Voleur de pellicule
Le réalisateur jadis tenu pour hyper hype (Samurai Fiction) NAKANO Hiroyuki est enfin de retour derrière la camera après un hiatus de près de sept ans en grande partie expliqué par les couteux échecs de ses "Stereo Future" et "Red Shadow". Entretemps, il aura réalisé de séquences pour des machines "patchinko" dédiés aux "Sept Samurais"…une expérience qui lui a apparemment donné l'envie de se plonger dans un autre classique de Kurosawa, "Rashomon" en réadaptant à son tour la courte nouvelle "In the grove" d'Akutagawa Ryunosuke, une histoire commentée par différents protagonistes.
Soit un jeune homme, qui est assommé par un bandit, qui va violer sa meilleure amie…Ce fait ne va constituer finalement qu'une infime partie d'une intrigue beaucoup plus large et complexe, mais avoir son importance par la suite, lorsque le personnage principal va entendre différentes versions de ce qui s'est réellement passé.
En attendant, il aura réussi à tuer le grand Tajomaru et à endosser son identité pour perpétuer son nom de légende, finalement incarné par tous pleins de personnes différentes au cours de l'histoire.
Le début du film fait craindre un très mauvais soap avec intrigues et complots dans des couloirs faits de carton-pâte et dialogues délivrés par des acteurs très peu concernés (dont le fadasse Oguri Shun). Arrive finalement l'épisode charnier au bout d'une bonne demi-heure d'ennui avec un Tajomaru survolté et cabotin, habillé du plus mauvais goût par des costumiers, qui avaient visiblement pour mot d'ordre de refaire le coup du "samurai eiga" mouliné à la sauce Nakano – sauf que ça a fait son temps et que Nakano est loin de disposer des mêmes moyens que sur ses anciennes œuvres pour donner entière vie à ses visions.
Le film bouscule ensuite dans le film potache de bandits avec Oguri, qui devient un guerrier très, trè-s, très peu charismatique et qui se fait épauler par une flopée d'acteurs extrêmement cabotins…On vire vers le dorama djeunz très peu intéressant.
Seule la toute dernière partie prend un peu d'intérêt, lorsque les deux amants réunis basculent dans un monde de folie, un enfer personnel as bien éloigné de celui du cultissime "Jigoku" (version Nakagawa, merci); mais là encore, le manque de budget flagrant ne permet pas à Nakano de ressusciter son vieux talent et l'intrigue ultra manichéenne continue à maintenir un ennui à peine poli.
Grosse, grosse déception donc pour ce retour en toute petite forme de Nakano, qui peine à renouer avec le génie de ses premières heures…Privé de forme, son manque de fond devient tout d'un coup d'autant plus visible.