Body Double
Suite à son précédent (et intéressant) "Hakuchi", TEZUKA Macoto (fils de…) revient finalement à la réalisation avec une version retravaillée d'un précédent projet de court-métrage, "Black Kiss".
Pour une meilleure facilité, il s'entoure à nouveau de ses mêmes collaborateurs et acteurs, dont Odagiri Jo, Kawamura Kaori, Hashimoto Reika et Ando Masanobu. Tous ne reçoivent qu'un scripte approximatif de l'histoire dans son ensemble, ce qui leur exige de largement improviser sur le tournage du film. Personne ne connaît la fin – et à voir le dénouement totalement raté, il est fort probable que TEZUKA lui-même n'en ait jamais eu la moindre idée jusqu'à al veille du tournage.
Ce postulat intéressant aurait pu donner lieu à un exercice stylistique intéressant, comme celui des films plus "indépendants" de l'américain Steven Soderbergh: malheureusement, il n'influence en rien le déroulement de l'intrigue. Pire: le jeu de la plupart des acteurs est singulièrement effacé et des personnages comme ceux de Odagiri ou Ando totalement sacrifiés.
"Black Kiss" ne marque des points que dans ses magnifiques décors, jeux de lumières et instauration d'une atmosphère certaine. TEZUKA est un visionnaire et serait sans aucun doute un chef-opérateur et décoriste émérite. Puisant ses influences autant dans le giallo italien (meurtres sanguinolents, jeux de lumières, mains gantées de noir du coupable), que chez de Palma (Body Double) ou Hitchcock (le club où travaille Kazumi s'appelle "Vertigo"; le lieu du premier crime est le "Bat( e )s Motel" et Asuka observe l'un des crimes à la manière d'un "Fenêtre sur cour", …), TEZUKA réussit à captiver pendant les trois quarts du film. En revanche, il est loin d'être un réalisateur et scénariste remarquable. La faute à une mise en scène trop clinquante, un rythme inégal, des trop nombreuses pistes abandonnées et intrigues parallèles inutiles, en somme que des défauts découlant d'un scénario mal maîtrisé.
Car si l'enquête particulièrement graphique sur des meurtres commis selon un certain rituel vaudou a de quoi fasciner, le dénouement n'en est que plus décevant. Solution totalement tirée par les cheveux (même pour un film "de genre"), il remet quasiment en cause tout ce qui a précédé et clôt l'enquête sur une touche "Z" des moins inspirées. Un peu à l'image d'un "Another Heaven", sans que rien ne préparait aux dernières cinq minutes.
