Mignon, mignonnes, mais sans plus
Il y a deux manières de prendre ce film : pour ce qu'il est et pour ce qu'il représente. Dans ce dernier cas, Take Care of My Cat est un évènement, car il est réalisé par un femme et parle librement de cinq jeunes filles modernes, dans un pays réputé pour son archaïsme vis à vis des femmes. L’autre film récent sur le sujet, tout aussi attachant, Girl's Night Out , réalisé par un homme, ne donnait pas un point de vue très différent, mais il y a dans Take Care of My Cat des petits détails qui ne trompent pas. La scène d'anniversaire, ou les copines se bourrent la gueule et parlent des "mecs", est bien une nouveauté dans le cinéma coréen.
Le film est de facture très classique, à part une idée originale : lorsque les filles s'écrivent des SMS par portables (toutes les dix minutes), ou lorsque l'une d'elle tape à la machine, le texte s'affiche à côté sur l'écran, en géant, donnant ainsi à l'écrit une force supérieure à l'oral. Il est vrai que ça ne parle pas beaucoup ici, même entre filles, comme dans tout film coréen. Le fait de se refiler le chat devient un moyen d’expression. De même, le film ne peut s’empêcher de verser dans les deux tendances du cinéma coréen, la sensiblerie et le mélo (la maison des parents qui brûle), avec plus ou moins de finesse. Bref, si on aime la Corée, jusque dans ses défauts, Take Care of My Cat est à voir.
Après, il faut imaginer exactement le même film en France avec de jeunes françaises : on a déjà vu les trois quarts du film dix fois, et à part cette boulimie du portable qui ne fait que commencer chez nous, les jeunes coréennes ont les mêmes problèmes que nos copines, et parfois, on s’en fout un peu…
Regards sur la jeunesse
Cinq amies sortant du lycée, sans avenir particulier se trouvent plus ou moins malgré elles confrontées aux nécessités quotidiennes. On retrouve celle qui va miser sur son ambition professionnelle, celle qui étouffe dans sa vie et rêve de prendre le large, les deux soeurs débrouillardes et celle qui n'arrive à se raccrocher à rien. Le film suit leurs parcours individuels et communs, l'incompréhension, la jalousie. Et ce chat trouvé par hasard qui devait être un cadeau va devenir en passant de mains en mains le témoin de l'incommunicabilité, de la rupture. Avec un tel scénario, la mise en scène réussit cependant à être assez légère, la caméra ne s'apeusentit sur les moments de pathos, une simple touche suffit pour rendre le climat palpable. C'est peut-être là le meilleur coté du film. Car sur le fond, le propos semble un peu "hors-sujet", la mentalité des jeunes filles apparaît comme beaucoup occidentale et finit par mettre en échec l'aspect "instantané de la vie quotidienne" que le film veut donner. L'histoire telle qu'elle serait parfaitement transposable en Europe ou ailleurs. Mis à part ce détail, le film passe sans problème même s'il ne laisse pas en mémoire de vrais moments forts.
01 janvier 2005
par
jeffy
Un film intéressant mais parfois bancal
Les films sur la jeunesse est presque un genre à part entière, et ce dans tous les cinémas du monde. Jung Jae-Eun a aussi décidé de faire son film de "jeunes" mais à sa façon: le groupe que l'on suit est uniquement composé de filles et toute scène de sexe a été évacuée car elle pense que c'est plus proche de la réalité
Take Care Of My Cat s'ouvre sur la fin des études de ces cinq copines et qui marque un tournant de leur vie, leur passage à l'âge adulte. On ne s'attardera pas beaucoup sur les personnages deux soeurs jumelles car elles représentent juste la norme, n'ont aucun problème. On retrouve avec plaisir Bae Doo-Na dans le rôle classique de la fille écrasée sous le poids des décisions de vie de ses parents et qui devra s'abolir de leur autorité. Une donnée intéressante du film ets qu'il se passe à Inchon, la banlieue quelque peu sale et pauvre de Séoul: c'est de cet environnement que cherche à se dégager Lee Yo-Won qui est la plus ambitieuse du groupe mais le léger hic avec son personnage est que tout est fait pour nous le rendre antipathique, une partialité qui nuit au réalisme du film. Cette tendance manichéenne du film se confirme avec la jeune et débutante Ok Ji-Young
qui a l'inverse, hérite d'un rôle à la Cosette: ses parents sont morts, elle n'a pas de boulot et vis avec ses grand-parents dans un logement insalubre limite bidonville. Durant sa première heure, le film aborde ce groupe de manière plus ou moins "documentaire", sans trop de dramatisation mais où les dissensions se font de plus en plus présentes. Mais c'est dans sa deuxième heure qu'on risque d'accrocher ou de décrocher complètement du film lorsqu'il en vient à une sur-dramatisation du récit très exagéré et qui dénote quelque peu de l'ambition de départ de la réalisatrice.
Par contre, le film évite en même temps les effets type "violons" et arrive à garder une certaine unité malgré le changement de sa ligne narrative. Ce sentiment d'unité vient en partie de la très bonne musique easy-listening composée par M&F qui apporte vraiment des moments uniques au film et lui crée sa véritable identité. L'un des bons point aussi, c'est l'affichage des SMS ou des écrits dans les coins de l'écran qui apporte une certaine touche quelque peu fantaisiste mais agréable. Tant qu'à parler de GSM et cie, il faut aussi tenir compte que la réalisatrice veut montrer les filles d'aujourd'hui et donc, ça inclue une bonne dose de scènes où la superficialité des filles est mis en scène via des moments de shopping, etc qui peuvent très vite commencer à énerver le spectateur(mais heureusement, on n'en est pas au niveau de la bêtise d'un film comme Afrika).Personnellement, je suis un peu mitigé sur ce film car il y'a autant de bons que de mauvais aspects auquels je rajouterais une certaine lenteur niveau rythme(mais ça c'est presque commun à tous les films coréens) et qu'on appréciera suivant l'humeur du moment.
17 juillet 2002
par
Alain
Mignon, peut-être? amusant, parfois... inutile? pourquoi pas.
Les films intimistes, sociaux voire féminins ont deux voies à prendre: soit la voie de la canonisation parce qu'ils auront, à grand renforts de casting supérieur et de scénario supérieurement intelligent, dit quelque chose de nouveau; soit la voie du rien du tout, car ils n'auront rien fait des choses formidables citées plus haut. "Take Care..." a visiblement pris la seconde voie.
"Take Care..." ressemble à un film français. Il s'est débarassé de tout ce qui fait du cinéma coréen quelque chose de supérieur en matière de films intimistes (réalisation belle, lente et ample, retenue symbolique et expressionisme ambigu) pour se lancer à corps perdu dans un constat crasseux, lénifiant et à peine rythmée de la vie plutôt chiante de cinq jeunes femmes. Bon évidemment, marquée par de jolies pierres, comme dans la vie; mais plombée par une caméra naïve.
Tout d'abord, les personnages ne sont pas terriblement écrits, soit caricaturaux (les deux soeurs jumelles devraient faire école, l'autiste petite vendeuse de marron itou) soit fadement originaux (l'apprentie OL n'a d'intéressant que sa relation sous-employée avec son boy); ça ressemble à du Klapisch en moins bien écrit, c'est dire si ça commence mal. Et elles vivent, et elles vivent... le tout tournant sans grande originalité si ce n'est celle de l'idée de départ, autour d'un chat. Qui fait miaou. Pendant tout le film.
Quelle belle métaphore du passage à l'âge adulte et du poids de la société sur la jeunesse en mal de responsabilités, que ce chat passant dans toutes les mains! quelle poésie! bon allez, j'exagère un peu: c'est joli. C'est d'ailleurs le seul truc sympa du film; parce que artistiquement, mis à part le concept des SMS apparaissant en grand dans le cadre, sur lequel la réalisatrice se br... bien. Le mot a été dit! "réalisatrice". Sans avoir rien lu sur le film, en me tapant ce dernier plan du film, sur un avion décollant au ralenti sous le soleil couchant, je me suis dit "okay c'est une nana qui réalise". Etait-ce si frappant?
Son intention, comme il a été dit dans une autre critique, est bonne: oui, la Corée a encore du chemin à faire au niveau émancipation féminine. Mais la copie fait preuve d'un manque flagrant d'idées. C'est ça, votre ambassadrice?
Le tout est heureusement sauvé par une pléyiade d'actrices mimis et justes, se donnant comme il faut dans un film en lequel elles croient fort, visiblement. Et si elles ne sont pas exceptionnelles, elles sont déjà, dans leurs interprétations touchantes, des oasis dans ce désert de platitude.
En clair, "Take Care Of My Cat" a de l'ambition mais pas de grands moyens, ni techniques ni intellectuels. Du coup, il s'approcherait, sans ses actrices et un aspect attachant, de ce qui peut arriver de pire à un film: l'inutilité. Là, ça reste potable.