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Les Anges du Boulevard
les avis de Cinemasie
1 critiques: 4/5
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3 critiques: 4.08/5
Voilà les Anges...
Le charme de ces Anges du Boulevard, c'est d'être entre deux âges du cinéma. La direction d'acteurs du film très expressive dans ses regards, la fraicheur innocente se dégageant de l'ensemble malgré la noirceur du sujet abordé, tout ceci porte la marque du cinéma muet. Chose que ne feront pas démentir certains passages silencieux du film en forme de restes de cinéma muet à l'intérieur d'un film parlant. Dans les Anges du Boulevard, on chante également beaucoup et la misère n'empêche pas de s'improviser musicien à sa fenêtre pour impressionner celle qu'on désire ou attirer le chaland. La seule règle à laquelle obéit le film de YUAN Mu-jih, c'est celle de la fraicheur.
Frais, le film l'est aussi par une énergie formelle parfois brouillonne captant l'agitation du Shanghaï des bas fonds. L'ouverture multiplie ainsi les grands angles et les plans d'enseigne comme si YUAN Mu-jih avait le film noir hollywoodien dans le rétroviseur. Mais le montage saccadé scandant l'ouverture du film, le goût du détail révélateur d'une époque n'appartiennent qu'à lui. De même que cette utilisation pas frimeuse des caméras subjectives, des superpositions d'images jouant le rôle d'allers-retours temporels ou des caméras passant de façon très brusque d'un personnage à un autre. Et lorsque la caméra se calme elle capte les regards des personnages, leurs attitudes sans chercher l'ostentation. On pourrait aussi évoquer un regard sur la prostution apparaissant certes aujourd'hui gentillet mais cru pour son époque et très en avance sur le cinéma occidental.
On pourrait reprocher au film de s'achever de manière trop abrupte mais tout ceci ne saurait masquer ce qui rend ce film unique. Avec son mélange de film noir, de cinéma social, de comédie et de drame, ses influences hollywoodiennes bien digérées, il incarne déjà le goût d'un certain cinéma populaire asiatique pour le mélange des genres, pour sa réinterprétation d'Hollywood.
Touchée par la grâce
Pour l'histoire :
Dans les bas quartiers de Shanghai, le trompettiste - et roi du déguisement et de la débrouillardise - Chen tombe amoureux de Xia Hong. Cette dernière est chanteuse dans un troquet tenu par un couple de fripouilles, obligeant également la soeur de Xia de se prostituer.
A l'aide de leurs amis, les deux jeunes amoureux parviennent à s'enfuir; bientôt réjoints par la soeur de Xia, ils seront pourtant bien vite retrouvés par les terribles patrons des deux femmes.
Chef-d'oeuvre du film classique chinois, "Street Angel" (aka "Les Anges du Boulevard") étonne aujourd'hui par sa véritable modernité et son franc parler rare dans le cinéma chinois. D'une part, rien que le premier plan est d'une force rare : un panorama descendant du haut d'un riche building vers les canivaux et les souterrains pour arrive sur les bas-fonds de Shanghai.
De nombreux mouvements de caméra démontrent une rare dynamique à une épouqe, où les machines pésaient encore bien lours et étaient par ce faît peu maniables.
Il pourrait même s'agir d'un des tous premiers karaokés, les chansons étant sous-titrés en calligraphies chinoises soit apparaissant au fur et à mésure des paroles chantées ou étant carrément accompagnées par un petit point rebondissant pour assurer la bonne prononciation au moment d'avoir à chanter la parole.
D'autre part, le sujet est assez osé pour une Chine autrement plus puritaine. La pauvreté est clairement montrée, l'amour des deux jeunes illustré par un long baiser sur la bouche et la prostitution (et le proxénétisme) abordé sans détours; même l'intervention musclé d'un policier prêt à embarquer la jeune soeur cherchant refuge ne saurait être plus être montré de nos jours de façon aussi directe.
Dans le rôle de Chen, l'acteur populaire Zhao Dan, comparable à notre Gérard Philippe, charmeur, magicien et drôle à la fois, mais sachant également très bien interprêter les moments plus dramatiques; quant à Zhou Xuan, elle est comparable à une Edith Piaf chinoise. Sa voix est magnifique et le réalisateur lui donne la part belle en lui faisant interprêter plusieurs titres au cours du film. Sa carrière s'arrêta malheureusement très tôt, après que la folie l'emporta à l'âge de trente-cinq ans; ses chanson ssont toujours aussi populaires en Chine à l'heure actuelle.
Magnifique film seulement entâché par une fin quelque peu abrupte.