A boulet in the head
(Vu la version director's Cut 2010)
Depuis le temps, qu'il avait annoncé son désir de donner une nouvelle suite à la franchise, qui l'a lancé, on ne croyait plus guère à sa réalisation…mais voilà, que Tsukamoto donne enfin chair à son "Tetsuo 3", bien loin pourtant du "Flying Tetsuo in USA" longtemps annoncé.
Au lieu de clea, on se retrouve avec un nouveau remake à peine déguisé de ses deux premiers, qui cherche juste à insuffler un nouveau message. Après la symbolique de la nature dévastatrice de l'homme, puis du culte du corps pour en faire une arme meurtrière, Tsukamoto devient plus cérébral en se contentant finalement de répéter, ce qu'il n'arrête plus de nous matéler depuis son "Haze" en passant par ses deux "Nightmare Detective". Pas étonnant, qu'il s'octroye une nouvelle fois du mec suicidaie, qui va littéralement se prendre la tête et chercher à mettre fin à sa vie dans les pires souffrances. Un corps, qui se retourne finalement contre nous; l'esprit qui tente d'annihilier l'enveloppe charnelle.
Comme dans ses précédénts, le message est assez fort, le film sujet aux nombreuses interprétations…une qualité d'autant plus fascinante, que ce long est une fois de plus constitué de longues séquences sans queue ni tête, où des hommes se transforment en objets métalliques, où l'on fonce à toute allure dans d'étroits couloirs et larges espaces urbains et où deux hommes se foutent sur la tranche sans jamais venir au bout d'un combat aussi vain, qu'inutile.
Outre le fait d'agacer un tout petit peu dans sa répétition, on voit mal cette volonté de créer un semblant de "légende" dans une séquence directement reprise de nombreux jeux vidéo du type "Resident Evil" avec la découverte d'un carnet, qui fait office d'un projet militaire classé top secret…Ouaiche…Cette séquence n'est pas aidé par un sur plein de citations en voix off anglaise – tout comme cet épouvantable casting s'exprimant dans un anglais, qui sied finalement très peu (allez savoir) à la franchise. Au moins sait-on maintenant, que Tsukamoto est capable de s'exprimer – de manière basique – dans la langue de Shakespeare.
En tant qu'œuvre cinématographique, "Tetsuo 3" n'apporte que peu de nouveautés; en tant qu'expérience prise dans son ensemble, il s'agit d'un projet artistique plutôt osé, qui réussit par une simple petite touche de donner un tout nouveau sens à une œuvre déjà vue. Un peu comme regarder un tableau de peinture, qui changerait de sens selon l'angle de vue que l'on adopterait…
sur le cul (et heureux)
J'en avais sans doute espéré davantage quand à la réappropriation de Tetsuo à travers les thématiques apparues récement dans la filmo de Tsukamoto. Le premier montage, significativement plus long et probablement plus mou, était-il plus fouillé à ce niveau ? En l'état, la transposition de Iron Man et Body Hammer ne me semble pas révolutionnaire, pas à la mesure de l'évolution de Tsukamoto. Bullet Man donne alors l'impression, sur certains points en tout cas, d'un retour en arrière.
A moins que ce ne soit ma faute, car j'avoue ne pas trop m'être acharné à décrypter l'engrish, préférant me laisser porter par les images.
Sur ce dernier point Bullet Man est absolument monstrueux. Et pour le coup parfaitement dans la lignée de ces derniers films : j'ai beaucoup pensé à Vital ou Nightmare Detective 2, mais avec en plus cette part d'animalité surgie du fond des âges (20 ans ^^) qui colle au siège. C'est moins foutrak que le film original, moins "bouillonnant" peut-être, mais toujours aussi puissant (rien que la scène d'intro avec la voiture, j'étais pétrifié), avec notamment un travail sonore absolument terrifiant. Et, dans la veine des films plus posés de Tsukamoto, c'est vraiment beau.
Ainsi, si sur le fond je ne saurais trop dire si Bullet Man est pertinent ou pas, du point de vue formel la réussite est totale, parfaite synthèse entre la frénésie originelle et la maitrise actuelle du cinéaste.
08 juillet 2010
par
Epikt
L'Incroyable Tetsuo
1985 ; Le jeune Shin'ya Tsukamoto tourne depuis plusieurs années en Super-8 (dont un long-métrage de 2h30), mais depuis quelques temps, il se prend de passion pour le théatre contemporain avec sa troupe
Kaijyu Theater. Pour son premier vrai film d'initiation (il gagne sa vie en tournant des pubs), il reprend des éléments du
gekiga Akira avec un salary-man se transformant en amas de metal. Le film s'appelle
Phantom of the Regular Size et il est marqué par une bande-son composée de Public Image Limited (le groupe indus de John Lydon) et surtout les Throbbing Gristle (raison selon Dionnet qui fait que le film ne sera jamais montré officiellement). Ce film est la Matrice de tout le futur cinéma de Tsukamoto. Il tournera l'an suivant un
tokusatsu gothique avec
Les Aventures de Denchu Kozô où l'on suit un jeune homme vivant avec un poteau sur le dos qui affronte des vampires... Une bonne idée du cinéma taré et libre de Tsukamoto.
1989 ; Pour son premier film tourné en 16mm (et en Noir&Blanc alors que
Phantom fût tourné Super-8, mais en couleur), Tsukamoto décide de remaker son
Phantom of the Regular Size. Traumatisé comme tout un chacun par l'apocalyptique
Akira, réalisé par son auteur Katsuhiro Otomo, il décide de baptiser son film
Tetsuo the Iron Man et de prendre le même point de départ pour la même ligne d'arrivé (un personnage est victime d'un accident de la route et finit par devenir un blob de chair et de métal qui provoque une grand destruction). Tsukamoto va même jusqu'à lui donner comme titre de travail "
Projet N°41" du numéro de mutant de Tetsuo. Le tournage se fera sur 18 mois (Tsukamoto tourne le film à la suite de
Denchu Kozô). Il y perdra ses amis (dont l'actrice Kei Fujiwara), ses techniciens (excédés de faire du bénévolat), sa maison, mais y gagnera un statut déjà culte pour un moyen-métrage (le film ne dure qu'à peine une heure) et un univers cinématographique en perpétuel mouvement...
1991 ; Après le bide commercial de sa première production mainstream,
Hiroko the Gobelin, Tsukamoto y voit malgré tout l'apprentissage de son métier et surtout y gagne ce qu'il avait perdu sur
Tetsuo the Iron Man ; une équipe technique cette fois professionnelle et fidéle ! Il décide de refaire un nouveau Tetsuo, en 35mm, en couleur et en plus pro', ce sera
Tetsuo II : The Body Hammer. Ce film l'installera àn l'internationnal comme une valeur sûr du Nouveau Cnéma Japonais.
1996 ; Quentin Tarantino, qui n'a pas encore réalisé son chef d'oeuvre absolu
Jackie Brown, souhaite (en plus de son
Vegas Brothers - prequelle de
Reservoir Dogs et
Pulp Fiction réunis) faire un remake americain des deux
Tetsuo. Le projet s'appelle
Flying Tetsuo, car à la fin, l'homme-machine s'envolerait pour d'abord affronter sa némésis puis pour détruire New-York. Mais Tsukamoto est déstabilisé par l'enthousiasme du jeune Wonder-Boy d'Hollywood qui, selon lui, cacherait une profonde envie de s'accaparer le projet. Finalement, Tsukamoto annonce clairement que
Flying Testuo ne verra jamais le jour, en tout cas, jamais avec Tarantino.
2009 ; Après
Nightmare Detective 2 qui l'a réconciller avec ses fans de la première heure, Tsukamoto annonce un film du nom de "
The Bullet Man" et qui marquerait son grand retour dans le Cyberpunk. Finalement, quel est pas la surprise des fans quand Tsukamoto annonce finalement que son prochain film sera bien un
Tetsuo III, qu'il sera bien tourné en anglais, qu'il y aura Nine Inch Nails sur la Bande-Originale, et surtout, sans Tarantino ! Le film est donc extrêmement attendu. Finalement, à sa présentation à Berlin, le film reçoit une volée de bois-verts à cause d'un cadrage qui bouge dans tous les sens. Tsukamoto remontera finalement son nouvel opus en lui retirant plus d'une demi-heure.
Maintenant, le résultat définitif ;
Tetsuo the Bullet Man est un film qui sent le Cyberpunk, qui le suinte. Le film raconte la terrible descente aux enfers d'Anthony (joué par le danseur américian de
Butô, Eric Bossick, impressionnant de présence, de charisme et de préstense), un jeune salary-man américain par son père (joué par le critique français nippophile Stéphen Sarrazin) et japonais par sa mère, qui assiste impuissant au meurtre de son fils, un meurtre qui aura un effet révélateur et psychosomatiue sur lui. On y trouve des réminéscenses (en mieux) du
Hulk d'Ang Lee et (en plus évident) d'
Evangelion avec cette thématique du père qui sacrifie son propre fils pour le bien de la science. Mais c'est surtout Cronenberg, notamment
La Mouche qui en ressort avec cette amour tragique entre un homme et sa femme qui ravivent la flamme dans la douleur et la tragédie (la scène où Yuriko lui retire le surplus de métaux est absolument magnifique). Plus le film avance, et plus le film de super-héros tragique se fait littéralement forme jusqu'à un affontement final d'une grande puissance. En tout cas, jamais un générique de fin n'aura autant ému l'auteur de ces lignes que l'instru' de NIN, on ne peut se dire qu'une seule chose ; ENFIN !!!
Et une seule conclusion nous vient à l'esprit (evidente pour quiconque aura vu le film) ; Tsukamoto doit réaliser l'adaptation live d'
Akira !