne le plus de vie au visage. Ces approximations rendraient presque certaines scènes désagréables, ce qui est dommage car le choix de certains cadrages, les couleur et l'ambiance créée dénotent une réalisation qui aurait pu mieux s'épanouir… De même le décor est soigné, le nombre des objets animés important et les mecha plutôt agréables, vraiment dommage que les personnages ne soient pas à la hauteur !
Si la mise en forme n'est pas au delà de tout reproche, le scénario quant à lui donne véritablement beaucoup d'intérêt à l'anime. Un scénario à la trame de fond triste mais qui transpire la joie de vivre et l'amour. Etonnement positif et optimiste compte tenu de l'idée de départ, Otomo a su mêler habillement dans son histoire humour, action et réflexion sur la condition des personnes âgées (ou Roujin en Japonais). Un thème préoccupant compte tenu du vieillissement de la population des pays industrialisés abordé avec maestria et humanité.
Roujin Z a beaucoup de points communs avec akira pour le scénario, au lieu de de gamins aux super pouvoirs, ici ce sont des vieux en maison de vieux qui ont des super pouvoirs, grossomodo hein.
Beaucoup plus porté sur le comique que sur le dramatique sans en être dénué, Roujin Z n'est pas un chef d'oeuvre mais un animé plutôt agréable écrit par Otomo, très frais et assez original pour valoir le coup, les faiblesses principales étant l'animation des persos qui manque cruellement de fluidité et le chara design à la Tom Sawyer, minimaliste voir simpliste.
Mais au final, ça donne un certain cachet au tout, et j'avoue que j'ai une tendresse particulière pour ce remix chez les vieux d'Akira.
Une histoire comme Otomo sait nous les pondre, originale, drôle et philosophique.
A l’occasion de l’édition (soignée) chez Kaze du DVD j’ai enfin pu voir la bête. N’avais-je pas pu avant ? Si, bien sûr. Mais je n’en avais pas eu l'envie. Une histoire de vieux, des extraits qui ne m’emballèrent pas plus que ça, un chara design plutôt étrange… Surtout, j’étais encore dans un trip Akira (Otomo = Akira) et j’éprouvai comme un blocage quant à l’objet. Parce que, soyons sérieux : où est-elle, dans Roujin Z, la moto de Kaneda ? Y’a pas. Ce blocage fut aussi verrouillé par cette thématique par trop sérieuse vantée partout « d’état des lieux quant à nos vieux, blablabla, œuvre visionnaire blablabla… » C’est faux. Du moins, ça n'est pas l'intérêt premier de la chose, car même si en effet par endroits ce DTV (=OAV) fait figure d’excroissance intéressante du Soleil vert de Fleischer, quel dommage de n’avoir pas vanté plus avant – avant – les atours déconneurs de cette farce, la légèreté positive de l’ensemble, la joyeuseté du propos !
Car enfin, c’est flagrant, nos chouchous d’artistes se sont poilés – et m’ont fait me poiler – avec cette histoire simple d’un vieux papi gâteux s’en allant à l’aide d’un robot, la bave aux lèvres, voir la mer. Parce que les tabous sur la vieillesse sont balayés comme le sont ceux du handicap dans le frenchy Intouchables et parce que certains a priori sont immédiatement réfutés on aurait là une exception notable, voire même un pamphlet ? Non, c’est un simple retour à cette humanité évidente à laquelle tant de geeks – à traduire par vaches à lait consentantes, aka des « imbéciles heureux » – se sont éloignés à force de voyages dans les sous-niveaux d’une virtualité « Inceptionnelle ». Pas d’hypocrisie, pas de langue de bois, pas de consensualité, pas de sur-dramatisation ni de morale appuyée, non. Mais de l’humour, beaucoup d’humour. De celui que l’on lisait dans les premiers mangas d’Otomo (trouvables dans l’excellent recueil Otomo Anthology) mais aussi du fun, des couleurs, des personnages aimés et roule le mécha ! Malgré les déchets indéniables sans doute liés à un budget restreint que sont cette musique à la ramasse, un travail sur le son honteusement bâclé, un début mou du genou, un rythme par trop hétérogène et quelques longueurs, cet anime reste une friandise très appréciable. Le scénario aurait pu être écrit par Masami Yuuki et illustrer une bonne OAV délirante de Patlabor, et l’animation, certes inégale – on a des scènes statiques – laisse parfois Kitakubo (Black Magic M-66) se lâcher sur de belles échappées animées, avec un court mais beau travelling avant en mode subjectif à vélo, le gros morceaux de bravoure final ou encore toutes les scènes impliquant notre belle héroïne d’infirmière, particulièrement soignée. Est-ce que Satoshi Kon, crédité au design artistique sur ANN, avec déjà l’aide du character designer Hisashi Egushi (qui participa à Perfect Blue) fit là un peu de ses armes sur de superbes gambettes féminines en action ? Un character designer qui en passant s’est manifestement marré à créer des figurants comme échappés du Collège fou, fou fou ! Relevons aussi, quand même, qu’avec ce robot biomécanique évolutif lié émotionnellement à son « pilote », même en mode potache Otomo et sa bande de lutins farceurs mirent quatre années dans la tronche au cockpit d'Evangelion.
Merci à l'éditeur Kaze d'avoir eu l'amabilité d'envoyer le DVD à la rédaction.
Capital sympathie maximum pour ce beau film d’animation. Beau parce que simple et humain, posant un regard à la fois tendre et complice sur des gens moyens auteurs de grands exploits, Haruko en tête. Cette jeune aide soignante s’occupe comme il se faut d’un vieillard, Takazawa-san, jusqu’à ce que celui-ci lui soit enlevé pour le compte d’une expérience : il sera le cobaye d’une nouvelle machine créée par le duo Hasegawa/Terada censée remplacer n’importe quelle aide humaine. La machine, sorte d’immense lit mecha-nique, semble être la structure idéale avec sa toilette automatique, son système d’exercices physiques, et ses programmes ludiques. Malheureusement, au lieu d’être une simple station de soins, cette dernière se révèle être une arme de destruction…Du pur Otomo, que ce Roujin Z. Quel est l’avenir de la technologie au Japon ? Les machines vont-elles remplacer l’homme dans un pur souci d’évolution –et donc de régression d’un point de vue humain ? Les machines seront-elles viables ? Serviront-elles à des fins militaires sans que l’on ne le sache ?
Des questions qui obsèdent un autre auteur, Oshii Mamoru. Ce qui obsède sûrement plus Otomo c’est la fusion probable entre la technologie, l’organique et l’être humain, à l’image de ce vieillard littéralement fixé sur son lit mecha-nique, et ce malgré lui, ne faisant plus qu’un avec la technologie. Il est également percé de toute part par des tuyaux, démontrant ainsi la prise de pouvoir de la machine sur ce dernier. Roujin Z est également un vrai film politique, évoquant l’espièglerie de ceux qui souhaitent faire de l’argent sur des vies humaines. Une jeune femme et une bande de vieillards tenteront de s’y opposer par simple amour pour le genre humain. Roujin Z est donc particulièrement attachant parce que très humain, drôle sans pour autant se moquer (bien que le vieillard bave, se fasse dessus et quémande à manger, soit), plein d’énergie malgré le paradoxe de l’âge pour certains. Une vraie petite famille se forme contre le « pouvoir », les autorités policières et les médias, une vraie sucrerie pleine de légèreté en fin de compte anarchiste et explosive jusque dans un film apocalyptique. En comparaison des travaux de Otomo, le film ne tient pas réellement la comparaison au niveau de la dimension visuelle. Ceci dit, malgré un trait de crayon parfois grossier plus proche de la série télé qu’autre chose, la mise en scène est efficace et le rythme ne laisse place qu’à de très rares temps morts. En plus de cela, Otomo ajoute un peu d’émotion dans cette montagne de ferrailles avec le mysticisme autour de la femme de Takazawa-san et ce classique impérissable de vouloir coûte que coûte voir la mer avant de passer l’arme à gauche. Même l’ouverture un peu ratée sur la fin n’entache pas de jolis moments passés en compagnie d’une bande de jeunes gens au grand cœur et de grands méchants qui ne le sont pas réellement.
L'oeuvre d'Otomo le place à l'avant guarde de l'animation et ce film, même s'il n'est pas un film majeur le confirme. L'animation comme le cinéma et plus généralement la société font la part belle à des personnages beaux, jeunes, et en pleine possession de leurs moyens. Même si l'héroïne de Roujin Z et sa bande de potes remplissent ces critères, Otomo prend un peu à contrepied ce stéréotype en introduisant des personnages du troisième âge, certes diminués physiquement par le poids des années mais qui ont gardé leurs rêves et pour certains leurs capacités intellectuelles.
La réalisation est bonne sans être exceptionnelle; on retrouve la démesure graphique des mutations, le thème de la maniulation déjà vus chez Otomo.
L'histoire est bonne mais les graphismes auraient pu être un peu plus réalistes (les personnages nous rappellent un peu ceux des mangas du club Dorothée...).