Xavier Chanoine | 4 | Suite moins romanesque, mais une aventure toujours aussi plaisante. |
Ordell Robbie | 2 | Médiocre |
Astec | 2.5 | La lassitude pointe... |
La série des Musashi made in Inagaki distille ce savoureux parfum des films d'antan, des films esthétiques du milieu des années 50 alors à majorité en noir et blanc (belle période pour les Kurosawa Akira, Ozu Yasujirô et Mizoguchi Kenji, entre autre), dépeignant de manière magistrale d'un côté les chroniques sociales et familiales, et de l'autre de fabuleux films d'aventure. Musashi c'est une aventure, un conte, une légende que l'on pourrait narrer à nos enfants dans dix ans avant de les mettre au lit. J'exagère, mais cette fascinante plongée dans le Japon médiéval a de quoi émoustiller l'amateur de films de sabres à tendance romantiques et même un public plus large grâce à son univers accessible, ses personnages simples et direct, et son héros charismatique. Un héros une nouvelle fois interprété par Mifune Toshirô, toujours aussi bon, laissant de côté son cabotinage royal des Sept Samouraïs pour une prestation plus nuancée, douce et amère.
A vrai dire, la légère déception de cet opus est à mettre à l'actif d'une trame moins poussée et moins romanesque, tombant dans le larmoyant facile et l'excès de sentiments exacerbés. Le personnage d'Otsu, bien que souvent touchant et fascinant d'abnégation, finit par agacer sur la fin du fait de son attachement trop appuyé envers Musashi pour finalement le rejeter lors d'une tentative de baiser, sous prétexte parce que "ça ne se fait pas". Mais ce n'est que broutille si l'on évoque le film dans ses grandes lignes : le chemin parcouru par Musashi dans tout Kyoto est toujours aussi intéressant à suivre, fait de rencontres pittoresques avec un aiguiseur de lames de samouraïs (et exclusivement de samouraïs, pas d'assassins), un samouraï et sa lame qu'il nomme "l'étendeur", un petit gamin qui rêverait d'être son disciple, ou encore toute une palanquée de sabreurs maladroits. L'occasion de livrer quelques batailles épiques à défaut d'être chorégraphiées comme chez Kurosawa (un summum la même année avec Les Sept Samouraïs), mais le fait que les ennemis soient toujours en surnombre donne cette ampleur héroïque à Musashi, combattant parfois contre une dizaine voir quatre-vingt ennemis pour la bataille de fin.
Finalement, ce second opus de la trilogie "samouraï" de Inagaki Hiroshi est une suite à la hauteur des espérances, moins grande que La légende de Musashi, mais foutrement plaisante à suivre par son cadre formidable (paysages naturels et en studio) et son panel de personnages mystérieux (la courtisane jalouse, le frère imposteur, le moine Bouddhiste une nouvelle fois présent, etc...) qu'il est bon de découvrir et redécouvrir. Dommage qu'Inagaki n'ai continué plus longtemps, ce maître souffrant de la présence au même moment et pour le même studio d'un certain Kurosawa Akira...