L'union fait la force
Sur le papier le projet avait de quoi faire peur – et surtout faire penser à un film très proche du genre, "Sumo do, sumo don't". Finalement "Sumo…" n'a pour seul point commun le sumo.
A dire vrai, le film n'a pas beaucoup pour soi – et notamment du point de vue de la réalisation, ce qui est d'autant plus surprenant d'un réalisateur qui a déjà à son actif une bonne trentaine de longs-métrages. Le rythme est trop mou, la mise en scène plan-plan et la musique mal choisie intégrée n'importe comment à l'action en cours. Difficile également de s'habituer au cabotinage des acteurs – et notamment de tous les acteurs étrangers. Quant à l'histoire – dite inspirée d'un fait divers réel – elle n'a rien de bien extraordinaire.
Là n'est pas la force du film. La force est d'oser réunir une palanquée d'acteurs de nationalités bien différentes, souvent en conflit les uns avec les autres. Le chef du club de sumo est un émigré brésilien, et trois de ses élèves respectivement un américain blanc et noir et un kazakh (musulman). Le groupe va surmonter ses différents (l'américain blanc et le kazakh n'arrêtent pas de se chamailler entre suprématie mondiale et oppression; le groupe apprend à tolérer les habitudes alimentaires du musulman) pour unir leurs forces pour une noble cause: celui de défendre leur honneur, les intérêts d'un club et des personnes ayant crues en eux et promouvoir un sport qu'ils ont appris à connaître et respecter. Ils vont se heurter à quelques préjugés, surtout d'ordre raciaux, avant d'arriver à un certain but. Gagner – ou non – le tournoi n'a finalement plus aucune importance.
Le film est d'autant plus audacieux, que le Japon connaît actuellement un regain de nationalisme assez inquiétant et une incroyable montée d'intolérance envers (certaines communautés) les étrangers. L'armée (censée ne pas exister, malgré ce qu'en montre des films récents comme "Samurai Commando") se reconstitue; l'armement se développe à nouveau. Aborder ouvertement le sujet est tabou – ou placé sous haut risque. Finalement, il n'y a guère que des gens indépendants et assez courageux de la trempe de SATO à tenter d'attirer l'attention publique et mondiale sur ce terrible phénomène. Et d'éviter un autre "Hiroshima", comme rappelle la visite d'un des personnages au mémorial…