Aussi beau qu'une peinture
A l’origine l’histoire de Tarô, tirée d’un conte faisant référence aux récits anciens de l’introduction du riz au Japon, est un projet que désirait réaliser Takahata Isao mais qui ne verra le jour qu’à la fin des 70’s. Sans mésestimer le travail du réalisateur Urayama Kirirô dont ce sera là l’unique film d’animation, on n’ose imaginer ce qu’aurait donné ce projet dans les mains de Takahata. Un des thèmes de l’histoire, la communauté (ici à un stade agraire primaire) et le partage du travail ainsi que la valeur métaphorique du destin de la mère de Tarô, auraient d’ailleurs très bien pu convenir à un film du réalisateur de Horus...
Qu’à cela ne tienne, ses compagnons de route restés un peu plus longtemps au sein des studios Toeï se chargent de compenser le manque de ses talents de metteur en scène (ce qui ne veut pas dire que la mise en scène soit bâclée, le récit demeure tout de même captivant) par une direction de l’animation irréprochable et un design - le bestiaire de démons typiquement japonais- ainsi qu’une direction artistique inspirée – le choix d’un rendu classique de peinture pour les décors - donnant toute sa dimension mythologique à l’histoire. Rien que sur le plan formel Tarô est un régal permanent pour les yeux, sa « touche » peinture traditionnelle lui conférant une dimension indémodable et faisant de ce long métrage la dernière grande œuvre animée – en référence à « l’âge d’or » - à sortir des studios Toeï. On ne retrouvera du reste l’association Kotabe/Okuyama (mari et femme dans le « civil ») à l’animation que vingt ans plus tard, à l’occasion du film collectif composés de courts Jours d’Hiver : dans leur segment réalisé en commun on y retrouve une femme, dessinée dans un style très latin et plutôt charnue ("à la Renoir" dixit Okuyama Reiko) - qui jure avec le style graphique des autres personnages - ressemblant fortement à la mère de Tarô dans sa forme humaine... Une oeuvre à (re)découvrir.
18 février 2004
par
Astec